Chapitre 36 : Oublie-moi.

277 26 68
                                    

Point de vue de Billy.

Une fois arrivé chez moi, je m'enferme dans ma chambre. Je suis incapable de me regarder dans un miroir après ce que je viens de faire. J'ai giflé la femme que je voulais tant protégée. J'ai été incontrôlable et je l'ai brisée. J'ai fait tout ce que je voulais éviter de faire. Je ne me suis jamais autant détesté de toute ma vie. J'aurais dû l'éloigner pendant que je le pouvais encore. Je savais que ça finirait mal, qu'elle méritait beaucoup mieux et maintenant j'ai tout détruit. Il faut à tout prix que je m'éloigne d'elle, définitivement.
J'irais chez elle demain, je ne sais pas encore comment je vais faire, mais malheureusement, je vais devoir lui faire du mal encore une fois, je vais devoir lui faire croire que j'ai joué avec elle depuis le début. Je n'ai pas le choix, sinon elle risque de vouloir rester près de moi, et c'est hors de question.

Mardi 06 novembre 1984.

Point de vue de Caitlin.

Je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'ai fait que de repenser à Hunter et à ce qu'il m'a fait. Puis à Billy... Il n'a même pas cherché à s'excuser alors qu'il a très bien vu l'état quand lequel j'étais. Je suis brisée, comme je ne l'ai jamais été. Mes yeux sont rouges et gonflés, tout comme ma joue.
Malgré tout ça, Elfe a fermé le portail. On en a fini avec le monde à l'envers et tous ces monstres. Will va beaucoup mieux, mais il aura toujours des séquelles.
C'est Elfe qui m'a raconté tout ça, ce matin, quand elle m'a appelé. Je n'ai rien dit pour ce qu'il s'est passé hier, je n'ai pas envie d'en parler.

— « Caitlin, descends ! Il y a quelqu'un pour toi. Avec ton père on part faire des courses.
— J'arrive maman. »

J'essaie d'arranger mon visage du mieux que je peux, mais c'est une catastrophe. Heureusement, j'ai les cheveux longs, cela m'aide à camoufler mes cernes et ma joue enflée. Je descends et m'arrête net au milieu des escaliers quand j'aperçois Billy. Je suis mélangée entre la peur et la colère. Je n'arrive plus à bouger.

— « Tu n'as rien à faire ici... Lui dis-je.
— Je sais. Mais il faut qu'on parle. »

Sa voix est grave et très repoussante. Il me parle très froidement et pendant 1 seconde, j'ai pensé que c'était moi la fautive. Je prends une grande inspiration et me force à descendre les escaliers. On se retrouve dans mon salon, mais je garde mes distances le plus possible.

— « Tu as de la chance que j'accepte de te voir après ce que tu m'as fait. Lançais-je.
— Si tu ne t'étais pas mise entre nous, rien de tout ça ne serait arrivé.
— Ah parce que maintenant ça va être ma faute ?!
— Tu n'aurais jamais dû me mentir.
— Te mentir ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?
— Tu sais très bien ce qu'il se passe avec mon père. Et toi, tu participes à la fugue de Maxine, et avec Steve en plus. Et vous faisiez je ne sais quoi, avec tout ton p'tit groupe là, tu t'es bien foutu d'ma gueule.
— Je n'étais pas au courant pour Max ! Elle a débarqué, je n'y attendais pas. J'ai voulu la ramener chez elle, mais il y a eu... D'autres problèmes et je n'ai pas de compte à te rendre ! Dans tous les cas, tu n'as pas à retourner la situation contre moi. C'est toi qui as merdé, c'est toi qui m'as frappé, je te rappelle.
— Je t'ai juste giflé, détends-toi.
— Comment tu... Comment tu peux oser me dire ça ? Tu n'es qu'un pauvre con... Steve avait bien raison. Lui dis-je les larmes aux yeux.
— Ah ton p'tit Steve hein, tu ferais quoi sans lui ? Tu es faible. Depuis le début je joue avec toi, mais tu n'as rien remarqué parce que tu es trop naïve.
— Arrête Billy... Tu ne penses pas ce que tu dis.
— Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie.
— Je pensais vraiment que tu venais pour t'excuser, mais apparemment, ce n'est pas dans tes intentions.
— M'excuser ? Tu rêves. J'en ai marre de toi, je t'avais dit de ne pas creuser dans ma vie, mais tu l'as quand même fait alors tu en paies juste les conséquences. Je t'avais prévenu.
— Tu ne peux pas me sortir des choses comme ça après tout ce que j'ai fait pour toi !
— Tout ce que tu as fait pour moi ? Laisse-moi rire ! Tu m'as pourri la vie, tu as empiré les problèmes que j'avais déjà. Peut-être que cette gifle tu la méritais finalement.
— Tu es... Comme ton père. »

Il a commencé à s'approcher de moi rapidement et j'ai levé les bras instinctivement, comme pour me défendre. — « Ne t'approche pas de moi. Dégage. Je ne veux plus te voir. Je te déteste. Affirmais-je.

— Pauvre conne. Tu ne sers à rien. Je ne veux plus jamais entendre parler de toi. Oublie-moi. »

Il partait en me lançant le regard le plus noir que je n'ai jamais vu et je m'écroulais. J'étais rempli de rage et de déception. Je pensais qu'il allait s'excuser, je le pensais vraiment. Mais il ne faisait que jouer avec moi, depuis le début. Il n'a jamais été sincère, il n'a jamais eu d'affection pour moi et comme une conne, je suis tombée amoureuse de lui.
J'étais tellement dégoutée et brisée que j'avais eu la nausée, au point de devoir aller vomir. Je devrais être apeurée et le détester, mais je savais qu'au fond de moi, je continuerais à l'aimer et qu'il me faudrait du temps, beaucoup de temps.

Point de vue de Billy.

J'ai été tellement odieux avec elle, cela m'a anéanti de lui dire toutes ces choses horribles, mais quel choix j'avais ? Il fallait qu'elle me déteste. Il faut qu'elle me déteste pour que je ne lui fasse plus de mal. Et quand elle m'a dit que j'étais comme mon père, j'ai eu tellement mal, mais ce qui m'a le plus brisé, c'est son regard quand j'ai voulu m'approcher d'elle. Toute l'affection et le respect qu'elle avait pour moi s'étaient transformés en peur et en haine. Mon cœur s'est déchiré, il n'y a plus de retour en arrière et je n'ai même plus envie de vivre.
Sans m'en rendre compte, j'appuie de plus en plus sur l'accélérateur de ma voiture, je n'ai qu'une envie, disparaître. Mais je reviens à la raison et freine d'un seul coup. Je me mets à frapper tout ce qui m'entoure et je pleure de rage. J'ai tout gâché, tout détruit encore une fois. J'ai perdu la seule femme que j'aimais et qui me donnait le peu de bonheur dont j'avais besoin. Je suis un monstre, je me déteste.
Pourquoi il faut toujours que je brise les personnes qui tiennent à moi ? Ma mère, Caitlin... Il va falloir que je l'oublie, que j'oublie mes sentiments pour elle. Elle mérite mieux, elle mérite tellement mieux, mais bordel je l'aime tellement.

Point de vue de Caitlin.

Les mots de Billy m'ont littéralement déchiré l'âme. Je ne ressens plus rien à part de la colère. Je ne peux pas croire que je lui ai laissé l'occasion de me détruire. Je regrette d'être entré dans sa vie, j'aurais dû continuer à le détester, j'aurais dû écouter Steve et surtout, j'aurais dû protéger mon cœur.
Je ressens tellement de choses négatives. La gifle, Hunter, Billy... C'est beaucoup trop, je n'arrive pas à gérer toute cette souffrance, le seul moyen que j'ai pour me soulager c'est de me faire du mal physiquement pour faire taire toutes ces émotions et la seule chose que j'ai trouvée, c'est une lame de rasoir, dans ma salle de bain.
Je me suis déchaînée sur mes bras en priant pour que cette foutue lame me coupe une veine et que je puisse enfin disparaître et être en paix.
Les entailles sont profondes, le sang coule à flots, mais je ne ressens rien. Je ne ressens même pas la douleur, je suis persuadée de la mériter et les larmes ne cessent de couler.
J'entends mes parents rentrer, ce qui me fait revenir à la raison et rapidement j'essaie de nettoyer le sang et mes bras. Je sèche mes larmes et cours dans ma chambre. J'ai besoin d'être seule.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant