Chapitre 19 : L'appel de Max.

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J'étais remonté dans ma chambre et mon téléphone se mit à sonner : il est 20h30, qui peut bien m'appeler à cette heure-là ? Je décroche.

— « Allo ?
— Caitlin ? C'est Max.
— Max ? Tout va bien ? Dis-je un peu surprise.
— J'ai trouvé ton numéro dans les affaires de Billy, j'ai besoin de toi. Me dit-elle inquiète.
— Max tu me fais peur, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je ne sais pas pourquoi je t'appelle toi, mais tu as l'air d'être proche de Billy en ce moment et... Il s'est disputé avec Neil, son père. Il a quitté la maison, sans sa voiture, je ne sais pas où il est. Il va me tuer s'il sait que je t'ai appelé, mais je ne sais vraiment pas quoi faire.
— Je sais que Neil est violent avec lui. Je vais le retrouver, ne t'en fais pas.
— Comment ?
— Fais-moi confiance. Je le trouverais. Je peux te rappeler plus tard dans la soirée ?
— Je ne pense pas, Neil va sûrement s'énerver. Appelle-moi seulement s'il y a un problème et que tu ne retrouves pas Billy. Je vais te donner mon numéro, tu as de quoi écrire ?
— Oui ! »

Je notais son numéro et on raccrochait. Je sais comment je vais le trouver, grâce à mes pouvoirs de visualisation. Elfe m'a appris à m'en servir. Je m'assieds sur mon lit, allume la radio sur une certaine fréquence pour avoir un bruit blanc puis, je place un bandeau sur mes yeux. Je peux voir beaucoup de choses comme ça, comme si je voyageais sans bouger.
Je l'ai trouvé ! Il est dans un parc, pas très loin d'ici. Il est adossé contre un muret et il ne semble pas bien du tout effectivement. Je retire immédiatement mon bandeau et éteins la radio. Je préviens mes parents que je dois sortir, car une amie a besoin de moi, ils me font confiance alors je peux sortir le soir. Je prends ma voiture, il fait déjà noir et très froid.
Quand j'arrive au fameux parc, il est déjà presque 21h. Je trouve rapidement Billy, il est de dos, il ne m'a pas entendu arriver, je pose ma main sur son épaule.

— « Billy ? Dis-je doucement. »

Il se retourne d'un coup, surpris et il me fixe pendant quelques secondes. D'après ce que je vois, son père l'a encore bien amoché. Je pense qu'il a dû pleurer, ses yeux brillent.

— « Qu'est-ce que tu fous là ?! Me demande-t-il, sur la défensive.
— Peu importe, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Rien Caitlin ! Il ne s'est rien passé. Rentre chez toi. Me répondait-il d'une voix sèche. »

Je commence à avoir l'habitude de son comportement, mais je ne vais pas le laisser comme ça. Il baisse la tête et je m'approche de lui, en essayant de poser ma main sur sa joue, mais il m'attrape violemment le poignet pour m'en empêcher.

— « Tu me fais mal, lâche-moi. M'écriais-je.
— Désolé, excuse-moi. Répondait-il en me lâchant. »

Il avait l'air complètement perdu. Je pense que ce geste était juste un réflexe pour se protéger. Il se tournait, dos à moi et il posait ses mains sur le petit mur. Je décide de poser une seconde fois ma main sur son épaule.

— « Parle-moi... Soupirais-je.
— Ce n'est rien ok. C'est juste que mon père a bu et qu'il m'a encore frappé. J'ai l'habitude, tu n'avais pas besoin de te déplacer. Et comment tu as su d'ailleurs ?
— Max m'a appelé, apparemment tu n'as pas l'habitude de partir de chez toi, surtout sans ta voiture.
— Max ?! Putain, elle me fait chier, elle ne peut pas s'occuper de ses affaires !
— Elle était juste inquiète. Calme-toi, je suis là. »

Il s'asseyait sur le muret et je m'asseyais également près de lui. Il posait sa tête sur mon épaule et il se mettait à pleurer à chaudes larmes, je déteste le voir comme ça, et je hais son père plus que tout. Je pose ma main sur la sienne le temps qu'il se calme et quelques minutes après, il se dégageait de moi. Il avait l'air assez gêné.
Je sais qu'il n'aime pas que je le voie comme ça, mais je veux juste l'aider, et j'aimerais qu'il me fasse confiance.

— « Tu veux que je te ramène chez toi ? Demandais-je pour briser le silence.
— Je préfère dormir dehors.
— Tu n'es pas possible. Écoute, vient dormir chez moi ce soir.
— Quoi ?
— Allez, viens avec moi. »

Je lui tendais la main, il me fixait puis il se décidait à l'attraper en levant les yeux au ciel.
Le trajet en voiture paraissait si long vu le silence qui résonnait, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Il a 17 ans, s'il subit des violences depuis petit, il doit se sentir si mal à l'intérieur et il essaie de cacher tout cela en prenant involontairement le chemin de son père.
Il a le coude contre la fenêtre, sa tête est posée sur sa main et il regarde dehors. Je décide de poser ma main sur celle qu'il a de libre. Il sort de ses pensées, me regarde, puis se remet à contempler le paysage sombre du soir.
J'aurais été prête à parier qu'il aurait retiré sa main de la mienne, mais à ma plus grande surprise, il a entremêlé ses doigts dans les miens.
Arrivés devant chez moi, on sort de la voiture et on marche vers la porte. J'ai vraiment très froid, je me suis à peine couverte pour sortir.

— « Ne fais pas de bruit, mes parents doivent dormir. Lui dis-je. »

Il acquiesçait simplement de la tête et on entrait lentement. J'essayais d'être le plus discrète possible et lui, il ne disait pas un mot.
J'attrapais une nouvelle fois sa main et on montait les escaliers pour aller dans ma chambre. Je comptais aller dormir dans la chambre d'amis cette nuit.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant