Chapitre 24 : Ne me déteste pas.

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Point de vue de Billy.

Je suis dans ma chambre, essayant désespérément de faire dégonfler ma joue avec de la glace. Cela me fait horriblement mal, mais je le mérite.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, mon père vient de rentrer. Avec Suzanne et Maxine. Je n'ai aucune envie de leur parler. Je me lève pour fermer la porte, mais mon père arrive à ce moment-là et m'en empêche.

— « Bien, d'après ce que je vois, Caitlin n'est plus là. Ravie de voir que tu obéis, pour une fois. Me dit-il.
— Hm.
— Vous avez travaillé j'espère ?
— Oui. »

Il repartait aussitôt et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Maxine déboulait dans ma chambre en fermant doucement la porte derrière elle.

— « Tire-toi, Max. Lui dis-je froidement.
— Caitlin était à la maison ? Me demande-t-elle.
— Ce n'est pas tes oignons. Répondais-je en me tournant vers elle.
— Oh... Neil t'a encore frappé...
— Tu es sourde ? Dégage, je t'ai dit.
— Wow, tu es encore plus insupportable que d'habitude, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Tu es stupide ou quoi ? Dis-je en lui montrant mon visage.
— Non, il y a autre chose.
— Je me suis pris la tête avec Caitlin ok, tu peux sortir de ma chambre maintenait ?
— Laisse-moi deviner : Neil s'en ait pris à toi devant elle et elle a voulu t'aider, mais tu l'as envoyé promener, je me trompe ?
— Si tu sais tout, pourquoi tu poses autant de questions, hein ? Répondais-je en rigolant ironiquement.
— Parce que j'aime bien Caitlin et que tu agis comme un abruti avec elle du peu que je vois.
— Mais putain, de quoi tu te mêles ?!
— Tu tiens à elle, c'est sûr, mais tu ne sais pas comment gérer ces sentiments alors tu fais n'importe quoi.
— Ok, c'est bon. Dis-je en lui prenant le bras pour la mettre dehors. Dégage.
— Va t'excuser si tu ne veux pas la perdre. Dit-elle en m'empêchant de fermer ma porte.
— Ta gueule. Fous-moi la paix et lâche cette putain de porte !
— Tu n'es qu'un crétin Billy, elle vaut mieux que ça. »

Je lui claquais la porte au nez sans rien répondre. Elle me gave, mais elle a raison. Caitlin mérite mieux, elle mérite beaucoup mieux. Elle doit me haïr, mais je ne peux pas me résoudre à la perdre. Il faut que je lui parle.

Mercredi 17 octobre 1984.

Point de vue de Caitlin.

Je me suis réveillée à 9h, je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. J'ai même fait les trois premiers exercices que l'on devait faire avec Billy, cela m'a changé les idées. On commence à 12h30, mais je n'ai vraiment aucune envie d'aller en cours alors j'ai fait croire à ma mère que je ne me sentais pas très bien, elle m'a dit de rester à la maison pour me reposer.
Je décide d'essayer de dormir un peu, mais quelqu'un frappe à la porte de ma chambre.

— « Je peux entrer ma puce ? Me demande ma mère.
— Oui.
— Billy vient de passer il y a quelques minutes, il voulait te voir apparemment concernant un autre travail que vous devez faire ensemble. Je lui ai dit que tu étais malade alors il m'a laissé ça pour toi. Me disait-elle en me tendant un bout de papier plier en deux.
— Merci maman.
— Je te laisse te reposer. »

Elle sortait de ma chambre et je m'empressais de déplier le papier : « Je ne suis désolé. Ne me déteste pas. Billy. » Les larmes me montaient aux yeux, mais je faisais tout pour les retenir. Il ne mérite pas que je pleure pour lui. Il passe son temps à me dire des choses horribles pour ensuite s'excuser ? Non, c'est trop facile.
La journée passait assez rapidement, j'ai réussi à me reposer un peu et j'ai également fait le dernier exercice qui m'a pris pas mal de temps d'ailleurs.
Il est 17h, ma mère vient de m'appeler pour me demander de descendre et quand j'arrive dans le salon, j'aperçois Max. Elle me salue et ma mère s'éclipse.

— « Si c'est ton frère qui t'envoie, je...
— Non, jamais de la vie ! Il me tuerait s'il savait que je suis avec toi. On peut discuter ? »

J'acquiesçais et on montait toutes les deux dans ma chambre pour pouvoir être tranquille. Je suis sûre qu'elle est venue pour me parler de Billy, et franchement, cela ne me réjouit pas forcément.

— « Tu es ici pour me parler de Billy, n'est-ce pas ? Lui demandais-je en sachant déjà la réponse.
— Oui, je sais que vous vous êtes disputés.
— Ouais, en effet. Il m'a dit d'aller me faire voir, que je ne servais à rien puis ce matin, il m'a laissé ça. Dis-je en lui tendant le mot de Billy.
— Tu sais, il est compliqué... Il a beaucoup de problèmes avec son père et...
— Je suis au courant, Max.
— Je sais, mais écoute-moi. C'est un vrai connard, je ne vais pas le nier, mais il n'avait vraiment pas l'air bien hier.
— Depuis quand tu t'inquiètes pour lui ?
— Je m'inquiète aussi pour toi. Vous tenez beaucoup l'un à l'autre, je le sais.
— N'importe quoi. Dis-je en rigolant.
— Et aucun de vous deux ne l'assume apparemment...
— J'en ai juste marre, ok ? J'essaie vraiment de l'aider, de lui prouver que je suis de son côté et il est juste... Horrible avec moi. Je me plie vraiment en quatre pour lui alors que ce n'est pas dans mes habitudes.
— Il passe son temps à détruire ceux qui tiennent à lui, je pense qu'il a juste peur que tu l'abandonnes alors il le fait en premier en quelque sorte.
— Moi aussi j'ai peur de le perdre, mais ce n'est pas pour ça que je le rejette.
— Je suis d'accord, et je n'essaie pas de le défendre, mais je le connais assez pour te dire qu'il tient à toi. Me dit-elle en prenant ma main. Mais il te fait aussi beaucoup de mal. Si tu veux l'aider, tiens-lui tête et essaie de te dire qu'il ne pense pas ce qu'il dit.
— Et s'il le pense vraiment ?
— Ce n'est pas le cas, crois-moi. Mais fais attention à toi. Il faut que je rentre, sinon ma mère va s'inquiéter.
— Je vais te déposer, il fait déjà nuit. »

On descendait et je disais à mes parents que je devais raccompagner Max chez elle. Elle est vraiment très mature pour son âge, j'aimerais tant avoir une petite sœur comme elle. Elle essaie d'aider Billy alors qu'il est juste exécrable avec elle.
Une fois devant chez elle, je me gare et je sors de la voiture pour ouvrir le coffre et lui donner son skate. Je tourne la tête et aperçois Billy devant la porte, en train de fumer et nos regards se croisent rapidement.

— « Tu veux aller lui parler ? Me demande Max.
— Non, pas ce soir. Tu ne vas pas avoir de problèmes sachant qu'il t'a vu avec moi ?
— Je ne me laisse pas faire. Puis avec Neil dans les parages, il ne fait pas le malin, crois-moi. »

Je lui souriais et je la prenais dans mes bras en la remerciant. Je croise une dernière fois le regard de Billy et je remonte dans ma voiture pour rentrer chez moi.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant