Chapitre 38 : J'ai besoin de toi.

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Vendredi 16 novembre 1984.

La semaine est passée, c'était toujours aussi bizarre de ne pas parler à Billy, mais je commençais à m'y habituer. Peut-être que mes sentiments n'étaient pas aussi forts après tout, je devrais commencer à m'intéresser à un garçon qui se préoccupe vraiment de moi, comme Steve par exemple. On s'est embrassé hier. Cela s'est fait rapidement, c'était juste un baiser comme ça, mais... Il ne m'a jamais fait autant de mal que Billy, il a toujours voulu me protéger.
Il est 15h, les cours sont terminés et je suis en week-end, mais malheureusement, Billy doit venir chez moi pour l'exposé et on fait le trajet ensemble, ça ne me réjouit pas, mais hors de question que je me prenne un zéro, même si j'ai tout fait moi-même et que je suis persuadé qu'il n'a rien fait de son côté. Pendant le trajet, aucun de nous deux ne parle et une fois arrivés chez moi, il sort ses affaires.

— « J'aurais parié que tu n'aurais strictement rien fait. Dis-je en regardant son travail.
— Tu ne sais rien de moi.
— J'ai cru le comprendre, oui. Vu que tu sors avec cette pauvre fille.
— Et toi, avec Steve non ? Me répondait-il d'un ton assez moqueur. Je vous ai vu vous embrasser, hier.
— Ravie de savoir que ma vie t'intéresse.
— Ce n'est pas le cas. C'est juste encore une preuve que tu m'as menti.
— Si tu veux, bref, si tu es venu pour me casser les pieds, tu peux t'en aller.
— Je ne compte pas m'éterniser effectivement, mais on doit finir cet exposé de merde alors... »

On mettait nos travaux en commun. À ma plus grande surprise, il avait bien bossé. Je pense qu'on aura tout de même une bonne note. S'il savait à quel point ça me déchirait de l'avoir aussi près de moi et de savoir qu'il me détestait. J'avais beau faire n'importe quoi, et penser que mes sentiments avaient disparu, c'était faux. Je l'aime toujours autant, et mon cœur se serre à chaque parole qu'il me dit, il ne portait aucun intérêt sur moi et les larmes commençaient à me monter aux yeux, c'est beaucoup trop dur, alors je m'éclipsais dans la cuisine un instant.

— « Qu'est-ce que tu fais ? Me demandait-il.
— Rien, j'arrive c'est bon...
— Ça va ? »

Point de vue de Billy.

Je ne pouvais pas m'en empêcher, je l'aime, je l'aimerai toujours et ce délire avec Ashley, ça ne m'aide pas à l'oublier. Je ne veux qu'elle. Je ne peux pas me forcer à être aussi méchant et froid avec elle tout le temps, ça me brise complètement.

— « En quoi ça t'intéresse ? Me répondait-elle.
— Ce n'est pas le cas. »

Je l'entendais sangloter, je sais qu'elle n'est pas bien à cause de moi, mais je ne peux pas... Je ne peux pas être proche d'elle, pourtant j'ai tellement envie de la serrer contre moi.

— « On a terminé d'ailleurs, tu peux t'en aller. Me disait-elle froidement.
— Caitlin...
— Va-t'en Billy. Tu n'attends que ça depuis que tu es arrivé, alors vas-y, tire-toi. »

Je ne répondais pas et je préparais mes affaires. Du salon, je la voyais trembler, si elle savait que je fais ça pour elle et pas contre elle. Tout ce que je veux c'est sa sécurité, et elle ne l'est pas avec moi.

— « Je suis désolé. »

C'est la seule chose que j'ai trouvé à dire avant de sortir de chez elle pour rejoindre ma voiture. Elle ne m'a pas répondu, je ne sais même pas si elle m'a entendu.

Point de vue de Caitlin.

Il est désolé ? Il est désolé ?! Mais je rêve ?! Non, je ne pouvais pas le laisser partir après ça, je sortais rapidement de chez moi avant qu'il n'atteigne sa voiture.

— Billy ! »

Il se retournait vers moi et les larmes commençaient à couler sur mes joues, je ne pouvais plus les retenir, j'ai besoin de lui. Il est revenu vers moi, je m'étais laissé tomber à terre, en larmes. Il s'est approché lentement en se baissant.

— « Ne pleure pas, pitié. Ne pleure pas. »

Je me relevais difficilement et on entrait de nouveau chez moi. Je m'asseyais sur le canapé, lui également, et je reprenais peu à peu mes esprits.

— « Qu'est-ce que tu attends de moi ? Lui demandais-je entre deux sanglots.
— Tu es aussi mal... À cause de moi ?
— Qu'est-ce que tu crois, j'ai un cœur moi, contrairement à toi, Billy.
— Je suis désolé.
— Arrête ! Tu n'en penses pas un mot. Pourquoi tu me fais ça, putain...
— Tu as cru à tout ce que je t'ai dit ?
— Quoi ? Bah oui.
— Caitlin...
— Quoi ?!
— Tout ce que je veux c'est te protéger.
— Me protéger de quoi ?
— De moi ! Putain...
— Mais...
— Je ne t'ai pas repoussé parce que je jouais avec toi, je t'ai repoussé parce que je tiens à toi. Parce que j'ai été violent avec toi, physiquement et que ça m'a brisé, ça m'a fait peur. J'ai préféré m'éloigner plutôt que de continuer à te faire du mal.
— Comment je suis censé te croire, je ne te fais plus du tout confiance.
— Je sais. C'est ce que je voulais, que tu me haïsses.
— Tu as très bien réussi.
— Si je t'avais dit la vérité, cette vérité, je sais que tu aurais voulu rester près de moi, c'était débile, mais je n'avais pas le choix, il le fallait.
— Pourquoi tu me dis ça maintenant ? C'est quoi ? Une plaisanterie ?! Encore ?
— Parce que je ne supporte plus de t'avoir loin de moi. C'est trop dur, je tiens réellement à toi. Je ne m'habitue pas à ton absence, et c'est égoïste de ma part après tout ce que je t'ai fait, après tout ce que je t'ai dit, mais je ne pouvais plus continuer, c'était insupportable. J'ai besoin de toi...
— Tu dis ça, mais tu as l'air de très bien le supporter vu que dès que tu m'as balancé toutes ces horreurs à la gueule, la première chose que tu as faite, c'est de sortir avec Ashley.
— C'est juste pour m'amuser, et elle aussi. C'est pour me changer les idées.
— Et je suis censé te croire ?
— Non. Je sais que j'ai été trop loin. Je ne te demande même pas de me pardonner, mais je voulais te dire la vérité.
— J'ai... J'ai besoin de réfléchir, Billy. Laisse-moi seule, s'il te plaît.
— Je comprends. Je vais rentrer. Prends soin de toi. »

Il partait, définitivement cette fois, tandis que moi, j'étais complètement perdue. Une partie de moi veut le croire, mais une autre partie me hurle de ne pas lui faire confiance. Je ne sais pas quoi faire, je ne peux pas en parler avec Steve ni avec personne... Sauf, peut-être Maxine. Je l'appellerai demain. C'est la seule qui peut, peut-être m'aider et je lui fais totalement confiance.

Point de vue de Billy.

Je ne pouvais pas continuer à lui cacher la vérité, je supportais plus d'être loin d'elle, c'était trop dur de ne plus lui parler, de ne plus la voir sourire, l'entendre rire et la prendre contre moi. Ça m'effraie de l'admettre, mais j'ai terriblement besoin d'elle. Je ne sais pas si elle me fera confiance à nouveau. Je n'arrive pas à me dire qu'il n'y aura plus de nous. Nos cœurs doivent forcément se retrouver. Je ne veux personne d'autre qu'elle, je suis obligé d'avoir de l'espoir. Et si elle me pardonne, je suis décidé à tout faire pour la protégée. C'est une évidence, c'est elle, et ce sera toujours elle. Mon cœur n'attendait qu'elle pour se remettre à battre et je ne peux pas me résoudre à la perdre ou sinon je me perdrais aussi.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant