Chapitre 44 : Dernière chance.

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Jeudi 22 novembre 1984.

La matinée était déjà terminée, avec Steve on a décidé de manger ensemble ce midi, car demain il ne pourra pas. Il m'avait déjà prévenu qu'il aurait du retard, mais ce midi on a 2h de pause donc ce n'est pas grave. Je l'attends dans la petite ruelle quand Ashley déboule devant moi suivi d'un gars, sûrement un de ses potes et je sens au fond de moi que ça n'annonce rien de bon.

— « Tu veux quoi Ashley ? Demandais-je en levant les yeux au ciel.
— Tu as voulu faire la maligne à m'humilier devant tout le monde ? Maintenant tu vas le regretter. »

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, son pote m'attrapait violemment avant de me plaquer au mur et de me gifler assez fort pour que je perde l'équilibre.

— « Tu vas voir ce que tu vas prendre petite traînée. »

Il commençait à me frapper et moi, j'étais tétanisée. Je me recroquevillais sur moi-même, je ne pouvais plus bouger, j'étais complètement apeurée pendant qu'il continuait à me donner des coups. Ashley rigolait de toutes ses forces en m'insultant. Il m'attrapait par les épaules et me relevait.

— « Apparemment il y a eu des rumeurs sur toi petite pute, on va voir si tu kiffes toujours autant ça. Me dit-il. »

Je commençais à essayer de me débattre en lui hurlant de me lâcher, mais il avait énormément de force et il commençait à me toucher, partout en me menaçant de... Me violer et je me suis figée. Je ne pouvais plus rien faire, je ne pouvais plus crier ni bouger, exactement de la même façon qu'avec Hunter... J'ai cru que c'était fini pour moi, que ça allait recommencer encore une fois, mais Billy est arrivé, et il a lui bien cassé la gueule. Enfin du peu que j'ai pu voir parce que j'étais assise, par terre, complètement terrifiée, je pleurais, j'avais du mal à respirer, j'étais plus vraiment là, j'étais perdue.

Point de vue de Billy.

— « Dégage d'ici avant que je ne te tue espèce de connard de merde, et toi aussi Ashley, fou le camp, je ne veux plus jamais te voir pauvre conne.
— Mais c'est elle qui a commencé je...
— Je n'en ai rien à foutre de tes excuses à la con. DÉGAGE. »

Elle partait en faisant semblant de pleurer. Je me tournais vers Caitlin, elle était au sol, recroquevillée sur elle-même. Elle tremblait comme pas possible et elle pleurait. Sa tête était cachée dans ses bras, posée sur ses genoux. Je me suis doucement approché d'elle. J'ai voulu poser ma main sur son bras, mais ça lui a fait peur. Elle s'est écartée d'un coup de moi et m'a regardé l'air complètement perdu et apeuré.

— « C'est moi, tout va bien... »

Elle ne disait rien et elle avait énormément de mal à respirer.

— « Caitlin, calme-toi... Respire lentement. »

Elle avait l'air complètement paumée, elle n'arrivait pas à se calmer et sa respiration était de plus en plus irrégulière. J'avais peur qu'elle finisse par s'évanouir. Elle faisait clairement une énorme crise d'angoisse.

— « Je vais faire quelque chose, tout va bien, je ne te ferais pas de mal. Dis-je en prenant sa main et en la posant contre ma poitrine, contre mon cœur. Ferme les yeux, base ta respiration sur les battements de mon cœur et calme-toi. »

Point de vue de Caitlin.

Je faisais ce qu'il me disait et cela m'aidait à m'apaiser. Je reprenais peu à peu une respiration normale et je revenais à moi. Mais je continuais de trembler. Je me suis levée, d'un coup, et je suis parti sans rien dire. Je ne supporte pas qu'il me voie dans cet état, je préfère fuir, mais évidemment, il ne m'a pas laissé faire et m'a attrapé le bras.

— « Lâche-moi ! Dis-je en dégageant de lui.
— Caitlin...
— Laisse-moi Billy.
— Je veux juste t'aider...
— Pour que tu me dises plus tard que je suis faible ?! Non merci.
— Pourquoi tu es en colère contre moi ? Je ne t'ai rien fait. J'essaie de te protéger.
— C'est ça le problème. Tu veux me protéger, tout le temps, en t'éloignant de moi. C'est débile, j'ai l'air d'aller bien là ? Il ne me répondait pas alors je le poussais. Réponds ! J'ai l'air d'aller bien ?!
— On n'est pas en train de parler de ce qu'il vient de passer n'est-ce pas ?
— Je ne veux pas que tu m'aides si c'est pour... Me détruire 2 jours après ! Je... »

Je recommençais à avoir du mal à respirer, je n'arrivais pas à contrôler mes larmes.

— « Je t'en prie... Je t'ai promis de ne plus te faire de mal Caitlin... Mais, si tu veux que je te laisse tranquille, je le ferais.
— Mais tu ne comprends rien ?! Je veux rester près de toi, mais j'ai peur... J'ai peur de te perdre sans arrêt, je tiens à toi, mais je n'ai aucune certitude que ça soit réciproque et... Putain... »

Je n'arrivais même plus à parler. Je me sentais tellement faible. Mais je ne voulais pas lui montrer, j'essaye de toutes mes forces de prendre sur moi, mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Je manque littéralement de m'évanouir et il me rattrape juste à temps.

— « Tu ne vas pas bien. Je vais te ramener chez toi. Me disait-il.
— Non... Ça va, c'est bon. J'ai juste, la tête qui tourne.
— Viens, on va s'assoir. »

J'avais besoin de m'assoir effectivement, je n'étais vraiment pas bien, à cause de ce qu'il venait de se passer, mais je ne voulais vraiment pas le montrer.

— « Tu ne devrais pas... Me dit-il en murmurant.
— Quoi ?
— Tenir à moi. Tu ne devrais pas. Tu devrais vouloir t'éloigner toi-même de moi, pourquoi tu ne le fais pas ?
— Tu as raison. Mais je n'y arrive pas. Tu as beau me faire du mal, j'ai quand même envie de t'aider et d'être là pour toi. Je sais que tu souffres, et tu n'es pas le seul. Tu ne connais pas mon passé aussi, tout ça, ça me rappelle de vieux démons. J'ai peur. J'ai eu peur de toi, plusieurs fois, mais j'ai encore plus peur de te perdre. Arrête de vouloir m'éloigner de toi, c'est ça, qui me fait du mal.
— Je suis désolé... Pour tout, et pour Ashley. Je n'aurais jamais pu croire qu'elle aurait été aussi loin.
— Et moi je suis trop faible pour me défendre...
— Tu n'es pas responsable. Et tu n'as pas à te forcer à être forte devant moi. Tu n'es pas faible, et même si je te l'ai dit, je ne l'ai jamais pensé ne serait-ce qu'une seule seconde. »

Je ne pouvais plus faire semblant, ce que je viens de vivre, cela m'a encore anéanti et je fondais de nouveau en larmes. Il s'est approché de moi et m'a demandé s'il pouvait me prendre dans ses bras et... Malgré tout, j'ai accepté. J'avais besoin de le sentir contre moi, il n'y a que le contact de sa peau qui peut m'apaiser.
Je commençais peu à peu à me calmer quand Steve arrivait et nous surprenait dans les bras l'un de l'autre.

— « Caitlin !
— Steve ! Dis-je en me retirant des bras de Billy.
— Alors c'est ça ? Tu m'oublies pour être avec lui ?!
— Ça suffit Harrington. Ajoutait Billy.
— Toi, je vais te...
— Steve, assieds-toi s'il te plaît. Il s'est passé quelque chose...
— Quoi ?
— Assieds-toi. »

Il venait près de moi et je lui racontais tout ce qu'il venait de se passer avec Ashley. J'avais du mal à certains moments alors Billy m'a aidé un peu.

— « C'est qui ce type ? Je vais me le faire. Disait Steve.
— Je m'en suis déjà chargé. Répondait Billy.
— Merci... D'avoir été là pour elle.
— Je sais que tu ne me supportes pas Harrington, et c'est réciproque, mais nos embrouilles affectent beaucoup trop Caitlin.
— Je sais... Cait, je suis désolé. On va essayer de se tenir tranquille et de te soutenir.
— Merci... Répondais-je. »

Je prenais la main de Billy et également celle de Steve et leur souriais. Je séchais mes larmes et on retournait en cours. Je n'ai rien mangé, mais je n'avais pas vraiment faim. Steve et Billy ne m'ont pas lâché de l'après-midi, ils arrivaient même à discuter normalement et cela m'aidait à aller un peu mieux. J'essaie de ne pas penser à ce qu'il aurait pu se passer si Billy n'était pas intervenu. Encore une fois, il m'a sauvé.
Et j'ai finalement décidé de lui laisser une dernière chance. Il me l'a demandé, il m'a dit : "laisse-moi une dernière chance. Laisse-moi te prouver que je suis quelqu'un de bien et que je tiens à toi. » Il avait l'air tellement sincère que j'ai accepté.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant