Chapitre 50 : Je t'aime.

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Jeudi 29 novembre 1984.

Billy s'était réveillé plusieurs fois dans la nuit, mais là, cela faisait plus de 10 minutes qu'il n'était pas revenu alors je me suis inquiétée et je suis descendu le voir.

— « Billy ?
— Caitlin ! Je t'ai réveillée ?
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Rien... J'ai juste, terriblement mal au dos, je n'arrive pas à dormir...
— Fais-moi voir. »

Je regardais son dos, défaisait le bandage et évidemment, les plaies étaient toujours un peu à vif alors je décidais de lui remettre de la pommade, de lui donner un médicament pour la douleur et on retournait se coucher. Je le prenais contre moi, je lui caressais les cheveux et quelques minutes après, on s'endormait de nouveau.
Il est 9h, je venais à peine de me réveiller. Je suis sorti du lit doucement pour essayer de ne pas réveiller Billy qui avait l'air de vraiment bien dormir, mais une demi-heure après, il me rejoignait dans la cuisine.

— « Tu as bien dormi ? Lui demandais-je.
— Je dors toujours bien, près de toi.
— Ah ça y est, tu vas mieux si tu recommences à me draguer.
— Ça va un peu mieux.
— Vraiment ?
— Oui. D'ailleurs, est-ce que je peux aller prendre une douche ?
— Oui, bien sûr !
— Tu es déjà prête toi.
— Ouais.
— Génial, parce que je t'emmène quelque part.
— Quoi ?
— Surprise.
— Tu n'es pas en état de conduire.
— Je te promets que ça va, et si j'ai mal, je te laisserais le volant.
— Tu m'emmènes où ?
— Surprise, je t'ai dit. »

Il me faisait un clin d'œil et montait à l'étage pour se doucher. Une fois qu'il eut terminé, on partait, je ne sais où. J'ai posé des centaines de questions pendant le trajet, mais il n'a jamais voulu me répondre. On arrivait, il se gare dans un chemin et on sort de la voiture.

— « C'est un coin perdu ici, on est où Billy ?
— Arrête de poser des questions et suis-moi. »

Il prend ma main et me fait traverser une petite forêt pendant une dizaine de minutes. Puis, il me demande de fermer les yeux. Il me tient par les épaules pour me faire avancer.

— « C'est bon, tu peux ouvrir les yeux. Me dit-il. »

J'ouvrais les yeux et... Wow. J'étais littéralement devant une petite cascade avec un ruisseau en pleine nature. C'était incroyablement beau.

— « Tu m'as dit que tu aimais ce genre d'endroit alors...
— Mais je t'en ai parlé seulement hier soir.
— J'y ai réfléchi pendant que je ne dormais pas... Je suis déjà venu ici et j'ai voulu t'y emmener.
— Tu es déjà venu ?
— Ouais. Quand je suis énervé, je prends ma voiture et je conduis sans vraiment savoir où je vais et un jour, je suis tombé sur cet endroit.
— C'est magnifique. Je pourrais rester des jours entiers ici. C'est magique, et dépaysant et ressourçant et... Oh, regarde ! Le soleil qui se reflète dans l'eau, ça a créé un mini arc-en-ciel !
— L'eau et le soleil, toi et moi...
— Tu m'as amené ici pour essayer de me draguer Billy Hargrove ? Dis-je ironiquement.
— Non ! Pas du tout, je...
— Je plaisante. »

Je reste ébahi par ce paysage. C'est vraiment beau, l'eau est claire et froide d'ailleurs, mais en novembre, c'est normal. Je ferme les yeux et respire l'air frais.
D'un coup, je sens Billy s'approcher et se coller à moi en enroulant ses bras autour de ma taille. J'ai eu peur, les vieilles habitudes reviennent et sans le vouloir je pose mes mains sur ses bras pour avoir le contrôle.

— « Tout va bien. Je ne te ferais plus jamais aucun mal. Je veux juste... T'avoir contre moi. »

C'est vrai que j'adore sentir la chaleur de son corps et que je me sens particulièrement apaisée et en sécurité dans ses bras. Je pose mes mains sur les siennes et me détends. Je sens son cœur battre et son souffle sur mon cou qui me donne des frissons et qui accélère mon rythme cardiaque. Tout est clair dans ma tête. Je l'aime. Je suis amoureuse de lui et je voudrais que ce moment dure pour toujours.
Je me détache un peu pour me tourner vers lui, mais en gardant ses bras autour de ma taille et on se retrouve face à face, à quelques centimètres. Cet écart se resserre quand il me rapproche encore plus de lui et ses yeux ne quittent plus les miens. Il passe sa main sur ma joue et son regard se pose sur mes lèvres. J'ai envie de lui dire : « embrasse-moi » mais ma timidité m'en empêche. Ce qui n'est pas si grave, parce que finalement, c'est lui qui s'est mis à m'embrasser. Mes yeux se fermaient, mes bras s'enroulaient autour de sa nuque. Ses lèvres étaient délicieuses et ce baiser était chaleureux et réconfortant.
Sans que je ne sache pourquoi, il s'est arrêté d'un coup et m'a regardé apeurer, sans rien dire. Il pensait qu'il venait de faire une bêtise. Il s'écartait de moi.

— « Je... Je suis désolé...
— Pourquoi ?
— Je n'aurais pas dû faire ça...
— Tu as eu l'audace de faire ce que j'avais peur de faire moi-même.
— Quoi ? »

J'attrapais ses mains et le tirai contre moi. Il ne s'y attendait pas du tout et ses yeux ne savaient plus où se poser. Il m'interrogeait du regard, il n'osait pas parler. Je lui ai juste dit : « fais-le. » Ses lèvres se sont de nouveau posées sur les miennes et ses mains caressaient mes cheveux. Le baiser devenait de plus en plus torride jusqu'à temps qu'il se retire une nouvelle fois de mes lèvres en rigolant.

— « Il faut que je me calme. Soupirait-il.
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai... Beaucoup trop de mal à résister à l'appel de ton corps et que je peux dérailler à tout moment.
— Je te fais perdre le contrôle, intéressant...
— Tu me rends complètement dingue depuis le premier jour. Depuis ce jour où je t'ai demandé d'arrêter de retarder Maxine... Je n'ai jamais pu te sortir de ma tête, mais je ne voulais pas me l'avouer parce que... J'avais peur.
— Peur de quoi ?
— De te perdre. De te faire du mal. De te détruire et que tu finisses par t'en aller... Je détruis tous ceux que j'aime...
— Je ne suis jamais parti Billy. Peu importe à quel point certaines de tes paroles me blessaient, ou même certains de tes actes. Je suis toujours restée près de toi parce que... Je t'aime, abruti. »

Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce que je lui dise cela, des larmes commençaient à s'échapper de ses yeux et il me prenait dans ses bras. Il me serrait si fort.

— « Je ne veux jamais te perdre Caitlin. Je t'aime. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne. Tu as redonné un sens à mon existence, tu as changé ma vie. Je suis devenu meilleur grâce à toi. Ne me laisse jamais, je t'en prie.
— Je ne te laisserais pas. J'en suis incapable sincèrement. Dis-je en caressant ses cheveux. »

Il se retirait de mon étreinte et j'essuyais les larmes qui coulaient le long de ses joues avec le bout de mes doigts. Il prenait ma main dans la sienne et y déposa un baiser.

— « Donc, tu m'as bien emmenée ici pour me draguer avoue-le... Dis-je ironiquement.
— Et j'ai réussi, non ?
— Oh, tu crois ?
— J'en suis sûr.
— Finalement, je suis tombée amoureuse de toi, comme tu l'avais dit. J'ai perdu.
— J'ai perdu en premier. Je me suis fait avoir par mon propre jeu... »

Je lui souriais et il me prenait contre lui. On restait plusieurs minutes dans ce paysage magnifique, dans les bras l'un de l'autre, sans forcément parler. C'était un feu d'artifice à l'intérieur de moi, j'étais si heureuse et apaisée. Je ne réalise pas encore ce qu'il vient de passer. Est-ce que je suis sa copine maintenant ? Est-ce qu'il va me repousser quand il va se rendre compte de ce qu'il a fait ? Est-ce qu'il est vraiment amoureux d'une fille comme moi ? J'ai tellement de questions, mais je ne les pose pas, de peur de gâcher ce moment magique.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant