Chapitre 48 : Blessures profondes.

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Point de vue de Caitlin.

Mes parents ne sont pas là. Mon père avait un voyage d'affaires et ma mère a décidé de l'accompagner. Je suis seule jusqu'à dimanche.
Je me prépare un truc à manger quand quelqu'un frappe à la porte. Je décide donc d'ouvrir et je vois Billy, en larmes et complètement affaibli devant moi. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, je m'approche de lui et il manque de s'évanouir dans mes bras alors je lui dis rapidement de rentrer. Il a l'air d'aller très mal.

— « Billy, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-je inquiète. »

Il me regarde et se tourne dos à moi. Je me fige totalement à la vue des blessures profondes qu'il a dans le dos et j'ai tout de suite compris que c'étaient des coups de ceinture. Je m'approche de lui et essaie de poser ma main sur son dos, mais il s'écarte rapidement en me disant de ne pas le toucher.

— « Viens. Va t'asseoir. Je vais chercher de quoi te soigner, je me dépêche. Dis-je en essayant de garder mon calme. »

Je ne pose aucune question, je dois absolument le soigner, il est à deux doigts de s'évanouir. Je monte rapidement à l'étage et prends tout le nécessaire pour le soigner. Je redescends et m'assieds sur le canapé, derrière lui.

— « Putain... Les blessures sont profondes et le sang a déjà commencé à sécher. Les fibres de ton teeshirt sont prises dans les plaies, si je te le retire, ça va te faire horriblement mal, mais si je le laisse, ça va s'infecter.
— Enlève-le... Ça va aller... »

Le voir dans cet état me détruisait littéralement l'âme. J'essayais d'enlever doucement son tee-shirt, mais il hurlait de douleur. Il fallait absolument que je le lui retire alors j'ai continué jusqu'à la dernière blessure.
Il transpirait abondamment et j'admirai sa ténacité à ne pas s'évanouir. Je connais cette douleur, moi aussi j'ai pris des coups de ceinture.

— « Ça va aller ? Lui demandais-je.
— T'inquiète pas... Pour moi...
— Billy, il faut que tu restes conscient. Je sais que c'est dur, mais reste avec moi. Je vais désinfecter, ça va encore être douloureux.
— Je sais... Fais-le... »

Je l'ai soigné du mieux que j'ai pu, en essayant d'aller le plus doucement possible, mais il souffrait énormément. Je n'ai jamais vu de blessures aussi profondes, je n'imagine même pas la douleur qu'il doit ressentir.

— « C'est bon, pour l'instant. Il ne faut rien que tu portes sur toi, ça va te faire plus souffrir qu'autre chose et il faut que tu te reposes Billy, vraiment. »

Il se tournait difficilement vers moi et il s'effondrait littéralement dans mes bras en pleurant et en me répétant plusieurs fois qu'il était désolé.

— « Ne sois pas désolé, tu n'as rien fait de mal Billy... Calme-toi, respire lentement. »

J'essayais de faire mon maximum pour qu'il se calme et qu'il puisse se reposer. Je passais ma main dans ses cheveux et il agrippait mes bras, comme s'il avait peur que je parte. Je ne l'ai jamais vu dans cet état, je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec son père pour que cela aille aussi loin, mais tout ce que je souhaite pour l'instant, c'est prendre soin de lui. Quelques minutes passaient, et il arrivait peu à peu à se calmer.

— « Est-ce que tu veux m'en parler ? Demandais-je pendant qu'il se relevait difficilement. Doucement...
— Les rumeurs... Mon père...
— Non. Comment c'est possible...
— Je te l'avais dit Caitlin, je le savais...
— Je suis tellement désolé... Je pensais que tout ça allait s'estomper.
— Ce n'est pas ta faute.
— Je n'imagine même pas ce que tu as dû subir.
— Au début, il m'a juste frappé. Mais après, Max a voulu s'interposer et il l'a giflé.
— Oh, mon dieu...
— Je ne voulais pas qu'il la touche. Tout ce que je veux depuis le début c'est protégé Maxine de mon père. Et ça m'a mis en colère alors je n'ai pas réfléchi et je l'ai frappé. Et ça ne lui a pas plu du tout et... Il s'est vengé sur moi, en me disant de me laisser faire parce que sinon, il allait s'en prendre à Max. Je n'avais pas le choix.
— C'est vraiment un monstre.
— Il m'a viré de la maison. Il m'a dit de dégager et qu'il ne voulait pas me voir avant dimanche et je ne savais pas quoi faire, j'avais mal, j'étais perdu alors j'ai juste, conduit vers chez toi.
— Tu as bien fait. Je ne te laisserai jamais tomber.
— Je suis... Faible...
— Non. Tu ne l'es pas. Tu plaisantes ou quoi ? La douleur était insurmontable et tu as réussi à ne pas t'évanouir. Tu n'es pas faible Billy, c'est ton père qui l'est. Je suis désolé. Je sais à quel point les coups de ceinture ça peut faire horriblement mal.
— Je ne t'ai pas dit que c'étaient des coups de ceinture. Et tu ne peux pas savoir à quel point c'est douloureux...
— Si. C'est ça le problème. Je sais à quel point ça fait mal...
— De quoi tu parles ? »

Je respirais un bon coup, je me tournais dos à lui et relevait mon pull. J'avais des cicatrices aussi, à cause de Hunter. Je voulais qu'il sache que je le comprenais, que je savais ce que cela faisait. Il a posé ses mains sur mon dos, je me suis écartée et j'ai remis mon pull en me retournant face à lui.

— « Caitlin... Comment... Qui t'a fait ça ?
— Tu le sais, au fond de toi.
— Ton ex...
— Comme je te l'ai dit, tu ne sais pas tout sur moi. J'ai aussi un passé compliqué. Si je ne voulais pas te parler de Hunter, ce n'était pas juste parce qu'il m'avait brisé le cœur. C'était pire que ça.
— Il a été violent avec toi...
— Oui.
— Alors c'est pour ça que tu restais près de moi, parce que... Tu sais ce que ça fait...
— Bien sûr. J'aurais aimé avoir quelqu'un sur qui compter, mais il m'avait éloigné de tout le monde, j'étais seule, personne ne savait ce que je subissais donc quand j'ai compris que tu subissais aussi des violences, j'ai su que je devais rester près de toi, parce que je sais ce que ça fait de vivre ce genre de choses et de n'avoir personne sur qui compter.
— Je suis désolé...
— Non. Pardon... C'est moi qui suis égoïste... Tu as besoin d'aide et moi, je ramène tout à ma petite personne...
— Ne dis pas ça. Ça me permet de penser à autre chose qu'à la douleur de discuter avec toi et tu es loin d'être égoïste. Je suis aussi là pour toi. Tu as toujours su me réconforter alors que j'ai été horrible avec toi. Tu es toujours restée. La plupart des gens m'auraient viré de leur vie, mais toi, tu me comprenais, tu voyais plus loin que les apparences.
— Tu comprends enfin. Je n'ai jamais pensé que tu étais faible. Tu as défendu Maxine, tu as subi tout ça pour la protéger et c'est le truc le plus courageux que j'ai vu de ma vie. Je savais que tu ne la détestais pas au fond.
— Mon père m'a toujours appris que de montrer ses sentiments ou ses émotions, c'était être faible.
— C'est la plus grosse connerie que je n'ai jamais entendue. Avouer ses sentiments, faire face à ses émotions, c'est du courage, pas une faiblesse. C'est beaucoup plus compliqué que l'on ne l'imagine. »

Il me souriait et il essayait de résister à la douleur comme il pouvait. Je lui ai remis plusieurs fois de la pommade et heureusement, ça ne saignait plus alors j'ai pu lui mettre un bandage.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant