LES BATTEMENTS DE MON CŒUR. -Hafsatou

Juwaariya Islah Hana.

Lundi 15 Juillet.
14:32h

Plusieurs jours ont passé depuis le jour où il m'a annoncé qu'il lui restait moins de deux semaines.

Il était toujours à l'hôpital. Depuis jeudi dernier, tout le monde vient le voir tous les jours, car il sent la mort. On sait tous que ce n'est plus qu'une question de jours, mais j'espère malgré tout un miracle, un miracle d'Allah.

« Hafsa ? J'ai été honoré d'être ton époux.
— Tu le seras dans l'au-delà ?
— S'il plaît à Allah... Il me sourit. Oui. Je pose ma tête sur son torse et écoute les battements de son cœur.
— Tu vas bientôt partir ?
— Bientôt... je n'ai plus la force, je suis désolé.
— La famille arrive, tu peux tenir jusque-là ?
— Je ne sais pas...
— Ismaïl ? Je t'aime.
— Je sais, et je t'aime encore plus, w'Allah.
— Non... Non... w'Allah je t'aime encore plus ! Tu ne sais pas à quel point, de tout mon être ! Je passe ma main sur sa joue, il était froid. Pardon Ismaïl... pour tout !
— Il n'y a rien à pardonner, j'ai vécu les plus belles années de ma vie à tes côtés. Toi, pardonne-moi. Je balaie sa réponse d'un claquement de langue.
— Tu n'as rien à te faire pardonner ! Tu as été parfait, w'Allah. Il embrasse ma tête avec difficulté.
— Princesse ? J'ai demandé à Allah une fille.
— Hmm...
— Juwaariya, in shaa Allah, une bénédiction, comme l'a été Juwayriya radiAllah anha, pour son peuple, après avoir épousé le prophète Alehi salam.
— In shaa Allah, si c'est un garçon ?
— rire Je veux une fille. Dit-il laborieusement.
— Bébé, et si c'est un garçon ?
— Appelle-le comme tu veux. Dit-il.
— Ismaïl. Dis-je.
— Hmm ?
— Je vais l'appeler Ismaïl, si c'est un garçon.
— rire Tu pourras supporter de prononcer constamment mon nom ?
— Hmm... je veux jamais t'oublier, même quand je serai vieille avec l'alzheimer, parce que ton cœur est lié au mien. Sans toi, je ne vis pas...  Les larmes que je retenais ont fini par couler.
— Sans moi, tu vas vivre. Et tu vas être heureuse. Il tousse, et continue de parler avec difficulté. J'suis arrivé au bout du chemin, Allah avait déjà écrit mon destin, avant la création du monde, Hafsa.
— Je sais... mais mon cœur bat que pour toi. Je me relève.
— Non. Dit-il, en cherchant mon regard.
Tu vas te battre pour nos enfants.  Il essuie mes larmes, avec le peu d'énergie qui lui restait. Arrête de pleurer.
— Arrête de me demander d'arrêter de pleurer ! C'est pas possible... Ismaïl ? Je t'aime.
— *rire* Quelle ironie... Maintenant que je vais mourir, je me rends compte à quel point tu es tout pour moi.
— T'es le seul homme de ma vie !! Je t'aime en Allah et j'espère qu'Il nous réunira au Paradis. Il me sourit et cache son visage. Sûrement parce que ses larmes coulaient.
— Princesse... Laisse-moi partir, Hafsa... Il s'allonge et pose sa tête sur mes genoux.
— Je t'aime! Je t'aime ! Je t'aime ! Je lui embrasse le front. Ismaïl ?
— Hmm?
— Regarde-moi.  Il rouvre les yeux. T'es trop beau. Il sourit. »

Les petits se réveillent et pleurent, je les prends du lit, dire qu'ils vont être orphelins à moins de 2 ans. Je prends les biberons du sac et leur donne.

« Ishaq, viens sur papa. Dit-il.
— Non. Interviens-je. Il est trop lourd. Il rigole et tapote ma cuisse.
— Ne dis pas ça devant mes petits. Ishaq grimpe sur le lit et se blottit contre le torse de son père. Eh, Hafsa ?
— Hmm? Je lui caresse les cheveux. Cet homme a bouleversé ma vie. Cet homme que j'avais rejeté avant même de le rencontrer m'a fait vivre un conte de fées.
— Je t'aime.
— Je t'aime aussi. Issa monte à son tour sur le lit et se love près de son frère contre le torse de son père. Ismaïl se redresse péniblement et les embrasse.
— Papa vous aime très fort.
— Et papa va nous quitter, ce traître. Siffle-je.
— *rire* Papa a été rappelé par son créateur. Je lui souris et essuie mes larmes.
—Je suis vraiment tombée sur un diamant.
— Et moi sur une bénédiction. »