Chapitre 10

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Je sors de la douche et tombe sur Maïa qui regarde la télévision.

Elle est déjà partie?

Comme toute réponse, elle hoche la tête.

Je fais les cent pas dans la cuisine avant de m'installer sur le canapé à une distance raisonnable de Maïa.

Je suis désolée de t'avoir forcé la main... je pensais que tu allais comprendre...

Tu n'as pas à t'excuser. De toute façon Gwen s'est déjà excusée pour toi.

C'est pas à elle de s'excuser. C'est moi qui ai fait une connerie, alors c'est moi qui te demande pardon.

Elle se retourne et plonge ses yeux verts dans les miens. On reste quelques instants à se regarder avant qu'elle détourne le regard.

C'est rare qu'on me demande pardon. Reprend-t-elle.

Je m'apprêtai à répondre quand le téléphone fixe de Gwenaelle sonne. Je vais décrocher, m'attendant à ce que ce soit un démarcheur.

Oui? Demandais-je

L'appel se coupe aussitôt.

C'était qui?

Je sais pas trop...

J'ai un mauvais pressentiment, mon instinct me dit que quelque chose ne va pas.

Prends tes affaires on s'en va.

On s'en va ou? Demande-t-elle, incrédule.

Je m'occupe de ça.

J'appelle Gwen depuis son téléphone fixe, mais elle ne décroche pas. Je lui laisse donc un message.

Surtout ne rentre pas chez toi. Tu connais notre point de rencontre.

Maïa me regarde dans l'encadrement de la porte. Je prends les clés de ma voiture et la tire derrière moi.

On prend les escaliers.

Mais on est au septième étage! Se plaint-elle.

Je fais abstraction de sa remarque, et elle est bien obligée de me suivre. On arrive en bas sans problème et on monte dans la voiture. Je démarre à toute vitesse vers une planque que Gwen et moi avons préparée en cas d'urgence.

▪︎▪︎▪︎

Astrid roule comme une folle depuis dix minutes.

Tu veux bien me dire ce qui va pas chez toi?

Elle me regarde de biais.

Je suis peut être en train de nous sauver la vie, alors tes remarques, tu te les gardes.

Elle est énervée, ça c'est sûr, mais elle a aussi l'air préoccupée. Je me tais et me renfrogne au fond de mon siège.

Je suis pas parano! Se défend-t-elle alors qu'on descend de la voiture.

Elle nous a conduit jusqu'au bord de la plage, dans une petite cabane au bord de l'océan. Les vagues qui s'écrasent contre la digue font un boucan pas possible. L'air s'est bien rafraîchi, et le soleil a disparu derrière de gros nuages.

Tu crois qu'il va pleuvoir?

C'est possible. Répond-elle sans vraiment y prêter attention.

Les heures passent et le ciel est de plus en plus sombre. Cette petite cabane doit être bien agréable en été, mais pas à la mi-saison.
Astrid fouille dans un placard et me tend un plaid.

Tu fais que trembler ça me déconcentre.

Merci, enfin je crois.

Elle repart s'asseoir sur le canapé avec son ordinateur.

▪︎▪︎▪︎

Le tonnerre gronde à proximité de nous, ce qui nous fait toutes les deux sursauter, mais à l'inverse de moi, Maïa reste pétrifiée. Elle met ses mains sur ses oreilles et replie ses genoux contre elle.

T'as peur de l'orage?

Elle hoche légèrement la tête.
Je ne pensais pas qu'à son âge on pouvait encore avoir peur de choses comme ça.
Le tonnerre retentit une seconde fois et Maïa pousse un petit cri d'animal effrayé.

Je m'assois à côté d'elle et la prends dans mes bras. Ses tremblements se calment. Elle pose sa tête dans le creux de mon épaule et je me raidis instantanément.

Ça va aller. Dis-je sans oser bouger.

Après plusieurs minutes dans cette position, elle s'endort. De mon côté, je commence à m'inquiéter que Gwen ne soit toujours pas arrivée.

Je vais aller chercher Gwenaelle. Dis-je à Maïa alors qu'elle émerge de sa sieste.

Tu vas pas me laisser toute seule ici quand même!

Je m'approche d'elle et lui donne mon pistolet.

Fais attention, il est chargé. Si jamais quelqu'un entre et que c'est ni Gwen, ni moi, je veux que tu sois prête à tirer. Ici c'est le cran de sûreté. Enlève le qu'au dernier moment pour éviter de te blesser.

Elle assimile les informations que je lui donne tout en ayant le regard bloqué sur l'arme.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant