Chapitre 48

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Je frappe à la porte, le poignard d'Astrid caché sous mon haut, de la même façon que pour ma rencontre avec les déménageurs. Elle ouvre la porte et je l'attrape par le col tout en entrant.

Où est-elle?

Elle bafouille quelque chose d'incompréhensible.

Elle est où, putain !?

Chez lui.

Qui ça lui?

Mon cœur tambourine de plus en plus fort, comprenant que je ne vais pas la retrouver ici, comme je me l'étais imaginé.

Chez Victor.

Mais merde, c'est qui lui?

Au même moment, mon téléphone sonne. Je garde le couteau pointé sur la gorge d'Ingrid et je décroche en voyant que c'est le numéro de Gwenaelle.

Je crois qu'on a trouvé où est As, chez un trafiquant de drogue assez puissant. Le téléphone d'Ingrid à borné pas loin de sa maison.

Par chance est-ce qu'il s'appelle Victor?

Comment tu sais?

Peu importe, envoie-moi son adresse.

Maïa, c'est pas un rigolo ce type. Il a une véritable armée à ses pieds. Tu vas juste te faire prendre toi aussi!

Je raccroche en espérant qu'elle m'envoie l'adresse, ce qu'elle fait presque immédiatement, suivi d'un message me disant d'être prudente. Je laisse Ingrid là où elle est et repart à toute allure en direction d'Astrid.

Je me retrouve devant une maison immense qui doit valoir une fortune, collée à un garage qui fait la taille d'un appartement.

Je me rends à l'évidence : je n'ai aucun plan. C'est bien beau d'être arrivée jusqu'ici, mais je me rends bien compte que foncer tête baissée ne fera qu'aggraver la situation. Je n'ai aucune idée de comment m'y prendre et ce n'est certainement pas avec un poignard que je ferai le poids face à ce que Gwen m'a décrit comme une véritable armée. Le soleil a totalement disparu et l'éclairage de rue s'allume.

Mes émotions me submergent et je me retrouve à pleurer dans ma voiture devant la maison où se trouve emprisonnée ma fiancée.

▪︎▪︎▪︎

Reviens ici salope!

Après plusieurs tentatives, je me suis enfin libérée de l'emprise du gorille en costard et cours m'enfermer dans la première pièce que je trouve: un placard. Oui, j'aurais pu mieux choisir, parce que je suis totalement prise au piège dans cette minuscule pièce.

Il tambourine sur la porte. Mon cerveau fonctionne à toute allure. J'ai seulement deux possibilités. Soit j'attends que le gorille trouve le moyen d'entrer, dans ce cas, je sais ce qui m'attends, soit je trouve un moyen de me barrer d'ici. Plus facile à dire qu'à faire. J'allume la petite lumière, ce qui me permet de me rendre compte que la porte tremble littéralement. Je fais le tour du placard des yeux, beaucoup de cartons avec des chaussures, quelques manteaux accrochés sur des cintres, qui sont malheureusement en plastique, et puis, c'est tout. Je commence à désespérer en fouillant dans les boîtes à chaussures quand je tombe sur une paire de chaussures à talons.

Putain de merde! Murmurais-je, un grand sourire collé aux lèvres.

Je m'empare d'une chaussure et espère pouvoir m'en sortir quand je sens une odeur étrange. Le brûlé? Ça sent le brûlé. L'alarme incendie de la maison se déclenche peu après ma constatation. La panique s'empare de la maison et je ne suis rapidement plus un problème prioritaire. Je prends un des mentaux et le mets devant ma bouche pour éviter de m'étouffer avec la fumée et j'attends le plus longtemps possible dans le placard. Quand tout redevient calme, je sors, chaussure à la main prête à me défendre. La maison est vide et je passe par une fenêtre donnant à l'arrière de la maison.

Je reconnais la voiture garée de l'autre côté de la rue, mais je refuse d'en croire mes yeux, et pourtant, Maïa surgit de nulle part et m'attrape par le bras pour me faire monter.

Elle démarre la voiture et roule à toute allure. Je reste bouche bée un moment avant de réaliser ce qu'il vient de se passer. Je me mets à rire en lui demandant.

Attends, t'as foutu le feu à la baraque d'un mafieux pour moi?

Elle me regarde rapidement avant de se reconcentrer sur la route et éclate elle aussi de rire.

Oui. C'est exactement ça.

Elle s'arrête sur le bas côté et reprend son sérieux.

J'ai cru que je ne te retrouverai jamais.

Et moi j'aurais jamais pensé que tu aurais mis le feu à une maison pour me retrouver. Et d'ailleurs, comment tu m'as retrouvé?

Ah, ça! C'est une longue histoire, d'ailleurs tu devrais appeler Gwen pour la rassurer.

▪︎▪︎▪︎

Elle prend mon téléphone pour appeler Gwen et met le haut parleur.

Enfin! Tu as vu le nombre de messages que je t'ai laissé ! S'énerve Gwen.

Moi aussi je suis contente de t'entendre. Lance Astrid en se moquant.

Gwenaelle se stoppe un moment puis nous engueule de ne pas les avoir appelés avant. On leur explique rapidement ce qu'il s'est passé et Astrid en profite pour nous raconter comment sa mère l'avait attendue sur la banquette arrière de sa voiture quand elle s'apprêtait à rentrer du magasin.

Il se fait tard et la route est calme. As s'est endormie et j'aurais aimé faire pareil mais quelqu'un doit bien nous ramener à la maison.

D'un coup, Astrid se réveille en sursaut.

Putain, j'ai fait un cauchemar, tu vas jamais me croi…

Elle s'arrête de parler et regarde autour d'elle. Quand elle constate qu'on est dans une voiture, elle fronce les sourcils et se retourne vers moi.

C'était pas un rêve?

Malheureusement non.

Bah merde alors! Ma mère est vraiment une sacré enflure ! D'ailleurs j'ai des comptes à régler avec elle.

Non.

Quoi non?

Je sais ce que tu entends par "des comptes à régler" mais c'est non. Tu ne vas pas gâcher ta vie à cause d'elle. Pas une deuxième fois.

Elle se résigne à m'écouter, de toute manière, elle n'a pas le choix, c'est moi qui suis au volant.

Je me gare enfin devant chez nous. C'est dingue ce qu'il s'est passé aujourd'hui. C'est effrayant aussi de se dire que tout pourrait arriver à nouveau demain. Voire que tout pourrait être pire.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant