Chapitre 6

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Si je la croisais dans la rue, je ne pourrais jamais imaginer qu'elle kidnappe des gens. Elle a un carré blond, de grands yeux marron, un visage fin, presque angélique. Tout comme sa voix, qui est douce et forte à la fois. Quand elle tient la carte du restaurant, je remarque un tatouage sur sa main, quatre points qui forment un carré, et un dernier point au milieu. J'avale ma salive avec difficulté, me rappelant que ce genre de tatouage est fait par les prisonniers ayant écopé d'une longue peine.

Alors, tu veux quoi?

Sa voix me sort de mes pensées et je sursaute.

Euh... une omelette. Je réponds au hasard.

On mange en silence jusqu'à ce que je tente une approche.

Pourquoi tu fais ça?

Oh! C'est vrai j'oublie toujours cette règle. Commence-t-elle, plus pour elle-même que pour moi. Pour l'argent bien entendu.

Pour l'argent? Il y a d'autres moyens de gagner de l'argent! M'offusquais-je.

Ah oui, et tuer des gens sans savoir pourquoi c'est mieux à ton avis?

Sa voix est devenue glaciale, mais elle a raison. En y repensant, ça me retourne l'estomac. Je file aux toilettes, chancelante.

Quand je vide le contenu de mon estomac, j'entends sa voix derrière mon dos. Elle s'adosse au mur de la cabine.

J'avais jamais vu quelqu'un se mettre dans cet état là. La plupart n'ont aucun remords. Ils ont juste peur de ce qui va leur arriver. Elle marque une courte pause. Et toi, Maïa, as- tu peur?

La façon dont elle prononce mon nom me fait frissonner.

Oui j'ai peur de ce qu'il va ma faire.

Je m'assois sur le sol et lève la tête vers elle. Elle a le visage fermé et regarde droit devant elle.

On doit repartir, on a encore de la route à faire.

▪︎▪︎▪︎

On s'installe dans ma voiture et je lui remet les menottes par précaution. Même si je sais ce qu'elle a fait, elle n'a pas l'air dangereuse. Elle a l'air terrifiée et ses yeux verts n'ont aucun éclat. On dirait qu'on lui a volé tous ses espoirs.

Au bout de plusieurs heures de route, Maïa brise le silence.

Je t'ai pas demandé, comment tu t'appelles?

Astrid.

Et ce... ce tatouage sur ta main...

Oui j'ai fait de la prison. La coupais-je, sachant ce qu'elle va me demander ensuite.

Je peux te demander pourquoi?

Parce que je me suis fait prendre. Mais ça n'arrivera plus.

Non je voulais dire...

Je sais très bien ce que tu demandes, mais je pense que tu préfères ne pas savoir.

Elle se retourne vers la vitre.

▪︎▪︎▪︎

On s'arrête dans un endroit un peu désert, il n'y a pas beaucoup d'habitations dans le coin. Astrid gare la voiture sur le parking d'un motel.

Descend, je dois régler un truc avant de te ramener. Je vais te laisser ici, mais t'inquiète pas je ne vais pas te laisser sans surveillance.

Au même moment, une femme habillée d'un tailleur sort d'une voiture de luxe. Elle a de longs cheveux roux ondulés et une démarche assurée.

Gwenaelle, Maïa, Maïa, Gwenaelle. Je devrais pas mettre trop longtemps. Tu la ramène chez toi ou vous restez ici?

Je la ramène. Je peux avoir les clés des menottes de la demoiselle?

Astrid lui tend les clés. Je suis Gwenaelle jusque dans sa voiture.

Attends-moi là une minute tu veux?

J'hoche la tête alors qu'elle part dire quelque chose à Astrid. Quand elle revient, elle m'enlève les menottes et démarre.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant