Entre deux maux

Chapitre 40

Le visage de mon père apparaît à l'écran et le nôtre dans un plus petit espace en bas du téléphone.

Tiens, je savais pas que tu savais faire des appels vidéo !

Sache, ma fille, que je sais faire plein de choses.

Il fronce les sourcils et plisse les yeux avant d'attraper sa paire de lunettes.

Tu as vraiment changé depuis… enfin, tu es magnifique Maïa ! Il se retourne vers Astrid qui sourit timidement. Oh, elle est vraiment belle ta petite copine! Encore plus qu'à la télé.

En fait, papa, As et moi, on est fiancées.

Il semble surpris et intéressé.

Ah? Vraiment ? Depuis quand ?

A vrai dire c'est tout récent, je voulais te l'annoncer avant que maman le fasse… Elle a appelé ce matin.

Oh, j'en déduis que ça ne s'est pas bien passé.

Papa, elle m'a foutu dehors ! Je ne veux plus lui parler! 

Il semble attristé par la révélation.

Je me disais que de l'eau avait coulé sous les ponts… que vous pourriez vous réconcilier…

Arrête, tu sais que c'est impossible. Même toi tu ne lui a pas pardonné, vous avez divorcé à cause de ça!

Je me rends compte que je me mets en colère pour rien, et je sais qu'au fond il a raison, ça fait bien longtemps que cette histoire s'est passée. Je devrais peut-être songer à lui pardonner.

En tout cas, toutes mes félicitations, j'espère que je serai invité au mariage.

Bien sûr papa.

Sinon il n'y aurait pas grand monde. Ajoute As.

C'est vrai qu'on a pas grand monde à inviter. Je finis par dire au revoir à mon père et raccroche, soulagée qu'il ait bien pris la nouvelle.

▪︎▪︎▪︎

Les soirées s'enchaînent et le Renouveau est toujours aussi bondé, au grand bonheur de Maïa. En journée, elle fait passer des entretiens à du personnel qualifié pour assurer les services, parce que moi, j'avoue que je galère un peu. Ça me fait plaisir de l'aider, mais j'aimerais aussi trouver une activité (légale) qui me corresponde.

Le problème, c'est de trouver un travail avec un casier judiciaire plus que rempli. Je commence à désespérer alors que je me balade sur les réseaux et tombe sur une alerte disparition d'enfant. C'est peut-être ma chance de remettre un pied dans les enquêtes tout en faisant quelque chose de bien. Et puis, redorer mon image ne me ferait pas de mal.

Je commence à prendre des informations sur cette jeune fille qui a disparue, il y a seulement 17 heures. La police soutient souvent qu'il faut attendre 24 heures avant qu'une disparition soit considérée comme telle. Mais c'est faux, il faut agir au plus vite. En 17 heures, elle a déjà pu quitter le pays. Je récupère l'adresse des parents de l'enfant et vait sonner chez eux.

Une femme d'une quarantaine d'années ouvre la porte. Son visage qui était plein d'espoir se referme peu à peu quand elle se rend compte que je ne suis pas celle qu'elle attend.

Bonjour…

Vous? Partez d'ici immédiatement ! On a déjà assez à faire comme ça! 

Justement, je commence en retenant la porte qu'elle a essayé de refermer, je suis là pour vous aider à retrouver Gabrielle.