Chapitre 32

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Astrid à l'air préoccupée depuis que son immeuble a brûlé. Elle ne parle plus ou très peu, même quand Nadia lui fait une remarque pour la faire réagir. Et ça commence à toutes nous inquiéter.

Astrid, qu'est-ce qui va pas? Lui demandais-je pour la énième fois.

Mais cette fois-ci, son masque se brise. Ses yeux se remplissent de larmes et elle se renferme encore plus sur elle-même.

Ils sont morts alors qu'ils n'avaient rien à voir là-dedans. Tout ça parce que je suis rentrée chez moi...

La plupart étaient au travail à cette heure-ci, et les autres ont certainement pu s'enfuir avant que les flammes ne les atteignent.

Pas Rick. Il habite dans l'appartement à côté du mien. Il passe sa journée chez lui à boire. Il devait certainement être en train de décuver sur son canapé...

Elle ravale ses larmes et son visage se ferme à nouveau.

Je ne l'aimais pas vraiment mais il ne méritait pas de crever comme ça alors qu'il a jamais fait de mal à personne. Reprend-t-elle.

Tu sais pas, s'il faut il est pas mort! Tu as refusé de regarder les informations pour savoir.

Je veux pas savoir parce que ça me fait mal!

Sa voix se brise. Son regard est rempli de tristesse et je ne sais pas quoi répondre. Elle boitille jusqu'à la chambre et s'assoit sur le bord du lit, je me joins à elle.

C'est pas ta faute Astrid.

Elle se met a pleurer, je ne l'avais jamais vu comme ça.

Je n'arrive pas à me comprendre. Pourquoi ça me fais rien quand je tue moi-même mais quand c'est quelqu'un d'autre qui tue, je me sens aussi mal?

Parce que les gens que tu tues sont des criminels et que ceux-là étaient tes voisins.

Ça n'excuse pas le fait que j'ai tué mon propre père et que j'ai eu aucun remords!

▪︎▪︎▪︎

Ses yeux s'agrandissent et elle se recule légèrement de moi. Elle est surprise, mais pas seulement, la peur s'est réveillée dans son regard. Et... putain comme ça fait mal de voir que je l'effraye!

Pourquoi? Je l'entends murmurer à côté de moi. Pourquoi tu l'as tué?

Je soupire au souvenir de ce passé pas si lointain.

Il était violent envers moi... et puis un jour, il a commencé à s'en prendre à Manon aussi... Et j'ai pas pu le supporter.

Je sens sa main sur mon bras et je remarque que j'ai les poings serrés à cette pensée.

Je t'épargne les détails, mais c'est pour ça que je suis allée en prison. C'est comme ça que j'ai rencontré Gwen, et un peu après Nadia. C'est comme ça que je suis devenue ce que je suis maintenant.

Mais... tu aurais encore du être en prison pour meurtre... les peines sont longues.

Oui, mais j'ai eu une très bonne avocate... et puis, je me suis enfuie dans tous les cas.

La stupeur se lit une nouvelle fois sur son joli visage.

Comment?

C'est visiblement sa curiosité qui parle à présent.

Tu te souviens quand je t'ai dit que j'étais morte? Elle hoche la tête. Et bien je suis officiellement morte en prison. J'ai pris des médicaments pour faire ralentir mon rythme cardiaque alors les flics m'ont déclaré comme morte. J'ai été emmenée par un camion jusqu'à une morgue et quand le gars a ouvert la porte du camion, je l'ai assommé et je suis partie. J'ai retrouvé Nadia et elle m'a aidé à retrouver ma sœur et à commencer ma nouvelle vie.

Mais comment t'as fait pour trouver ces médicaments? Et les gardes ne se sont rendus compte de rien?

Tu sais, avec un peu d'argent et d'influence les gens se taisent. J'étais parmi les plus jeunes de la prison, mais on s'en prenait pas à moi parce qu'on me demandait des services. Je cassais des gueules par ci par là pour avoir ce que je voulais. Les prisonniers comme les gardes étaient mes clients. C'est comme ça que ça a commencé. En bref, je me suis cassée de taule à 19 ans, et c'est tant mieux. Au moins j'ai pu passer quelques années avec Manon.

Mon cœur se serre en repensant à elle. Et mes poings se serrent en repensant à comment elle est morte. J'aurais pu éviter ça de tellement de façons possibles...

Comme si elle comprenait ce que je pensais, Maïa me prend dans ses bras. Son odeur m'enivre et sa douce chaleur me réconforte.

Tu ne peux pas changer le passé, Astrid.

Non, mais je compte faire tout mon possible pour te donner l'avenir que tu mérites, Maïa. Je ne reproduirai pas les mêmes erreurs deux fois.

▪︎▪︎▪︎

Elle resserre ses bras un peu plus fort autour de moi et enfouit sa tête dans mon cou.

Maïa, je veux pas que tu aies peur de moi... je sais que j'ai fais des choses horribles, mais... j'ai besoin d'éliminer quelqu'un... la dernière fois...

De quoi tu parles?

Elle se recule pour me regarder dans les yeux.

Maïa je t'aime tellement. Je te protégerais, c'est promis.

Elle m'embrasse rapidement avant de se lever, toujours en boitant légèrement.

Où vas-tu? Demandais-je.

Elle se retourne et sourit tendrement.

Je t'aime Maïa. Mon monde s'illumine enfin quand je suis avec toi, et je ne laisserai personne te voler ta lumière une seconde fois.

Elle sort de l'appartement et je suis chamboulée par ce qu'elle vient de me dire. J'hésite à la suivre, je devrais peut-être prévenir Gwen? J'ai peur qu'elle s'attire encore des ennuis.

C'est pas vrai! M'exclamais-je pour moi-même en sortant à mon tour.

J'ai emprunté la voiture de Gwen, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas. Je me doute qu'Astrid est partie chercher Antonio, alors je prends la route qui mène jusqu'à chez lui, et retrouve rapidement la trace de sa voiture. Je la suis et je comprends qu'elle m'a remarqué quand elle s'arrête sur le petit parking d'une station service.

Qu'est-ce que tu fais là? Tu aurais dû rester à l'appartement, je voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose.

As... tu n'as pas à faire ça... Pas toute seule en tout cas.

Je verrouille la voiture de Gwen et monte à côté d'Astrid. Elle reprend sa place et se remet en route. Je pose ma main dans la sienne.

Moi aussi je t'aime, As.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant