Chapitre 46

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J'entends que le ton monte en bas et comprends immédiatement ce qui ce passe. Je descends les escaliers quatre à quatre et remarque qu'Astrid se retient de frapper sa mère.

Astrid je n'irais nulle part tant que tu ne seras pas plus bas que terre. Tu m'as tout pris. A ton tour de tout perdre.

Avant qu'aucune des deux femmes ne remarque ma présence, je m'interpose entre elles deux.

Astrid a déjà assez souffert et en grande partie par votre faute! Vous n'avez aucun droit d'être ici et si vous revenez, j'appelle la police!

Elle semble déboussolée, elle ne s'attendait visiblement pas à ce genre d'accueil. Son visage exprime un tas d'émotions à la fois et sa bouche tente d'articuler des mots, mais aucun son ne sort. N'ayant certainement plus d'arguments, elle me gifle et je retiens Astrid d'aller lui refaire le portrait. Elle finit par sortir, et, comme la première fois, claque la porte derrière elle.

Oh, cette putain de garce! Je vais allez lui dire deux mots!

As, ne fait pas ça. Ça ne sert à rien.

Elle n'a pas à lever la main sur toi!

Ce n'est rien. Je vais bien.

Elle prend mon visage dans ses mains et l'inspecte sous tous ses angles.

Tu vois? J'ai rien, je te l'ai dit.

Ce n'est pas une raison! S'exclame-t-elle, en serrant les poings.

On remonte chez nous dans le plus grand des silences.

Tu savais que c'était elle? Finis-je par demander.

Je m'en doutais.

Alors pourquoi tu ne m'as pas laissée gérer ça?

Parce que je pensais que j'y arriverai.

▪︎▪︎▪︎

Mais on est une équipe ! Tu n'as plus à tout affronter seule.

J'ai pas l'habitude. Il va me falloir du temps pour m'y faire. Je répond en lui bousculant l'épaule.

Elle secoue la tête en levant les yeux au ciel.

Le samedi arrive rapidement sans plus aucune nouvelles de ma mère. Les amies de Gabrielle viennent d'arriver, et elles paraissent toutes en forme et motivées. Ça me fait plaisir de penser à autre chose qu'à ma mère, surtout que mon mariage est dans deux semaines, et qu'on est en train de boucler les préparatifs.

Elles sont six, ce qui est pratique pour faire des exercices en binôme. Je leur montre différentes techniques de combat, du karaté à la boxe, passant par le krav maga. Après deux bonnes heures d'exercice, Maïa leur propose de rester prendre le repas, ce qu'elles acceptent toutes volontiers. Elles sont heureuses d'avoir appris de nouvelles choses, et sont partantes pour revenir samedi prochain, avec peut-être plus de monde.

Et si je donnais de vrai cours? Dans un gymnase, peut-être même au lycée où elles sont? Remarque, pas sûr qu'un établissement scolaire me laisse approcher des adolescents, et franchement, je les comprends. Je pourrais alors me lancer à mon compte, comme l'a fait Maïa. J'y songerais plus en détail quand le mariage sera passé.

Le petit groupe repart et je remet les tables en place. Maïa est au téléphone avec son père et j'en profite pour sortir faire quelques courses, mais à peine ais-je mis les pieds dehors que mon instinct me dit de rentrer. J'aurais dû l'écouter.

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Je n'avais pas vu le temps passer, mais je me rends compte que l'après-midi est déjà bien entamée quand je décide de raccrocher avec mon père. C'est étrange qu'Astrid ne soit pas déjà rentrée. Je lui envoie un message pour lui demander si tout va bien et j'ai le droit à un "Oui, t'inquiète." qui ne lui ressemble pas vraiment. Je ne relève pas et alors que les heures défilent, une sensation étrange grandit en moi.

Je l'appelle et après de très longues secondes, elle décroche.

T'es où ? Demandais-je, plus qu'inquiète.

Je l'entends hésiter à l'autre bout de l'appareil avant de répondre.

Ma voiture est tombée en panne, mais tout va bien. Je suis chez le mécanicien, je t'appelle plus tard.

Je t'aime, As.

Sa voix se brise quand elle me répond.

Moi aussi je t'aime.

Elle raccroche de suite après et je sais que quelque chose ne va pas. Je sais qu'elle ne m'a pas dit la vérité.

Prise de panique, je compose le numéro de Gwen. Elle ne répond pas la première fois, alors je la rappelle. Quand elle décroche, j'entends Nadia qui ronchonne derrière.

Maïa? T'es bien gentille de m'appeler, mais tu pourrais tenir compte du décalage horaire. Dit-elle d'une voix endormie.

Gwen, je crois qu'Astrid est en danger, sa mère est revenue et depuis…

Quoi!? C'est une blague! Me coupe-t-elle. Cette garce a osé se pointer chez vous?

Oui, mais… As est partie depuis un moment, je l'ai appelé et elle était vraiment étrange, comme si elle avait peur.

On arrive le plus vite possible, mais ça sera pas avant demain, ne fait rien de stupide d'ici-là. Préviens la police et ne te met pas en danger. Dit Nadia, maintenant tout à fait réveillée.

Alors que le soleil entame sa descente, je me rends au commissariat où je dépose un avis de disparition, mais je n'attends pas grand chose de cette démarche.

Désolé Nadia, mais j'ai pas le choix. Dis-je pour moi-même en traçant le téléphone d'Astrid, comme je l'ai déjà vu faire.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant