Chapitre 44

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Le bruit du verre brisé attiré mon attention et je me rapproche d'Astrid.

Maman!? Demande-t-elle, pas vraiment sûre d'elle.

Je reste interdite un moment, ne sachant pas vraiment si j'ai bien entendu ce que Astrid à dit.

Tu as bien changé. Dit la femme comme seule réponse.

Astrid remarque ma présence à ses côtés et s'avance légèrement devant moi, comme pour me mettre en sécurité.

Tu n'as rien à faire ici! Vas-t'en.

Sa mère fronce les sourcils et croise les bras. Elle a le même regard caramel qu'Astrid, mais des cheveux plus foncés, elle est plus petite que sa fille, et a l'air jeune pour être sa mère.

Après tout ce que tu as fait, tu pourrais au moins avoir la politesse de ne pas me dégager d'ici !

Oh, mais ce n'est pas moi qui vais te dégager, mais les flics!

Tu n'oserai pas, tu sais que tu ne peux pas leur faire confiance. Les flics fouillent toujours là où tu veux pas.

Ma fiancée serre les poings tellement fort que ses jointures blanchissent.

Comme tu l'as dit en arrivant, j'ai changé. Je n'ai plus rien à cacher à la justice, par contre, je ne pense pas que ce soit ton cas.

Tu ne connais rien de moi, par contre, je sais tout le mal que tu as fait autour de toi! Et je suis persuadée que ton amie adorerait savoir qui tu es vraiment!

Astrid s'avance davantage, s'interposant entre sa mère et moi.

Maïa est ma fiancée, et elle sait déjà qui je suis. Essayer de retourner mes proches contre moi, c'est bas! Non, en fait, ça te correspond bien. Maintenant, sors de chez moi!

Tu n'en as pas fini avec moi, Astrid.

Elle sort en claquant la porte et Astrid semble être dévastée.

Ça va? Tentais-je sans grande conviction.

Elle hoche la tête et me prends dans ses bras. On ne bouge pas pendant un long moment.

J'ai juste envie de t'avoir près de moi… Finit-elle par dire.

Je sais, et je suis là. Monte te coucher, je finis de ranger et je te rejoins.

Elle m'embrasse sur le front pour me remercier et s'exécute.

▪︎▪︎▪︎

Je n'arrive pas à croire que ce qui vient de se passer est bien réel. Elle réapparaît dans ma vie après plus de 11 ans, et je pensais que, si ce jour arriverai, je serai prête, mais de toute évidence, c'était faux. Ce qui me blesse le plus, c'est qu'elle n'a jamais été présente, ni pour moi, ni pour Manon, et là, elle se permet de venir pour essayer de foutre la merde dans ma vie!

Après une bonne dizaine de minutes à ruminer, j'entends Maïa monter et je me détends un peu.

Je sais que tu ne dors pas, alors parle moi. Dit-elle en entrant dans la chambre.

Je me redresse pour la regarder et suis surprise par la vue qu'elle m'offre. Elle est à moitié nue, en train de se changer.

Vas-y, ne te gêne pas, admire la vue. S'amuse Maïa.

Tu me déconcentre!

Allez, soit sérieuse. Revoir ta mère te tracasse, alors raconte moi. Pas de secrets, tu te souviens ?

Un silence réconfortant s'installe quelques instants avant que je me décide à prendre la parole.

Je ne l'avais pas revu depuis que je suis allée en prison… enfin, depuis que j'ai été arrêtée, parce qu'elle n'était pas là au procès, elle n'était pas là quand on m'a condamné, elle n'est jamais venue me voir, elle ne s'est jamais excusé d'avoir laissé mon père faire, elle ne s'est même pas occupée de Manon, c'est Gwen qui s'est chargé de la placer en famille d'accueil, elle n'était pas là quand je me suis évadé de prison et que j'ai essayé de la recontacter, elle n'était pas là quand Manon avait besoin d'argent pour son opération, et que je me suis lancée dans la chasse à l'homme, elle n'était pas là non plus à l'enterrement de ma petite sœur, elle n'était pas là pour m'aider à faire mon deuil, jamais elle n'a été présente dans ma vie, jamais elle ne m'a aidé, jamais elle a été une mère. Et voilà qu'elle débarque pour… Je ne sais même pas pourquoi enfaite.

Elle se rapproche et me serre dans ses bras.

Ça t'a fait du bien?

Pas vraiment… j'ai tellement de colère envers elle…

▪︎▪︎▪︎

Je garde Astrid collée à moi toute la nuit, son sommeil est agité et je n'imagine pas ce qu'elle doit ressentir en ce moment. Elle se réveille tard dans la matinée, et moi, je n'ai pas bougé du lit.

Tu dois te poser pas mal de questions. Me dit-elle, à peine réveillée.

Ça peut attendre.

Non, pas de secrets. Alors, tu demandes ce que tu veux savoir, et je t'explique. Tu as le droit de savoir qui j'ai été avant qu'on se marie.

Je réfléchis un instant, ne sachant ni par où commencer, ni quoi réellement poser comme question.

Pourquoi ta mère ne s'est pas occupée de Manon quand tu étais en prison?

C'est une toxico, alors, qui sait? Mais, je pense que c'était mieux comme ça.

Elle était violente envers toi?

Pas physiquement, non.

Un abus reste un abus, qu'il soit physique ou verbal. Alors?

J'ai pas eu une enfance facile, si tu veux tout savoir. Ma mère m'a eu à seize ans, mon père en avait déjà vingt. Elle s'est émancipée pour se mariere avec lui. Quelle erreur. Et d'emmerdes en emmerdes, nous voilà ici. Du coup, elle s'est dit que tout leur problèmes étaient de ma faute.

Tu sais que c'est pas ta faute, hein?

Elle hoche la tête.

Oui, maintenant je le sais. Alors, qu'est-ce que tu veux savoir d'autre?

Est-ce que tu as déjà pris du plaisir à… à tuer quelqu'un.

Non, sûrement pas! S'offusque-t-elle. Même pour le Collectionneur, ça ne m'a fait ressentir aucune satisfaction.

Je détourne le regard en repensant à cette nuit là, celle où je pensais que j'allais mourir. Celle où, elle aussi, a dû penser mourir, affrontant chacune de notre côté nos bourreaux respectifs.

Maïa… me dit-elle en me serrant contre elle. Je suis désolée de ce qu'il s'est passé ce jour-là, mais, je vois bien que tu veux me demander autre chose, alors vas-y. Je suis prête.

Pourquoi le Collectionneur s'en est pris à ta sœur et à toi?

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant