Chapitre 51

81 4 1
                                    

Ses mains tremblent alors qu'elle pointe le canon de l'arme vers moi. Tout le monde reste immobile, de peur qu'elle tire si elle se sent menacée.

Je fais un pas vers elle tout en retenant ma respiration.

Tu n'as pas à faire ça. Tentais-je de la raisonner.

Nadia est prête à bondir sur elle pour la neutraliser, mais il y a trop de risque qu'un coup de feu parte et blesse quelqu'un.

N'avance pas! Crie ma mère. 

Mon sang bat dans mes tempes alors que j'essaie de trouver une échappatoire à cette situation. Les parents de Maïa sont effrayés, surtout qu'ils n'ont pas été mis au courant de la situation épineuse avec ma mère. La situation m'échappe quand l'adjoint du maire se met à s'enfuir.

Elle tire.

Elle tire sur moi, mais je ne suis pas touchée.

Et je ne suis pas touchée parce que Maïa s'est interposée entre la balle et moi.

Je la rattrape alors qu'elle bascule en arrière et l'allonge dans l'herbe. Son regard est terrifié et la tache rouge continue de s'étendre sur sa robe blanche. Je presse sa blessure du mieux que je puisse et la panique me gagne.

Pourquoi t'as fait ça!?

Malgré la peur, elle sourit et répond d'une voix faible.

Je sais pas. J'ai juste voulu te protéger.

Ne fait plus jamais ça. 

Je me sers de ma veste de costume comme d'un garrot et la place autour de son abdomen. Je serre aussi fort que possible ce qui fait gémir Maïa de douleur.

Un autre coup de feu part et je relève la tête. C'est Nadia qui a tiré sur la voiture de ma mère qui s'est enfuie. Elle le fait signe qu'elle part à sa poursuite. Gwen appelle les secours et les parents de Maïa accourent auprès d'elle.

Je pose la tête de ma fiancée sur mes genoux.

J'ai peur, As. Dit-elle alors qu'une larme roule sur sa joue.

▪︎▪︎▪︎

J'ai du mal à savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Je m'assoupis souvent et on me réveille toujours. Mais je veux juste me reposer un moment, ça fait vraiment mal. La voix de Gwen me parvient de loin, mais je n'entends pas vraiment ce qu'elle raconte. Je sais juste que ce n'est pas bon signe au vu de la tête que fait mon père.

Je sens mon corps s'élever du sol. Alors c'est ça qu'on ressent quand on meurt?

Puis je réalise que je ne lévite pas, mais qu'on me porte, qu'Astrid me porte.

C'est trop long vingt minutes ! Je l'emmène moi même.

Elle m'installe à l'arrière de sa voiture et mon père s'assoit et pose ma tête sur ses genoux. Le bourdonnement dans mes oreilles cesse enfin.

Ne la laisse pas s'endormir ! Lance-t-elle, certainement à l'intention de mon père.

C'était stupide ce que tu as fait, mais je suis fier de toi. Dit-il alors qu'Astrid roule à toute allure.

Il réussit à m'arracher un sourire, mais mes paupières se ferment. C'est la douleur qui me réveille, certainement moins d'une seconde après. Astrid roule de façon brutale et mon père doit me retenir pour ne pas que je bascule du siège.

Reste avec nous Maïa, on est presque arrivé. 

Mais cette fois ci, je plonge dans un profond sommeil.

▪︎▪︎▪︎

Elle ne se réveille pas! Qu'est ce que je fais? Cri Alexandre paniqué.

Je… J'en sais rien! Criais-je à mon tour.

Plus que quelques minutes et on sera à l'hôpital. Je conduis de façon très dangereuse et les larmes qui brouillent ma vision ne me facilitent pas la tâche.

J'arrête la voiture devant l'hôpital et porte Maïa à l'intérieur, suivie de près par son père.

Tout le reste est assez flou, il y a d'abord plusieurs regards qui cherchent à comprendre pourquoi on arrive aussi paniqué, puis les infirmières qui emmènent Maïa tout en nous disant qu'on ne peut pas la suivre.

Je m'assois dans la salle d'attente, recouverte du sang de ma fiancée. Alexandre s'installe à côté de moi et me prend dans ses bras.

Ça va aller. Ma fille est une battante.

Je me mets simplement à pleurer en lui demandant pardon. Je réalise alors que tout ce qu'il c'était passé jusqu'ici était bien réel. Que Maïa est bien entre la vie et la mort à cause de ma mère. Et que j'aurais pu la protéger de tellement de façons, mais je n'ai rien fait. Que j'ai laissé couler en me disant que je vivais ma nouvelle vie, et que les maux de mon passé ne pouvaient pas m'attendre. Mais comme j'avais tort ! Je ne peux pas perdre Maïa comme j'ai déjà perdu Manon. 

Calme toi Astrid. Maïa est entre de bonnes mains, tu verras. Continue Alexandre.

Mais on peut voir toute l'angoisse sur son visage. On peut aussi voir les larmes qu'il a versé. Et pourtant, il continue de me réconforter.

Isabelle et Gwen arrivent peu de temps après. On passe le reste de l'après-midi ici, on passe aussi la nuit ici, toujours sans nouvelles. Le lendemain matin, Gwen me dit que Nadia n'a pas réussi à retrouver ma mère. Ce qui rajoute de l'angoisse à tout ce qui est en train d'arriver. Je pense un instant à aller la chercher moi-même, mais je pense ensuite à Maïa et cette idée quitte immédiatement mon esprit.

En milieu de matinée, Gwen reçoit un appel et décroche en parlant russe. Je réalise alors que Nadia et elle vont devoir retourner en Russie pour leur travail. Je ne comprends pas vraiment la conversation mais parvient à capter quelques mots disant que c'est urgent.

Vas-y. Dis-je avant qu'elle ne me dise quoi que ce soit.

Elle me serre fort dans ses bras et me dit de la prévenir dès que j'ai du nouveau. Elle me lance un dernier regard compatissant avant de disparaître derrière les portes automatiques.

C'est en fin de soirée qu'un infirmier s'approche de nous avec une mine grave, et je sens mon monde s'effondrer.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant