Chapitre 29

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Je fais les cents pas dans le salon de Gwen, attendant des nouvelles de Nadia. On finit par sonner à la porte et Gwenaelle se précipite pour ouvrir. Quelques instants plus tard, Nadia fait irruption dans l'appartement en portant Astrid. Elle la dépose sur un canapé et je me précipite vers elle.

Qu'est-ce qu'il s'est passé? Je m'empresse de demander.

Je crois qu'elle s'est fait enlevée par le mec qui te cherchait.

Mon cœur se serre et ma gorge se noue quand je pense que c'est de ma faute si elle est dans cet état là.

Gwenaelle et Nadia discutent à voix basse dans la cuisine, mais elles auraient beau crier, je ne les entendrais pas. Je fixe simplement Astrid, espérant qu'elle se réveille. Je glisse ma main dans la sienne, plus pour me rassurer moi qu'elle, mais elle resserre faiblement ses doigts.

Maïa... Souffle-t-elle faiblement entre deux respirations.

C'est fini Astrid, on est là. Je suis là.

Elle ouvre les yeux et semble être perdue dans un autre monde. Elle se redresse et Gwen accourt pour lui dire de se rallonger.

Putain, j'ai bien cru que j'allais crever! Dit-elle d'une voix éraillée.

Qu'est-ce qu'il s'est passé? Demande Gwen en lui apportant un verre d'eau.

Antonio m'a pris en embuscade alors que je roulais. Je sais pas trop comment il a fait pour me retrouver... Et puis ils m'ont emmené là où Nadia m'a trouvée. D'ailleurs, merci. Tu arrives toujours au bon moment.

Tu apprendras avec l'expérience. Répond-elle pour plaisanter, mais son visage est marqué par l'inquiétude.

J'ai eu tellement peur Astrid. Finis-je par dire en la serrant dans mes bras.

▪︎▪︎▪︎

Je ne veux plus la lâcher. J'ai cru mourir tellement de fois ces derniers jours que j'avais oublié ce que c'était de ressentir autre chose que de la peur. Au contact de Maïa, mon esprit se calme et mon corps en redemande. Elle est comme une drogue, c'est pourquoi c'est dangereux pour moi de m'attacher à elle. Si seulement je m'en étais rendue compte avant...

Elle se sépare lentement de moi, mais laisse sa main dans la mienne. Gwen et Nadia nous laissent seules dans le salon.

Je m'en veux tellement de ce qu'il t'a fait. Je suis désolée...

Arrête Maïa. Tu n'as rien fait... Tu culpabilises bien trop alors même que tu n'y es pour rien. Tu n'as pas changé depuis notre première rencontre...

Tu dis ça comme si on se connaissait depuis des années. Mais c'est en partie de ma faute. Il t'a torturé pour me retrouver.

Je m'allonge sur le côté, de manière à la regarder.

Écoute-moi bien. J'ai fait mon choix. Et c'est toi que j'ai choisie, Maïa. Je savais ce qui m'attendait mais je t'ai quand même choisie. Je ne peux m'en prendre qu'à moi même.

Je me redresse et m'assois face à elle, tant pis pour les recommandations de Gwen.

C'était stupide... t'aurais pas dû... Je t'en aurais pas voulu, tu sais.

Peut-être, mais moi je m'en serais voulu. Je me suis promis de te protéger, et c'est ce que j'ai fait. Et ce que je vais continuer à faire.

Tu n'as pas à...

Je te l'ai dit, je t'ai choisi.

Ses yeux verts sont remplis de larmes, et si je la vois pleurer, il y a de fortes chances que je pleure aussi. Hors de question de montrer mes faiblesses. Je m'esquive en disant vouloir prendre une douche.

L'eau chaude qui coule sur mes muscles endoloris me fait du bien. J'en profite pour regarder les dégâts. Des bleus, pleins, des entailles aussi, plus ou moins profondes. Des douleurs ici et là, mais le plus dur est passé.

▪︎▪︎▪︎

Astrid sort de la douche pendant que je prépare à manger. J'ai bien vu que Gwen était une habituée des plats tout près, et Nadia n'a pas l'air de s'intéresser à la cuisine non plus. Et comme c'est la seule chose que je sais faire, autant me rendre utile.

Elle s'assoit sur un tabouret derrière l'îlot de la cuisine.

Ça sent bon... Qu'est-ce que tu prépares?

Une blanquette de veau, ça te vas?

Je crois que n'importe quoi m'irait.

Après un bref silence, elle reprend.

Elles sont où Gwen et Nadia?

Je ne sais pas du tout. Elles sont parties et elles m'ont dit de rester ici avec toi.

Elle hoche la tête et se lève.

Tu devrais plutôt te reposer...

Maïa, tu es en danger. Je vais faire payer Antonio pour ce qu'il a fait, mais en attendant, tu dois te cacher.

Je me rapproche d'elle et secoue la tête.

Non! Je ne te laisserai pas... pas encore.

C'est dangereux de rester près de moi. Mon métier est dangereux. Et tant qu'Antonio sera encore en vie, il sera une menace pour toi. Alors je veux que tu trouves un endroit en sécurité et que tu y restes.

Astrid, je peux pas faire ça. Et puis, Nadia et Gwenaelle arrivent bien à être ensemble malgré le métier de Nadia qui est très similaire au tien, non?

C'est différent... Dit-elle en fuyant mon regard.

Astrid, je ne partirais pas, parce que moi aussi, je te choisis toi.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant