Chapitre 23

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Astrid m'a expliqué qu'elle comptait me faire passer pour morte, et que de cette manière, je pourrais avoir la vie que je voulais. C'est plutôt une bonne idée.

Tu voudrais pas sortir? C'est pas bon de rester enfermé toute la journée. Proposé-je.

Il faut qu'on soit prudentes. Si on nous voit... ça pourrait être dangereux.

Elle continue à peser le pour et le contre et finit par accepter.

Je connais un endroit tranquille. Finit-elle par dire.

Elle prend les clés de sa voiture et on sort de l'hôtel. Elle nous conduit dans un parc avec plein de fleurs et de grands arbres.

On marche un moment à l'ombre des arbres. Cet endroit est vraiment magnifique et on oublie presque les quelques autres personnes présentes.

Comme c'est beau! Tu viens ici souvent?

Elle s'arrête de marcher et on se retrouve devant un point d'eau où un petit groupe de canards se baignent. Elle se tourne vers moi avant de me répondre.

Quand j'ai le temps. Dit-elle, un léger sourire sur le visage.

Ses cheveux blonds brillent sous le doux soleil d'après-midi et ses yeux caramel me font fondre. Elle finit par briser le contact de notre regard et se remet à avancer.

▪︎▪︎▪︎

Je contourne le petit étang et continue de marcher au milieu des fleurs et des herbes. Maïa s'arrête et s'accroupit au milieu des fleurs pour regarder les lis de toutes les couleurs. Elle ressemble à une fée, assise comme ça, au milieu de la verdure. Elle remarque que je me suis arrêtée pour la regarder et se met à rougir.

Je devrais arrêter de tourner autour d'elle de cette façon, sachant très bien que je ne pourrais jamais la rendre heureuse.

Elle se rapproche de moi, une fleur à la main.

Tu sais, les lis sont mes fleurs préférées! Elles ont une grande histoire ces fleurs là. Chaque couleur à une signification. Dit-elle en souriant timidement.

Elle me tend la fleur rouge et la glisse dans la poche de mon gilet. Puis, elle repart gambader entre les arbres.

Je ne peux m'empêcher de la regarder. Elle semble apaisée comparé à la première fois où je l'ai rencontrée. Ses cheveux virevoltent au gré du vent et j'oublie les autres personnes qui sont dans le parc. J'ai l'impression qu'il n'y a qu'elle et moi. Et pourtant, je me suis promis d'arrêter de me blesser avec des personnes qui ne sont que passagères dans ma vie. Après Manon, j'ai arrêté de m'attacher. Il n'y a que de Gwen, et Nadia par extension, que je n'ai pas réussi à m'éloigner. Et voilà le résultat. J'aurais dû, il y a quelques années maintenant, m'enfuir loin et tout plaquer. Enfin, comme si j'avais grand chose à laisser.

Deux hommes louches me tirent de mes pensées. Ils nous observent Maïa et moi depuis un moment maintenant, et, bien que je n'y avais pas prêté attention, je me rends compte que quelque chose ne va pas.

Sans réfléchir davantage, je rattrape Maïa qui était devant moi et l'attrape par le bras.

Cours! Je lui dit en l'entraînant.

▪︎▪︎▪︎

Astrid me tire derrière elle depuis plusieurs minutes et je peine à tenir la cadence. Je ne comprends pas pourquoi elle s'est mise à courir comme ça, surtout à l'opposé d'où est garée sa voiture.

Astrid, stop, j'en peux plus! M'écriais-je entre deux foulées.

On est sorti du parc depuis un moment et on court au milieu des bâtiments. Elle finit par nous faire tourner dans une ruelle, plutôt brusquement.

Elle place son corps devant le mien qui est déjà collé au mur. J'essaye de calmer ma respiration après cet effort inhabituel, tandis qu'elle, elle semble parfaitement accoutumé à ce genre de course à pied.

Tu veux bien me dire ce qu'il se passe... Tentais-je de demander, mais elle met sa main devant ma bouche pour m'empêcher de parler.

Elle colle davantage son corps au mien quand deux personnes passent en courant dans la rue. Je ne vois pas qui ils sont parce qu’Astrid est devant moi, mais je comprends bien que c'est eux qu'on fuyait.

Elle retire sa main de ma bouche et se décale de quelques pas.

C'est qui eux? Demandais-je.

J'en sais rien, mais ça fait un moment qu'ils nous suivent. Viens, on rentre.

On fait le chemin inverse, cette fois-ci en marchant, et on monte dans sa voiture. Elle met le contact mais avant de démarrer, elle se tourne vers moi.

Je suis désolée qu'ils aient réussi à nous retrouver. Je m'occupe de te faire disparaître dès ce soir. Mais j'ai besoin que tu me fasses entièrement confiance pour que ça marche.

Je déglutis avec peine et j'ai peur de ce qu'elle va me demander de faire.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant