Elle reste plantée devant moi. Ses yeux fixés dans les miens, elle attend sûrement que je dise ou fasse quelque chose. Mais une seule phrase me vient à l'esprit.
Laisse-moi, je veux plus te revoir!
Je pars en courant et en espérant qu'elle ne me suive pas. Elle a fait tout ça pour moi, mais elle continue de travailler avec des personnes mauvaises. Elle me fait terriblement peur parfois. Et j'ai peur qu'elle s'en prenne à moi de la même façon qu'il le faisait, sauf que lui, je ne l'avais jamais vu tuer.
J'ai couru tellement longtemps que le soleil s'est levé et que les muscles de mes jambes me brûlent. Je ne sais ni où aller, ni quoi faire. Je n'ai même plus d'argent pour me payer à manger.
Ça y est, je suis morte aux yeux de tous. Je ne peux plus revenir en arrière. Ça me fait peur, mais pas autant que d'être retrouvée par Antonio. Avec un peu de chance, il va m'oublier, et Astrid aussi.
▪︎▪︎▪︎
Après que Maïa m'aie laissée, je suis rentrée à l'hôtel pour récupérer quelques affaires et appeler Gwen pour lui demander des nouvelles.
J'enfile mon gilet avant de partir, mais quelque chose en tombe. C'est la fleur que Maïa m'avait donné quand on était aller se promener. Je la remet dans ma poche et quitte pour de bon cet hôtel. Je devrais peut-être retourner à Bordeaux et reprendre ma vie d'avant, mais je n'en ai aucunement envie. Pas avant d'être sûre qu'elle soit en sécurité.Je me mets donc à la chercher, malgré qu'elle m'ait demandé de la laisser. Je ne dois pas lui avoir donné une très bonne image de moi, mais j'ai toujours fait ce qu'il fallait. Je n'ai pas eu la vie qu'elle a eu, et j'ai dû tuer pour pouvoir nous sauver, ma sœur et moi.
Mais au final, voilà où ça a mené. Le fait que j'ai choisi ce métier, pour pouvoir aider Manon, l'a finalement tuée, elle aussi. J'ai toujours eu peur que ça soit la même chose avec Gwenaelle, et plus récemment, avec Maïa.
Elle a bien fait de s'éloigner de moi, et peu importe ce que je ressens pour elle, je n'ai pas le droit de lui imposer ça. Mais je me dois quand même de la protéger jusqu'au bout.
La retrouver a été facile. Elle est assise sur un banc pas loin de la plage, le regard perdu vers le large. J'hésite un instant à aller m'asseoir à côté d'elle, puis je me ravise.
Le soleil de fin de matinée a séché ses habits et on ne dirait pas qu'on a failli se faire écraser par un bateau quelques heures plus tôt.▪︎▪︎▪︎
Je n'arrive plus à me lever de ce banc, je suis bien trop épuisée par les événements. Le bruit de pas sur le gravier derrière moi me fait me retourner, et je tombe nez à nez avec des yeux caramels et des cheveux dorés.
Désolé, je vais te laisser. Je voulais juste te rendre ça.
Elle repart aussi vite qu'elle est venue. Elle a laissé sur le banc un sac à dos avec mes vêtements, du liquide et, posé au-dessus du tout, un lis rouge. C'est certainement celui que je lui avais donné, car il est fané.
Je ne sais pas ce qui me prend, mais ma peur et ma fatigue s'estompent et je me mets à courir après elle pour la rattraper.
Astrid, attends!
Elle se retourne sans vraiment comprendre.
Je... je voulais pas te blesser tout à l'heure... C'est juste que... que j'ai eu peur...
Maïa, je ne te ferais jamais de mal, mais je crois que tu as raison. Je devrais te laisser. C'est mieux pour toutes les deux. Je t'ai laissé une nouvelle carte d'identité. Crée toi la vie dont tu as toujours rêvé.
Je n'arrive pas à lui répondre, ma gorge se noue à cause des larmes. Elle me tourne le dos et continue son chemin. Des larmes coulent le long de mes joues alors que je la regarde s'éloigner toujours davantage.
Quelle idiote je suis! J'aurais dû lui dire à quel point elle a changé ma vie. A quel point elle m'a redonné envie de vivre. J'aurais dû lui dire merci. J'aurais peut-être aussi dû lui dire qu'elle comptait beaucoup pour moi. Et que malgré tout ce qu'il s'est passé, malgré qu'elle ait failli me laisser tomber, je crois que je l'ai aimé depuis qu'elle m'a kidnappée. Parce qu' au fond, elle m'a sauvé.
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Entre deux maux
Mystery / ThrillerJ'aurais jamais dû accepter de la retrouver, ça m'aurait évité un tas d'emmerdes. Pourtant, sans ça, ma vie serait restée profondément pathétique. Pourtant, si je l'avais abandonnée, je ne me le serais jamais pardonné. ▪︎▪︎▪︎ Si je n'étais pas tom...