Chapitre 28

119 6 1
                                    

Arrête de te dandiner sur ta chaise, tu attires l'attention de tout le monde. Me dit Gwen à voix basse. Je t'avais dit de rester chez moi.

Une femme rentre dans le bar et c'est sans aucun doute Nadia. Elle a de longs cheveux blonds tressés et porte une robe élégante. Elle s'assoit à la même table que nous et elle ne semble pas enjouée par ma présence. Gwen et elle échangent quelques phrases en russe avant que Nadia me tende la main.

Je n'avais pas été prévenue qu'il y aurait quelqu'un d'autre. Nadia. Dit-elle dans un français parfait.

Maïa. Je réponds.

Il serait temps qu'Astrid arrête de s'attirer des ennuis, on ne pourra pas toujours être là pour la sauver. Dit la blonde à l'attention de Gwen.

Tu exagères, elle s'en sort souvent toute seule.

Peu importe. Dit-elle d'un ton sec. J'aime pas qu'elle t'implique dans ses affaires. Je sais que tu considères Astrid comme ta sœur, mais il y a des limites. J'ai bien cru que tu étais morte quand tu t'es fait enlever!

Parles moins fort! Et puis, ce n'est pas le sujet. S'énerve Gwen.

On donne toutes les informations qu'on a sur Astrid et l'endroit où elle pourrait être à Nadia. Cette dernière finit par se lever et donner un téléphone à Gwenaelle avant de partir.

Je n'aime pas rester trop longtemps sans nouvelles de toi. Dit Nadia en adressant un clin d'œil à Gwen.

▪︎▪︎▪︎

Antonio braque un flingue sur ma tempe en attendant que je parles. En vérité, je ne compte rien dire, en tout cas rien qui les aidera réellement. Je dois juste gagner du temps. Assez pour que quelqu'un se rende compte de ma disparition. Et pourtant, je sais que ça a peu de chances d'arriver.

Crache le morceau ou je remets le jus.

Ok, ok, c'est bon je vais tout dire... mais ça ne va pas te plaire.

Dis toujours. Répond-il en faisant pression avec le canon de l'arme.

Maïa est morte. On a eu un accident de bateau et elle est morte.

Tu mens. Tu me l'aurais dit tout de suite si elle était morte! On ne se fait pas torturer pour un cadavre!

Il enclenche à nouveau l'électricité, et pendant que mon corps se tétanise, mon cerveau cherche un moyen de me sortir de là. Le courant s'arrête.

C'était pas un accident! Criais-je avant qu'il ne rallume sa machine.

Grouille, j'ai pas toute la journée.

C'est moi qui l'ai tué et j'ai fait passer ça pour un accident. C'est pour ça que je voulais rien dire.

Tu me prends vraiment pour un con? Pourquoi tu l'aurais buté alors que t'as fait des pieds et des mains pour la sauver?

A cause de toi. Je réponds sans réfléchir.

Savoir qu'il aime être au centre de l'attention pourrait m'être utile. Il suffit juste que je lui raconte une histoire qui lui plaise, et ensuite, que je prie pour qu'il ne me tue pas.

Je l'ai tuée parce qu'elle voulait retourner avec toi et me dénoncer à la police pour tous les morts qu'il y a eu depuis que tu as buté ce mec.

Pourquoi elle aurait fait ça?

Je sais pas moi, tu devais lui manquer!

Il retire son pistolet de mon crâne et s'éloigne de quelques pas. Il paraît réfléchir mais finit par se retourner, une rage indescriptible dans ses yeux.

Tu mens! Tu mérites de crever! J'aurais jamais dû t'engager!

Il dégaine son arme et la pointe vers mon visage. Je ferme les yeux et mon souffle s'arrête alors que le son de la détonation résonne dans la pièce.

▪︎▪︎▪︎

Astrid a été plus compliquée à trouver que ce que je pensais, mais au final, elle n'a pas pu m'échapper. J'espère qu'elle a une bonne raison pour avoir disparu sans laisser de nouvelles, sinon je vais lui en donner une.

Je ne sais pas ce qu'elle est partie foutre dans un endroit aussi paumé, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas seule. Deux voitures sont garées devant et je n'en reconnais aucune des deux. Mon cœur s'accélère quand je me rends compte qu'elle n'a pas disparu de son plein gré.

Équipe deux, je vais avoir besoin de renforts, immédiatement. Demandais-je dans mon oreillette.

Moins d'une minute plus tard, ma fameuse équipe est à mes côtés. Contrairement à Astrid, je ne travaille pas seule, ce qui me permet d'éviter beaucoup d'emmerdes. Mais après tout, chacun sa façon de faire, et j'ai beau lui avoir appris la plupart des techniques qu'elle utilise aujourd'hui, elle a toujours aimé ajouter son grain de sel.

Je rentre dans le bâtiment suivie par mon équipe. Je suis les voix d'hommes qui nous mènent jusqu'au sous-sol. On se bat contre quelques gardes mais on n'a pas le temps de compter les blessés dans nos rangs. La voix d'Astrid s'élève derrière une porte, suivie par une voix d'homme. Elle essaie sûrement de négocier son cas, mais ça n'a pas l'air de fonctionner. Je défonce la porte alors même qu'un homme habillé d'un costume s'apprête à tirer sur Astrid, qui elle, a les yeux fermés. Sans réfléchir, je fonce sur l'homme armé, ce qui le déséquilibre et lui fait rater sa cible. Mon équipe s'occupe de désarmer les deux autres personnes dans la pièce.

Astrid ouvre les yeux quand elle se rend compte que la balle n'a fait que la frôler.

Nadia? Demande-t-elle, pas sûre de ce qu'elle voit.

Et oui, c'est bien moi. Défaites lui tout ça qu'on se tire d'ici en vitesse.

Elle chancelle en se levant de la chaise. Des bleus et des cicatrices marquent son corps et son visage enfantin. Elle a du mal à marcher alors je la soutiens, mais elle perd connaissance après quelques pas. Avec l'aide d'une collègue, on la porte et l'emmène dans le van qui va nous ramener chez Gwen.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant