Chapitre 15

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J'espère que je ne me lance pas dans un piège, quel qu'il soit. La voix de l'interphone s'avère être un grand homme musclé, plutôt beau gosse. Il me conduit en silence jusqu'à ce qui semble être un bureau. Sur le chemin je remarque qu'il a un pistolet glissé à la ceinture de son pantalon, et je me rends vite compte que le poignard que m'a prêté Astrid ne fera pas l'affaire.

Veuillez patienter un instant, j'appelle Boby.

Boby? C'est son vrai nom ça? En tout cas, il est encore plus imposant que le premier homme.

Vous avez demandé un déménagement express? Demande-t-il d'une voix excessivement grave.

Oui, tout à fait. Pour un seul colis.

Il hoche lentement la tête tout en me fixant droit dans les yeux, ce qui me met mal à l'aise.

Il se lève brusquement et se plante à côté de moi. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Sentant le danger, j'agrippe le couteau caché sous mon pull.

Je viens de la part d'Astrid. Dis-je, comme si ça me servirait de bouclier.

Il continue de me fixer en silence.

Soulève ton pull.

Quoi? Non!

Du calme, c'est pas toi que je veux voir, c'est ton arme.

Je lui tends le poignard qu'il examine quelques instants avant de me le rendre.

C'est bon, c'est bien son arme. Dit-il en s'éloignant de moi. Donne nous l'adresse, on fera le déménagement d'ici deux ou trois heures. Paiement sur place, mais Astrid à l'habitude.

L'habitude? Elle fait ça souvent? Moi qui me sentais en sécurité avec elle, je commence à avoir des doutes.

▪︎▪︎▪︎

Pendant que Maïa est allée chercher les "déménageurs", je suis retournée à mon appartement pour récupérer de quoi les payer. J'ai toujours de l'argent dans une cachette avec plusieurs fausses pièces d'identité, au cas où.

Comme j'aimerais avoir le pouvoir de me dédoubler! Je ne peux pas être ici à m'occuper de ce cadavre et m'assure que Gwen aille bien en même temps. Mon instinct me dit qu'elle est en danger et mon estomac se noue davantage à chaque minute que je passe sans la chercher. C'est hors de question que je l'abandonne! C'est la seule qui ait toujours été là pour moi, sans compter Manon, mais voilà le résultat!

La voix de Maïa me sort de mes sombres pensées. Elle est rentrée il y à plus d'une heure maintenant, m'annonçant que les "déménageurs" arriveraient seulement dans encore une heure ou deux.

Je ne crois pas qu'Antonio lui fasse du mal. C'est moi qu'il veut.

Je sais... mais le Collectionneur ne se privera pas de la faire souffrir.

Je serre les poings de rage, m'imaginant ce qu'ils peuvent lui faire. Si ça ne suffisait pas de se débarrasser d'une sale ordure, il faut s'occuper d'une deuxième!

Toutes les recherches sur les caméras vidéo-surveillance que j'ai faites n'ont mené nulle part. Je suis même allée à son travail mais elle n'y est pas allée aujourd'hui.

Putain mais ils foutent quoi à être aussi long!?

Calme toi, ils vont arriver.

Comme toute réponse, je me lève brusquement, enfile mon blouson et récupère les clés de ma voiture.

Tu t'occupes du paiement, je vais la chercher.

Je claque la porte et descend par les escaliers. On va commencer par faire un tour chez cet Antonio, on a des comptes à régler.

▪︎▪︎▪︎

Je me retrouve encore une fois seule et sur le coup, je me mets à lui en vouloir alors qu'elle n'a rien fait. Qu'elle m'a peut-être même sauvé.

La culpabilité s'empare de moi une nouvelle fois, alors que mon regard tombe sur cet homme inanimé. Il ne serait certainement pas mort si j'avais obéi et j'étais gentiment allée me dénoncer. La colère remplace toute émotion: non, je n'ai pas à payer pour le crime des autres! Antonio a tué des innocents, il mérite de finir sa vie en prison. Il a l'air si gentil pourtant! Il l'était, au début en tout cas. Il m'a aidé, mais je me suis aussi éloigné de mes amis et ma famille à cause de lui. Je me sens bête de lui avoir fait confiance. Comme je me sens bête maintenant de m'embarquer dans cette histoire, soit disant pour protéger Gwenaelle.

J'ai l'impression de me retrouver dans une impasse. Astrid, d'un côté, m'a aidée malgré qu'elle avait été engagée pour me kidnapper, mais d'un autre, elle tue des gens. C'est, elle aussi, une criminelle. Et Gwen est sa complice. Elle doit aussi être punie pour ses actes. Tout comme moi.

La sonnette me ramène à la réalité, les déménageurs sont arrivés. 

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant