Chapitre 33

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J'aurais préféré qu'elle reste en sécurité, j'aurais aimé qu'elle ne vienne pas... Mais elle est têtue et bien plus forte qu'il n'y paraît. J'ai pas le droit de décider à sa place.

Je gare la voiture pas loin de la maison d'Antonio.

T'es vraiment sûre de vouloir venir? C'est pas trop tard...

Oui As, je suis certaine. Me coupe-t-elle.

Je prends une grande inspiration, ce n'est pas la première fois que je fais ça, mais cette fois-ci, tout semble être différent. Je crochète la serrure et récupère le pistolet accroché à ma ceinture. Je pousse doucement la porte, en retenant ma respiration. La maison est dans le noir le plus total. J'entre sans faire de bruit, suivi de près par Maïa. On se dirige jusqu'à sa chambre. J'ouvre la porte, celle-ci grince longuement dans la nuit silencieuse. Antonio ne bouge pas, bien au chaud sous sa couverture, dans son grand lit. Je m'approche de lui et lui mets un torchon imbibé de chloroforme sous le nez. Il se réveille en sursaut et tente de se débattre, mais le produit fait déjà effet. Il replonge dans un profond sommeil.

Je le traîne, aidée par Maïa, jusque dans le coffre de la voiture. Nos rôles sont inversés maintenant, Antonio. C'est toi qui est à ma mercie.

J'arrête la voiture à côté de l'usine où travaillent les "déménageurs". Ils me prêtent une pièce où je vais enfin pouvoir faire payer cet enfoiré. Celui-ci vient de se réveiller et gigote dans tous les sens, visiblement apeuré. Je l'ai attaché solidement de sorte à ce qu'il ne puisse pas tenter de s'enfuir.

Tu fais moins le malin maintenant sale ordure.

Sa stupeur se décuple quand il aperçoit Maïa avec moi.

▪︎▪︎▪︎

Je me sens horrible de ressentir de la satisfaction à son malheur... Après tout, je ne vaux peut-être pas mieux que lui. Mais avec tout ce qu'il m'a fait endurer, je crois bien que j'ai le droit de ne pas me sentir mal pour lui. C'est de sa faute s'il en est arrivé là.

Astrid l'installe sur une chaise, certainement comme il a dû le faire pour elle. Elle sort son poignard et lui arrache la manche de son pull. Elle commence à lui entailler le bras en récitant une liste de prénoms et de causes de décès.

... Lana Carson, étranglée, aucun suspect, Hamilton Bright, poignardé deux fois dans l'abdomen, Élise Fran a été arrêtée pour son meurtre, Kassandra Fil, accident de la route, aucun suspect...

Elle continue encore longtemps, à chaque nom de victime prononcé, elle ajoute une trace sur son bras, puis sur son deuxième bras... Enfin, elle finit par sa dernière encoche.

Et enfin, Patrick John, poignardé en plein cœur, et tu as voulu faire accuser Maïa pour ça. Ça fait beaucoup tu trouves pas?

Antonio hoche la tête. Il souffre, visiblement il n'est pas habitué à la douleur. Ses bras dégoulinent de sang et il pousse un cri étouffé par son bâillon. Astrid lui retire celui-ci.

Maïa aide moi je t'en supplie! Ne laisse pas cette folle me torturer! S'empresse-t-il de crier.

Malheureusement pour toi, tu n'as plus d'emprise sur moi. Après tout le mal que tu as fait, tu mérites d'être puni.

▪︎▪︎▪︎

Maïa s'avance à côté de moi, mais je la rapproche davantage en la tirant jusqu'à moi avec une main. J'embrasse cette femme que je trouve absolument parfaite en faisant un doigt d'honneur à sa pourriture d'ex.

J'aurais dû te descendre toi et ta copine rousse dans l'entrepôt!

Mon poing s'abat sur sa figure avant même que mon cerveau n'en donne l'ordre. Son nez se met à saigner et une rougeur prend forme sur sa joue gauche.
Maïa m'attrape par la main et me fait signe de sortir. Je la suis et elle prend soin de refermer la porte à clé derrière nous. On s'éloigne de quelques pas de celle-ci.

Astrid, on devrait peut-être le livrer à la police.

Ça va pas! Il va me dénoncer c'est sur! Hors de question que je retourne en taule, surtout à cause de lui!

Oui, mais... tu devrais arrêter de tuer, As.

Je soupire à sa remarque, bien sûr que je le sais ça. C'est très risqué pour moi de le livrer à la police. Il suffit qu'il fasse pression sur un juge pour que je finisse moi aussi derrière les barreaux, voire que lui s'en sorte totalement. Pourtant, l'idée de commencer une nouvelle vie avec Maïa me trotte dans la tête depuis un moment. Et j'aimerais que cette nouvelle vie ne démarre pas avec un mort de plus.

Il faut totalement le décrédibiliser avant de le remettre à la police. Il faut que plus personne ne le croit, et pour ça, je vais avoir besoin de toi, Maïa.

Elle paraît heureuse de ma décision mais je la sens inquiète.

J'ai un plan. Dis-je pour la rassurer.

Elle se met à rigoler.

Oui, comme toujours. Sauf que la dernière fois, on a failli se faire écraser par un bateau.

Oui, et cet incident va nous aider.

Je me relève et vais voir Antonio.

C'est ton jour de chance. Tu as gagné le droit de vivre.

Ses yeux demandent des réponses, mais je ne lui en donnerais pas. Pas immédiatement en tout cas. J'ai bien envie qu'il ait une petite surprise.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant