Chapitre 8

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La nuit commence à tomber et Gwenaelle nous sert des nouilles instantanées.

Tu faisais quoi avant tout ça? Demande-t-elle pour briser le silence.

J'ai fait des études dans la gastronomie et j'ai travaillé dans un hôtel pendant trois ans environ. Après, l'hôtel a dû fermer, et c'est là que ça a commencé à mal tourner...

Elle hoche la tête gentiment, en signe de compassion.

Et toi?

Je suis avocate depuis que j'ai fini mes études, il y a un moment maintenant. Dit-elle en rigolant.

C'est comme ça que tu as connu Astrid?

Bien vu. Elle était ma cliente.

Il y a dix ans elle ne devait pas avoir plus de 18 ans... et elle a fait de la prison longtemps... qu'est-ce qu'elle a fait?

Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, elle avait 15 ans. Tu sais, Astrid n'a pas eu une enfance facile... Elle regarde dans le vide, comme pour se rappeler. Elle est allée en prison pour avoir tué une personne cruelle. Je me suis débrouillée pour qu'elle n'y reste pas trop longtemps.

Je ne sais pas vraiment quoi répondre à ça. En fait, je crois que je m'en doutais un peu.

Et tu es au courant de ce qu'elle fait maintenant et ça ne te dérange pas? Je reprends.

Malgré les apparences, elle rend justice d'une certaine façon. Les personnes qu'elle traque et ramène ont souvent commis des méfaits. Mais parfois, il arrive que les personnes qui lui demandent son aide en veulent à des personnes innocentes. Alors elle se débrouille pour ne jamais les retrouver, ou du moins les faire disparaître. Tu sais, parfois on n'a pas le choix. Je vois bien que tu n'es pas une mauvaise personne. Tout comme Astrid, ce n'est pas une mauvaise personne. Il lui arrive juste parfois de prendre des mauvaises décisions.

▪︎▪︎▪︎

Avec un téléphone prépayé, j'appelle le numéro d'Antonio.

Allo?

Je suis désolée mais je ne peux pas assurer ma commande.

Il commence à s'énerver mais je raccroche. Il fait déjà nuit mais je roule jusque chez Gwen. Je ne peux pas rentrer chez moi ce soir, il risque de venir me chercher. J'ai déjà fait cette erreur une fois, je ne la referais pas une deuxième.

Je sonne en bas de son immeuble et elle ouvre presque immédiatement. Je monte jusqu'à chez elle.

Je te manque tant que ça que tu n'arrives pas à dormir? Dis-je quand elle m'ouvre la porte.

Arrête un peu de faire l'imbécile et dis moi plutôt ce que tu as trouvé.

Je lui explique donc ma découverte, ma rencontre avec Paola, et mon hypothèse selon laquelle Maïa n'a rien fait. Gwen me dit que c'est bel et bien possible. Elle est très douée pour cerner mes gens. Et c'est en partie pour ça que je lui ai confié Maïa.

Désolé mais j'ai laissé la chambre d'amis à Maïa, tu vas devoir prendre le canapé. Dit-elle en riant.

Je fais semblant d'être offusquée, ce qui la fait rire davantage. On finit par aller se coucher.

Je n'arrive pas à trouver le sommeil, et je vais voir comment Maïa se porte. J'ouvre la porte de sa chambre et elle sursaute.

Je t'ai fait peur?

Malgré le peu de luminosité, je vois les larmes dans ses yeux.

Ça va pas?

Je m'avance jusqu'à elle et allume la lampe de chevet. Je m'assois ensuite sur le bord de son lit.

Non ça ne va pas... je revois en boucle ces images... je m'en veux tellement!

Il se peut que tu n'ai rien fait. Et que toutes ces images, comme tu dis, tu te les soit mises toi-même dans ta tête.

Elle me regarde sans avoir l'air de comprendre. Et je vois bien pourquoi. Elle ne connaissait pas vraiment Antonio et il est temps que je lui ouvre les yeux.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant