Chapitre 41

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T'es sûre que ça fait pas trop habillée ?

Je la regarde changer de tenue pour la cinquième fois en dix minutes. Jamais As n'avait fait autant attention à ce qu'elle portait. Pourtant, il semblerait que rencontrer mes parents la stresse un peu.

C'est parfait, garde ça. J'espère que tu mettras autant d'attention pour choisir ta tenue de mariage.

J'ai déjà une idée de ce que je veux…

Vraiment ?

Elle s'approche et m'embrasse.

Tout à fait, puisque je sais exactement ce qui te fait craquer… Mais aujourd'hui aussi c'est une étape importante pour notre couple. Reprend-elle d'un ton plus sérieux.

Ça me touche que tu y prêtes autant d'intérêt… mais si tu choisis pas rapidement ta tenue, on va finir par arriver en retard, il y a deux heures de route je te rappelle !

Si tu ne m'avais pas occupé toute une partie de la matinée, je serais à l'heure.

C'était pour te déstresser.

On arrive devant la maison où j'ai grandi un peu avant midi. Astrid gare la voiture et se recoiffe devant le petit miroir, ce qui me fait éclater de rire.

Je vais finir par être jalouse que tu te fasse aussi belle pour mes parents.

Elle râle et on sonne à la maison. Mon père nous ouvre et me serre immédiatement dans ses bras. Voyant qu'Astrid est tendue, mon père lui fait la bise et essaye de la détendre. Ma mère imite mon père. Même s'ils ont divorcé, ils s'entendent toujours assez bien pour se voir.

Alors Maïa, tu fais les présentations officielles? Demande ma mère.

Mon père, Alexandre, ma mère, Isabelle, Astrid, ma fiancée. Dis-je en désignant chacun d'entre eux.

On passe à table et mon père se charge de détendre tout le monde. Il a toujours été doué pour faire la conversation et ne laisse jamais de blancs. Il lance des discussions sur toutes sortes de sujets et Astrid semble être de plus en plus à l'aise. Après le repas, mon père veut faire découvrir la pêche à Astrid.

Maïa n'a jamais été assez patiente pour attraper un poisson, tu seras sans doute meilleure qu'elle!

Certainement par politesse, elle a accepté. Je vois mal Astrid faire de la pêche, remarque, elle est pleine de surprise. Et je suppose que mon père a eu cette idée pour nous laisser un moment seules, ma mère et moi. Ils prennent le pick-up de mon père et Astrid me fait un petit au revoir de la main, ce qui est franchement ridicule quand on sait ce qu'on faisait ce matin.

▪︎▪︎▪︎

On arrive au bord d'un lac et je l'aide à porter le matériel.

Tu as de sacrés muscles! Comment tu arrives à porter tout ça?

Je hausse les épaules en me disant que Maïa est plus lourde que quelques caisses et des cannes à pêche. J'efface cette idée de ma tête en me rappelant que je suis avec son père.

Tu as déjà péché ? Demande-t-il, visiblement passionné par cette activité.

Non.

Il m'explique comment on fait et je lance la ligne dans l'eau.

Et maintenant, on attend.

Après quelques minutes de silence, il reprend.

Au fait, toutes mes félicitations pour le sauvetage de la jeune fille.

J'ai juste fait ce qu'il fallait.

Allons, sois pas modeste. Ma fille m'a raconté que tu aidais déjà beaucoup de monde quand vous étiez à Bordeaux.

Elle vous a dit ça?

Il hoche la tête.

Et pas de vous entre nous. Tu es de la famille Astrid.

Ces quelques mots me réchauffent le cœur plus que je l'aurai pensé.

Et elle t'a raconté notre rencontre pour le moins atypique ?

Oh que oui. Je sais tout, ou presque.

Son flotteur s'agite et il remonte habilement un poisson. Il remet un appât au bout de son hameçon et lance à nouveau sa ligne à côté de la mienne.

Ils sont jolis tes tatouages, surtout la boussole, elle a une signification ?

Je regarde mon bras où est dessiné à l'encre indélébile une boussole qui n'a plus d'aiguilles.

Je l'ai fait pour ma petite sœur. Elle a été ma boussole, elle était là pour me guider… Après sa mort, je ne savais pas où aller ou quoi faire. C'est pour ça qu'il n'y a pas l'aiguille qui indique le nord.

Il pose une main réconfortante sur mon épaule.

Je sais pas si ça peut t'aider… Je veux dire, tu as eu une vie difficile… tes parents n'assuraient pas leur rôle, et en plus de ça, tu as perdu ta seule famille. Je n'ose pas imaginer comment ça a dû être compliqué pour toi, mais sache que… Maintenant je suis aussi un peu ton père, et si tu as besoin, je serai là.

Pourquoi? Je demande les larmes aux yeux.

Maïa t'aime et tu l'aime aussi, il n'y a aucun doute là-dessus. Alors je me dois d'être présent pour ma fille et la femme qu'elle aime.

Il vient me prendre dans ses bras et j'accepte volontiers cette étreinte paternelle à laquelle je n'ai jamais eu droit.

▪︎▪︎▪︎

Elle est gentille. Dit ma mère en brisant le silence qui s'était installé.

Je hoche la tête en guise d'approbation.

Alors… tu l'aimes vraiment ? Demande-t-elle maladroitement.

Bien sûr, je l'ai demandé en mariage, évidemment que je l'aime.

C'est toi qui a fait la demande?

Oui, apparemment ça avait l'air évident que ça se passe comme ça puisque les amies d'Astrid avaient pariés sur qui ferait la demande.

A son tour, elle hoche la tête et le silence reprend. Je crois qu'on a tellement de choses à nous dire, et qu'en même temps, tout a été dit. Pourtant, ma mère me pose une question qui me fait du bien.

Je pourrais être là quand tu choisiras ta robe? A moins que tu préfères un costume ?

Ça sera une robe, et c'est avec grand plaisir.

La conversation dérive sur les préparatifs du mariage. On n'a pas eu le temps de trop se pencher dessus avec As, mais il y a quelques points sur lesquels on a déjà discuté.

Et qui prendra le nom de qui?

Elle prendra le mien, ça paraît plus logique comme elle n'a plus d'attache avec sa famille biologique.

Et vous voulez des enfants?

Sa question me prend de court. On s'est toujours débrouillé pour éviter ce sujet.

Pas pour l'instant. Je me contente de répondre.

Mon père et As rentrent vers le milieu d'après midi, en riant ensemble comme de vieux amis.

Alors, vous avez attrapé quoi de beau?

Tout ça! Lance mon père en désignant la glacière pleine de poissons. Astrid est bien meilleure que toi, on y retournera la prochaine fois que vous viendrez.

Le sourire de ma compagne ne décolle plus de son visage et mon père est ravi d'avoir quelqu'un à emmener pêcher.

On reprend la route en fin de journée. Pendant que je conduis, Astrid me raconte comment s'est passé l'après-midi avec mon père.

Maïa, je suis tellement heureuse de t'avoir rencontré. Ta famille est géniale et j'ai tellement hâte qu'on soit mariées !

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant