Chapitre 24

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Il est 20 heures passées et le soleil s'est couché depuis un moment. Les vagues qui s'écrasent sur la digue nous parviennent en fond sonore. J'ai envoyé Maïa louer un bateau sans permis pour en finir avec cette histoire.

Elle revient auprès de moi et me tend les clés.

Attends, d'abord il faut que tu aies totalement confiance en moi.

Elle me regarde, surprise.

Écoutes moi bien Maïa, ce que je vais te demander de faire dans les prochaines minutes te fera certainement peur, mais tu dois comprendre qu'on a plus le choix.

Quoi? Qu'est-ce qu'on va devoir faire?

Maïa, il faut que les gens pensent que le bateau a coulé.

Elle écarquille les yeux et ne semble pas d'accord avec cette idée.

Non! C'est nous mettre en danger, c'est risqué! Je ne veux pas que tu sois en danger à cause de moi.

C'est un peu trop tard pour ça.

Elle regarde au sol d'un air désolée.

Je récupère les clés de ses mains et l'emmène dans le bateau. Elle semble avoir peur, vraiment peur.

Une fois qu'on s'est éloigné de la côte et qu'on est à présent seules au milieu de l'océan calme, je ralentis l'allure.

Désolé de devoir en arriver là, mais il faut que ça ait l'air convaincant.

Non, c'est rien.

Pourtant elle évite mon regard. C'est sûr, elle n'apprécie pas ce que je m'apprête à faire.

Tu me fais toujours confiance?

Elle hoche la tête toujours en fuyant mon regard.

Je mets ma main sous son visage pour la contraindre à me regarder.

Maïa, regarde moi. La suite sera pire encore et il est toujours temps de renoncer. Alors est-ce que tu me fais confiance?

Elle semble perdue et cherche sans doute une solution miracle, le problème, c'est qu'il n'y en a pas.

Oui Astrid. Je mets ma vie entre tes mains, littéralement. J'ai peur c'est tout.

▪︎▪︎▪︎

Elle me relâche et j'attends la suite de son plan. Après un long moment de silence, des lumières se dirigent droit vers nous.

Saute! S'écrie-t-elle en me tirant par la taille en dehors du bateau.

Je la suis et on se retrouve dans l'eau froide. Je n'ai pas le temps de réagir qu'Astrid nous remonte toutes les deux à la surface, en me tenant toujours par la taille.

Putain mais quel con! Il était censé prévenir avant de nous foncer dedans!

Le bateau dans lequel on était quelques instants plus tôt est en miettes. Celui qui nous a foncé dedans à fait demi-tour et s'avance lentement vers nous. C'est un bateau de pêche assez gros et il n'a visiblement subi aucun dégâts à cause de la collision.

Elle me lâche et nage vers l'échelle située à l'arrière du bateau. Je fais de même et on se retrouve face à un homme d'une trentaine d'années, je dirais, et d'une femme plus âgée.

Putain mais pourquoi tu m'as pas prévenu! T'as failli nous tuer!

Bah c'était le but non? Répond l'homme d'un air nonchalant.

La femme descend dans la cale du bateau et ressort avec deux cadavres qui ont visiblement été torturés. Je me recule de quelques pas devant cette vision d'horreur et manque de tomber à la renverse dans l'eau.

Quoi? Elle a le mal de mer la gamine? Elle est toute pâle. Demande la femme sur un ton aigre.

Astrid se retourne vers moi et met ses mains sur mes épaules.

C'est du donnant donnant. Ils devaient se débarrasser de ces cadavres, je devais te faire disparaître.

▪︎▪︎▪︎

Maïa se dégage de mon emprise et s'assoit dans un coin du bateau.

On rentre et soyez discret! J'ordonne.

Ils nous déposent dans un port un peu plus loin. Maïa passe devant moi sans m'adresser un regard. Elle marche dans une direction au hasard et je la suis à bonne distance.

Tu comptes t'arrêter au bout d'un moment? Demandais-je, agacée par son comportement enfantin.

J'obtiens un silence en guise de réponse.  Je la rattrape et la retient pour éviter qu'elle s'enfuie.

Maïa, arrête un peu! Tu préfères peut-être qu'Antonio te retrouve?

Ces types-là sont des tueurs! Ils mériteraient d'aller en prison! Crie-t-elle, les larmes aux yeux.

Je me recule d'elle et ma gorge se serre.

Mais moi aussi, je suis une meurtrière. Je réponds.

Entre deux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant