5/35 Sur écoute [partie 2]

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9 septembre 2017 (suite)

Je vis Julie en train de danser au milieu de l'appartement avec d'autres. Tout à coup, j'eus envie de m'éclipser de cette soirée, de rentrer à mon appart pour me glisser sous la couette et de pleurer. C'était idiot. J'étais idiote. Je me dirigeai vers la chambre où étaient entassées les vestes et les sacs des invités. Je refermai la porte sur moi avec précaution. Je fus surprise du calme qui m'entourait soudainement. Les bruits de la soirée m'arrivaient de façon lointaine. Restant dans le noir de la nuit, je m'assis sur le lit et me laissai tomber en arrière les bras en croix parmi la pile de vêtements dépareillés. J'expirai bruyamment pour éloigner le sanglot que j'avais au fond de la poitrine. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez moi ?

Je restai longtemps allongée, les yeux fermés, les tympans bourdonnants, quand je remarquai un fond sonore beaucoup plus proche que je ne le croyais. La porte-fenêtre de la chambre était entrouverte. Une voix venait du petit balcon attenant. Et un petit rire. Un silence. Une réponse étouffée. Je compris que la personne devait être au téléphone. – Arrête, comment je vais me passer de toi, moi ? Je connaissais cette voix. – Haha, j'ai pas la même relation avec Tom que toi, tu sais. Bien sûr, le frère de Tomas, Daniel. Il n'avait pas dû remarquer que j'étais entrée dans la chambre. Je me redressai. Il fallait que je sorte. Je m'assis sur le coin du lit, le plus proche de la baie-vitrée. Je devais partir de la chambre. Je tendis l'oreille. Il était obligatoire que je lui laisse la pièce. Je me mis à écouter aux portes.

J'étais intriguée. À qui pouvait-il bien téléphoner si sérieusement au milieu de la nuit ? Était-il en train d'organiser un rendez-vous à rejoindre plus tard ? Y avait-il quelqu'un d'assez important pour s'isoler d'une soirée où tout le monde venait lui faire la conversation ? En avait-il marre d'être toujours le centre de l'attention où qu'il aille ?

– Non, mais c'est pas la même chose... Je culpabilise, tu sais... Oui... Oui, vraiment... J'arrête pas d'y penser...

De quoi pouvait-il culpabiliser ? La personne à l'autre bout parla longtemps. Il répondait parfois d'un petit – ouais du fond de la gorge.

– Elle comprendrait pas...

Je m'étais relevée et avais cédé à la tentation de m'approcher de la fenêtre entrouverte pour ne perdre aucune parole. J'aperçus un bout de son ombre dans la nuit, vaguement éclairée par un lampadaire lointain. Il était accoudé à la rambarde et il tripotait distraitement une chaîne qu'il avait autour du cou et qui faisait des reflets vers moi.

– Nan, mais t'imagines, je vais la voir et je lui dis, Salut je suis-

Brusquement, la porte-fenêtre glissa dans ses gonds et il apparut tout entier devant moi. Je n'eus pas le temps de réagir, sauf de faire un pas en arrière et de me cogner au coin du bureau derrière moi duquel tombèrent plusieurs livres. J'étouffai un juron de douleur, ça se répandait dans ma cuisse. Mon coeur battait la chamade. Et je me baissai précipitamment pour récupérer à tâtons les bouquins sur le sol.

– Qu'est-ce que tu fous là ? s'exclama-t-il aussitôt.

– Je-hum... commençai-je en reposant les livres sur le bureau.

– Attends, t'étais en train de m'écouter ou quoi ?

– NON ! Non, je- j'étais venue chercher mon sac... Mon téléphone dans mon sac, bredouillai-je en montrant la pile de fringues sur le lit qui était à plus d'un mètre cinquante de moi.

Il me toisa de haut en bas. Je sentis mon ventre se contracter. Dans la pénombre, ses yeux brillaient. Il semblait furieux. Je vis sa bouche s'ouvrir et il dit d'un ton monocorde :

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