30/35 Onions rings et french fries [partie 2]

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22 juillet 2019

Au petit matin, je retrouvais Tomas qui préparait le petit déjeuner dans la cuisine. Il m'accueillit en me disant que j'allais goûter les meilleurs scones de toute l'Angleterre, la recette de son père. Je m'installai, affamée.

    Richard et Rebecca nous rejoignirent un peu plus tard. Nous étions détendus, à parler de tout en buvant du café. Vers onze heures, Rebecca et son père décidèrent d'aller faire des courses. L'après-midi, Richard avait un rendez-vous médical auquel Daniel, toujours endormi à point fermé, devait le conduire. Tomas me proposa d'aller nous balader en ville.

–    Je ne sais pas... Je vais peut-être attendre que Daniel soit réveillé.

    Tomas me considéra un instant et ajouta à voix basse :

–    J'aurais bien besoin d'une amie, là.

    Lui d'habitude si pudique, j'acceptai aussitôt son invitation. Je montais me changer et m'assis sur le bord du lit où Daniel était allongé. Je fis glisser ma main dans ses cheveux, il eut un soupir de contentement.

–    Je vais sortir avec Tom.

    Il acquiesça puis il ouvrit les yeux sur moi :

–    Tu m'embrasses avant de partir ?

–    D'accord, répondis-je en lui souriant.


    Nous venions de monter dans un bus pour rejoindre le centre-ville, Tomas s'amusait à faire le guide touristique : – Alors par-là, c'est le quartier le plus pourri de Manchester, si t'as envie d'un peu d'héro' ou de coc'... – Dans l'université, ils ont exposé un gros caillou de lave, on pourra aller le voir, c'est une véritable attraction. – Oh mate cette sculpture affreuse là-bas, c'est une bouteille de soda géante... – Ah là, t'as le meilleur fast-food de Manchester, mon repère quand j'étais gamin ! Il me faisait rire.

    Dans le coeur de la ville, nous flânions entre les jolies façades jusqu'à la cathédrale gothique. Nous rejoignîmes ensuite les quartiers nord, truffés de graffitis et de boutiques alternatives où nous nous arrêtâmes à la terrasse d'un café pour profiter du soleil. Tomas venait de s'allumer une cigarette après le repas quand je lui demandai :

–    Bon, et toi, comment ça va ?

–    J'encaisse, répondit-il en haussant les épaules.

–    Mais votre père, ça va aller non ? Daniel m'avait dit que ça avait été pris à temps et qu'il était en bonne santé. Que ça allait bien se passer.

–    Oui, normalement oui... Les résultats de ses examens devraient nous apprendre si la tumeur se résorbe suffisamment pour confirmer la date de l'opération en août. Après, ce sera beaucoup de surveillance pour voir s'il n'en développe pas d'autres, mais c'est en bonne voie.

    Je posais ma main sur la sienne.

–    C'est pas ça qui me fait le plus peur, à vrai dire...

–    C'est quoi ?

–    C'est l'état de la famille en général. Tout le monde est en train d'imploser dans son coin. Mon père ne supporte pas le fait d'être diminué par la maladie. Ma mère, depuis qu'elle est au courant, ne fait que s'inquiéter et ils ont repris une sorte de relation toxique à s'appeler tous les jours. Ça rime à rien. Beck a l'air totalement paumée depuis quelques mois. Il y a quelque chose d'autre, mais elle n'en parle pas. Et Dan s'implique beaucoup trop, au point de se sacrifier pour venir se terrer ici alors qu'il est fragile en ce moment.

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