33/35 Trois ans [partie 1]

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13 octobre 2020

–    Joyeux anniversaire, princess.

    Je me réveillai difficilement sentant sa tête dans mon cou. Je grommelai :

–    C'est le 01 août, mon anniversaire...

–    Pas celui-là, souffla-t-il en embrassant ma nuque.

–    De quoi tu parles ? dis-je en ouvrant finalement les yeux sur lui.

–    Notre anniversaire.

    Sous mes sourcils froncés, il soupira et continua :

–    Il y a trois ans, le vendredi 13 octobre 2017, on s'embrassait pour la première fois.

–    Tu connais la date de notre premier baiser ? souris-je.

–    Bien sûr... Je t'ai déjà dit que j'étais un grand romantique. À l'inverse de toi !

    Je rougis, touchée et gênée :

–    Mince, je me sens bête maintenant.

    Il rit et m'embrassa furtivement en me disant que je pouvais. Je laissai traîner mes yeux dans les siens quelques instant :

–    Alors, c'est quoi mon cadeau ?

–    Ton cadeau ?

–    Bah oui, tu m'as fait un cadeau, j'imagine, en grand romantique que tu es !

    Il eut un éclat de rire moqueur, baisa mon front et lâcha en sortant du lit :

–    Te demander d'emménager avec moi.


    Je laissai retomber ma tête sur l'oreiller en soupirant un – Dan appuyé dans son dos. Cela devait être la deux-centième fois que nous avions cette conversation. Et ma réponse était toujours la même depuis qu'il en avait formulé l'idée, des mois plus tôt.

    À cette époque, si dans les faits je vivais déjà pratiquement chez lui, je partageais toujours ma colocation à Montreuil avec Aurore. J'y dormais dix nuits par mois, mais j'aimais cet appartement et n'étais pas prête à le lâcher. Sauf que tout s'était précipité quand notre propriétaire nous avait annoncé que, le bail arrivant à expiration, il avait décidé de le mettre en vente et que les nouveaux acquéreurs, qu'il avait déjà trouvés, ne souhaitaient plus en faire une colocation. Nous étions virées trois mois plus tard.

    Aurore emménagea chez Alice, sa copine, et elle me considéra étonnée quand elle me vit chercher un nouvel appartement. J'annonçais à Daniel que je fouillais frénétiquement les tréfonds des agences immobilières, sites internet, petites annonces des réseaux sociaux, et autre bouche-à-oreille pour me dégoter un studio pas trop cher dans un quartier ni trop éloigné ni trop malfamé. – C'est stupide, avait été sa première réponse. Pour lui, la question ne se posait même pas, j'avais juste à rapatrier mes affaires chez lui. Quand je lui dis que je ne préférais pas, il s'était énervé. Cela avait fini en dispute.

    Je ne pouvais pas accepter d'emménager chez lui.


    La première raison était financière. Si j'avais cédé depuis longtemps à cette manie qu'il avait de payer constamment quand il m'avait fait comprendre qu'il avait gagné grâce à certains contrats plus d'argent que certaines personnes en une vie, je ne pouvais accepter de me faire loger dans son bel appartement années 20 à Montmartre dont il faisait l'achat. Je me sentais déjà mal à l'aise de me faire « entretenir ».

    Au fil du temps, nous avions trouvé des compromis. Au restaurant, je payais les desserts. Au bar, je payais le premier verre. Au cinéma, je payais le pop-corn. Pendant les voyages, je payais les sorties. Nous avions interdiction de nous offrir des cadeaux même si nous cédions facilement sur quelques babioles, livres ou objets inutiles.

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