30 Juin 2017Le lendemain, nous avions tous une jolie gueule de bois, mais cela ne nous empêcha pas de nous en tenir au programme. En fin de matinée, nous dépoussiérions les vélos et nous préparions quelques encas avant de partir. Le frère de Tomas était différent de la veille. Même s'il n'était pas aussi irascible qu'il avait pu l'être au début du séjour, il était distant, accroché à son téléphone.
Nous partîmes sur les routes tranquillement. Alex et Ana, qui s'étaient rapprochés, ouvraient la route. Julie, Tomas et moi, jouions les imbéciles derrière à faire des zigzags. Daniel était à la traîne en train de téléphoner à je-ne-sais-qui.
Notre groupe hétéroclite se fit klaxonner plusieurs fois par des voitures qui n'arrivaient pas à nous doubler. Nous nous en foutions, profitant du soleil et de l'air frais sur nos visages qui nous redonnaient des forces. Nous fîmes la course. Je perdis juste derrière Alex. Le frère de Tomas ne participa pas, toujours en grande conversation.
Alors que nous avions déjà parcouru quelques kilomètres et bifurqué sur un sentier caillouteux, je ralentis devant la beauté des paysages et fis quelques photos à l'argentique. Notre groupe s'étira et bientôt, je fus distancée, les gardant en ligne de mire pour suivre la bonne direction.
Quand tout à coup, alors que je roulais sur un gros caillou, mon vélo se déroba sous mes bras. Je me retrouvai violemment projetée dans le bas-côté herbeux. Je me redressai douloureusement quand j'entendis un bruit de roue crisser. Quelqu'un jeta son vélo sur le côté et s'agenouilla devant moi :
– Ça va ? T'as rien ? T'as fait une de ces chutes... s'alarma Daniel.
– Ça va, je crois, bredouillai-je en examinant mes membres dénudés qui n'avaient que des égratignures. J'ai eu de la chance de tomber dans l'herbe.
Daniel se releva et inspecta mon vélo. Plusieurs rayons avaient cédées et la route avait complètement voilée. Il déplora la vétusté des vélos stockés dans leur maison et sembla désolé. Après quelques minutes à reprendre mes esprits, je demandai à quelle distance était la plage. Trois ou quatre kilomètres environ. Je soupirai et dis que je finirai le chemin à pied.
– Tu rigoles, t'es pas arrivée avant une heure !
Il attrapa mon vélo qu'il enleva du chemin et l'adossa aux broussailles bordant le sentier.
– Pas besoin de l'attacher, je pense. Bon, tu vas monter avec moi.
– Quoi ? Non, ça va être bien trop compliqué.
– T'inquiète pas, j'ai déjà fait pire par ici.
Il releva son vélo qui traînait dans le chemin et baissa la selle. C'était un vieux vtt, il n'y avait pas de porte-bagage, et je n'avais pas envie de me retrouver assise sur le guidon. Il m'expliqua alors que la meilleure des techniques était que je m'asseye sur la selle, et que lui prenne les pédales. Je devais juste éviter de faire traîner mes jambes et nous arriverions facilement à destination.
Il enjamba le vélo et je m'installai sceptique sur la selle. – Prête ? J'acquiesçai sans conviction. Il prit de l'élan et donna un coup de pédale énergique pour nous permettre d'avancer. Totalement déséquilibrée, les jambes dans le vide, je tanguai sur la selle. Nous manquâmes de tomber.
– Il faut que tu suives les mouvements du vélo ! clama-t-il énervé en se retournant vers moi.
Lorsqu'il vit mon air désolé, il se détendit un peu.
– Bon, on recommence. Garde les pieds au ras du sol au début et après, tu lèves les jambes. Accroche-toi à moi s'il le faut.
Il recommença plus doucement le départ et nous réussîmes à avancer lentement. Après quelques coups de pédales, nous nous équilibrâmes et Daniel commença à nous faire prendre de la vitesse. Après quatre cents ou cinq cents mètres, j'avais compris comment me positionner et nous atteignîmes un rythme régulier.
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Nos Folies ordinaires
General Fiction[Wattys2023 - Présélection] Ils s'aiment dès le début. Pas de suspense, mais un plongeon direct dans le quotidien de personnages qui s'avouent à demi-mot leurs sentiments au chapitre 20/35 de leur histoire. Puis les bonds dans le temps s'enchaînent...