21/35 Marché conclu

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23 Juin 2018


–    Il s'est passé quoi entre toi et cette fille ?

–    Pourquoi tu dis ça ?

    Il détourna la tête et s'éloigna. Je lui emboitai le pas. Depuis que nous étions rentrés ce soir-là, un doute stagnait en moi, dans la façon dont elle lui avait parlé. Je réitérai ma question deux fois. Il m'ignora deux fois. Je continuai :

–    Tu as couché avec elle ?

    Plantée dans la cuisine, je faisais face à son dos silencieux.

–    Réponds-moi !

    Il fit claquer son verre d'eau sur la paillasse, énervé. Il voulut m'esquiver mais je ne le laissai pas partir.

–    Tu veux pas connaitre la réponse, Sarah.

–    Ça veut dire oui...

    Il ne me contredit pas. Ma main s'agrippa à la chaise. Un séisme.

–    Pourquoi t'as couché avec elle ?

–    Sarah, je-

    Mais il s'arrêta et ne reprit pas. Dans ma main, la chaise tremblait.

–    Pourquoi t'as couché avec elle ?

    Je me heurtai encore à son silence.

–    PUTAIN, MAIS TU VAS ME RÉPONDRE !

    Enfin, il tourna la tête vers moi et planta ses yeux dans les miens. Ses paroles m'envoyèrent un nouveau coup :

–    Parce que j'en avais envie ! Ça te va comme réponse ?

    Je restai abasourdie. Une idée plus noire encore me traversa l'esprit :

–    Et y'en a eu combien alors, des mecs ou des meufs avec qui t'as couché depuis qu'on est ensemble ?

–    Sarah, c'est bon, tu-

–    Non. Réponds-moi.

–    J'en sais rien.

–    Quoi ? Y'en a eu tellement que tu te souviens plus, c'est ça ?

–    Quatre, y'en a eu quatre. T'es contente ? ... Et puis, c'est bon là. J'ai pas à me justifier. Tu m'emmerdes avec tes questions...

    La colère me gagna :

–    Attends, t'es sérieux ? J'apprends que tu couches avec d'autres et c'est moi qui t'emmerde avec mes questions ?

    Je le vis trembler de la tête au pied. Sans que je ne m'y attende, il explosa :

–    PUTAIN, mais ouais tu m'emmerdes ! T'es là, à me juger ! J'ai pas d'explications à te donner ! Tu me casses les couilles, là ! PUTAIN !

–    Je t'interdis de me parler comme ça, Daniel.

–    Tu m'interdis ? Qu'est-ce que tu veux m'interdir, toi ? T'as rien à m'interdire. T'en as pas le pouvoir. Je fais ce que je veux. Avec toi. Avec qui je veux.


    Je retins les insultes que j'avais aux bords des lèvres. Je n'avais pas envie que l'on se dise des choses si méchantes qu'elles pourraient mener à un point de non-retour. Je ne l'aurai pas supporté.

    Je préférai m'enfuir. Alors que je traversai l'appartement en récupérant ma veste, il me suivit et m'attrapa par le bras :

–    Lâche-moi, tout de suite !

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