7/35 Je m'en fiche [partie 2]

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13 octobre 2017

–    Ah, bah tu t'assoies quand même avec moi, me sourit-il.

–    Sinon je passe pour la méchante, répondis-je provocatrice.

–    Ouais et c'est moi le méchant dans l'histoire, c'est ça ?

    Il me disait cela avec le même sourire aux lèvres.

–    Oui, c'est plutôt ça, dis-je en essayant de garder mon sang froid.

    Le serveur vint prendre nos commandes, ce qui combla une conversation que je n'avais pas envie de mener. Mais cet intermède fut de courte durée. Et mon cappuccino fumant devant moi, je sentais son regard fixé sur mon front baissé.

    Tout à coup, il dit :

–    Tu m'en veux ?

–    T'en vouloir ? répondis-je en fronçant les sourcils.

–    Ce que tu as dit dans le taxi.

    Merde. Voilà quelque chose dont je n'avais pas envie de reparler. N'avais-je pas été assez claire tout à l'heure ?

–    Hum... Tu n'as jamais été très sympa avec moi.

    J'essayai d'arrondir les angles. Il y avait encore trente minutes à attendre.

–    Désolé que tu penses qu'on puisse pas être amis.

    Là, je fus abasourdie.

–    C'est une blague ? ris-je presque. Tu m'as assez fait comprendre à quel point tu ne m'appréciais pas ! Je sais très bien que je ne fais pas partie des gens qui t'intéressent. Je ne suis pas assez cool ou branchée pour toi. Ne t'inquiète pas, je suis au courant !

–    C'est faux.

–    Parce que tu m'apprécies ? Drôle de façon de me le montrer, je trouve !

–    J'ai pas toujours été con avec toi, se défendit-il.

–    Non, c'est vrai. Il y a même eu des jours où j'avais l'impression qu'on s'entendait bien. Mais j'ai arrêté d'espérer depuis un moment.

–    C'est dommage, dit-il la tête baissée vers sa tasse presque vide.

–    Quoi ? Parce qu'aujourd'hui tu ne me déteste plus ? Tu as encore changé d'avis ? C'est facile je trouve.

–    Arrête...

–    Un jour tu es sympa, l'autre tu m'insultes, ensuite tu m'ignores. Et aujourd'hui, on devrait blaguer c'est ça ? T'en as quelque chose à faire de ce que moi je pense peut-être ? J'en ai pas l'impression. Tu t'en fous de moi. Tu t'en fous des autres. Il n'y a que ta personne qui compte. À chaque fois !

–    ARRÊTE !


    Il avait presque crié ces mots. Mais alors que je croyais lire de la colère sur son visage, je fus déboussolée par ses yeux qui me suppliaient autant que sa voix cassée. Et l'espace d'un instant, je me tus. Jamais je n'aurais cru pouvoir prendre l'ascendant sur lui. Je ne sus quel mot avait été le bon, mais j'avais touché un point sensible.

    Sur son visage, plus aucune trace de sa confiance arrogante. Ne restait qu'une mine coupable et des sourcils froncés qui semblaient retenir une faiblesse. Je sentis alors qu'il en faudrait peu pour assouvir ma vengeance, celle qui lui ferait comprendre le mal qu'il avait pu me faire dans toutes ses remarques désobligeantes. Pourtant, alors que j'étais prête à lui dire qu'il n'était qu'un « connard prétentieux qui pouvait aller se faire foutre, lui et son d'égo de merde », je me retins.

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