15/35 Sens dessus-dessous

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11 mars 2018

– Oh merde, m'exclamai-je en courant me fondre dans le lit. Je viens de croiser ma coloc...

– Et ? marmonna-t-il en remontant mon haut pour m'embrasser le ventre.

– On n'a pas du tout été discrets cette nuit ! m'alarmai-je.

Après une fête arrosée où nous nous étions amusés à nous lancer des oeillades pleines de désir, nous étions rentrés précipitamment chez moi vers une heure du matin. Persuadée que ma colocataire dormait chez sa copine, je m'étais prise dans un jeu de séduction inédit et n'avais ménagé aucun effort sonore pour exprimer mes envies, le partenaire de mes méfaits n'étant pas en reste.

– Elle nous a entendus, c'est sûr, me lamentai-je.

– Surtout toi, dit-il en me mordillant la peau du ventre.

– T'étais pas vraiment silencieux non plus !

Il rit contre ma peau et installa sa tête sur mes jambes croisées. Sa main glissa sous mon t-shirt. Il me dit en fronçant les sourcils :

– On s'en fout, nan ?

– J'ai tellement honte...

Je fis tomber ma tête entre les mains. Il rit de plus belle.

– Elle a peut-être rien entendu et dormi toute la nuit !

– On aurait réveillé un mort...

– Pas faux ! s'esclaffa-t-il. Elle t'a fait une remarque ?

– Non. On s'est juste croisées dans le couloir. Mais elle va peut-être m'en parler plus tard. Pitié non, ce serait encore pire !

– T'auras qu'à dire que c'était les voisins ! renchérit-il en haussant des épaules. Vos murs sont en carton, on entend tout. C'est carrément crédible !

– Mh. En fait, je ne veux pas savoir...

– Ça pique ma curiosité, maintenant. Faut lui demander, décida-t-il.

– Oh non, hors de question ! m'offusquai-je.

– Bon. J'ai pas le choix. Je le ferai alors, soupira-t-il.

– Tu n'oseras pas !

– On parie ? me nargua-t-il.

– D'accord !

– On parie quoi ? Je veux gagner quelque chose de bien !

– Pf, ok. Qu'est-ce que tu veux ?

– Je serai simple. Un orgasme. Je te laisse le choix de la méthode, me répondit-il tout sourire.

– Original...

– C'est mon choix, pas de critique ! Quel est le tien ?

– Laisse-moi réfléchir. Je ne sais pas...

– J'ai une idée moi, susurra-t-il en s'approchant de mon oreille, tu vois ce que j'ai fait hier avec ma main... Et puis tu m'as demandé de-

– Oui, c'est bon, je vois, le coupai-je en riant.

– Alors ? demanda-t-il en plantant ses yeux verts dans les miens.

– Très bien, pari tenu, conclus-je. Mais je suis sûre que tu n'oseras pas.


Et pourtant, il avait osé. Alors qu'Aurore s'était, elle aussi, retrouvée au salon pendant que nous buvions un café, il s'était exclamé feignant un énervement contraint : – Putain, Aurore, toi aussi t'as entendu les voisins, cette nuit ? C'était insupportable ! Son air était tellement convaincu, son regard tellement déterminé, sa voix tellement certaine, qu'Aurore ne put douter que si elle avait entendu quelque chose, c'était les bruits de la chambre de l'appartement d'à-côté. 

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