26/35 Insomnies [partie 2]

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15 février 2019


 Le réveil fut difficile lorsque mon téléphone retentit. J'étais seule dans le lit, bien sûr. Et j'étais seule dans l'appartement quand je l'arpentai à sa recherche.

Il m'avait laissé un mot sur la table de la cuisine : « Parti courir ! ». J'espérai au moins qu'il avait dormi quelques heures et qu'il n'était pas sorti l'estomac vide comme à son habitude.

Lorsque je quittai l'appartement une heure plus tard, il n'était toujours pas rentré.


Nous n'avions pas échangé de la journée, mais je décidai de retourner chez lui ce soir-là plutôt que chez moi. Rares étaient les fois où je rentrais à mon appartement dernièrement. Même lorsqu'il était en déplacement, il m'avait confié qu'il aimait me savoir chez lui plutôt que dans ma colocation à l'autre bout de la ville. En plus, cela m'économisait du temps de trajet pour aller dans le 19ème.

Je sonnais trois coups secs à l'interphone lorsque j'entrai dans l'immeuble, ce petit code entre nous, et montai directement au troisième étage. D'habitude, la porte m'attendait entrouverte, cette fois-ci elle était fermée. J'entrai dans l'appartement sombre, il n'y avait personne, et il semblait dans le même état que lorsque je l'avais quitté ce matin. Avait-il passé toute la journée dehors ?

Je lui téléphonai, pas de réponses. Inquiète, je me coulai sous une douche chaude pour me changer les idées. Il était vingt-deux heures et je n'avais toujours pas de nouvelles. Distraite, je me préparai à manger et m'installai dans le canapé devant une série que je regardai d'un oeil.


C'est le claquement de la porte d'entrée qui me réveilla. Il était plus d'une heure du matin. Soulagée, je ne le fus pas longtemps quand je vis Daniel débarquer dans le salon. Il semblait surexcité, son casque de musique sur les oreilles, et se mit à esquisser des pas de danse chancelants en arrivant.

Hello, pretty girl! s'exclama-t-il en se plantant devant moi.

Comme je ne réagissais pas, il ferma l'écran de l'ordinateur sur la table basse et s'enthousiasma à transférer sa musique sur les enceintes de l'appartement. Un rap brutal éclata. Il monta encore le son. Il se pencha vers moi en trébuchant sur la table pour venir m'embrasser.

– Putain, Daniel, t'es complètement ivre ! m'exclamai-je me le repoussant.

Il ne répondit pas, mais se mit à rire en s'étalant sur le canapé, m'écrasant de son corps et voulant me prendre dans ses bras. Je m'esquivai encore :

– T'étais où ? Je t'ai appelé quinze fois !

Oh, calm down girl! Je suis juste sorti boire un verre !

– Un verre ?

– Ou deux, pouffa-t-il.

– Avec qui ?

– Des gens ! Des gens géniaux ! Tu les adorerais !

Il vint se coller à moi, passa sa tête sur mon ventre qu'il tentait d'entourer maladroitement de ses bras, me demandant un câlin. Je me détachai et me relevai.

– Je n'ai franchement pas envie là !

– Quoi, tu vas me faire une crise de jalousie ? répondit-il en me lorgnant la tête à l'envers dans le vide, sur le rebord du canapé.

– Je ne te fais pas une crise de jalousie, mais tu as disparu ce matin sans un mot après le silence d'hier et tu reviens complètement bourré en me réclamant de l'affection ! Tu ne trouves pas ça un peu abusé ?

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