25/35 Pantalon ou Jean ? [partie 2]

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21 Décembre 2018

Six mois plus tard, ce jour semblait arriver. Mes parents avaient décidé de monter à Paris pour un week-end. Je redescendais avec eux pour aller fêter Noël dans le sud-ouest.

    Ma mère avait tant insisté pour rencontrer mon petit-ami avec qui je passais tant de temps que j'avais cédé. Quand j'avais parlé de la rencontre officielle à Daniel, il m'avait fixé, dubitatif :

–    Je suis pas vraiment le gendre idéal, tu sais. Je suis plutôt le genre de gars qu'aucun parent n'aimerait pour leur fille.

–    Arrête de dire des bêtises !

–    Mh, faisons le point : j'ai pas le bac, j'ai un boulot instable que je peux perdre du jour au lendemain si je suis plus à la mode, j'ai une réputation sulfureuse, j'ai mauvais caractère, je bois trop, je sors trop, je fume trop, je prends trop facilement des drogues, je suis loin d'être gentil et serviable, ... Ah oui, et je suis borderline aussi.

–    Mais tu as une très bonne conscience de toi, répondis-je ne pouvant m'empêcher de rire.

    Il se renfrogna. Je me rapprochai de lui et passai mes bras autour de son cou en lui disant qu'on s'en foutait de tout ça. Il grogna sans conviction.

–    Juste un dîner, deux petites heures et promis si tu ne te sens pas à l'aise, on trouve une excuse et on s'éclipse. On pourrait aller au resto qu'on aime bien en bas de la rue ?

–    Mh...

–    S'il te plaît, j'ai déjà dit oui à ma mère. Sinon elle va se vexer.

–    Je n'ai pas vraiment le choix quoi !

–    Pas vraiment, dis-je en embrassant son cou pour l'amadouer. Et puis tu es si gentil et serviable, tu ne peux pas refuser !


–    Dan, on bouge dans trente minutes !

    Il vint se planter devant moi dans le salon où je l'attendais patiemment et me dit sérieux, toujours en caleçon :

–    J'ai rien à me mettre.

–    C'est une blague ? soupirai-je sans relever les yeux de mon téléphone sur lequel je pianotai tranquillement.

–    Mais pas du tout, putain ! J'ai vraiment rien à me mettre pour ce soir !

–    Pourquoi tu ne gardes pas ce que tu portais aujourd'hui ?

–    Mais je vais pas me pointer en jean rose délavé devant tes parents !

–    Et pourquoi pas ? Il te va bien ce jean, Dan !

–    Tu comprends pas...

–    Qu'est-ce que je ne comprends pas ?

–    Ah, putain, tu comprends pas, tu comprends vraiment pas ! Putain ! marmonna-t-il en s'agitant devant moi.

    Je l'examinai alors et je vis que sa détresse était réelle. Il se passait frénétiquement la main dans les cheveux en se dévisageant dans le miroir qui était au-dessus du canapé où je me tenais. Il fronçait les sourcils sur son profil.

    Je délaissai mon téléphone et me levai pour lui attraper la main qui tirait de plus en plus fort ses boucles brunes vers l'arrière.

–    Ok, viens avec moi. On va choisir ensemble, Dan, d'accord ?

    Je lui pris le bras pour le faire retourner dans la chambre quand je compris que j'avais minimisé son angoisse tout à l'heure.

    Du lit mal refait au sol de la chambre s'étalait déjà la moitié de sa garde-robe. Lorsque je passai les portes du dressing, le spectacle était le même. Derrière moi, il attrapait les fringues qui traînaient et les balançait plus loin, comme cherchant quelque chose qui n'existait pas.

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