12/35 Fausses idées [partie 2]

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15 Janvier 2018


 Si les démarches pour les réparations de mon appartement commençaient à prendre forme, Daniel, lui, n'avait donné aucun signe de vie. D'après les explications de Tomas, cela paraissait logique, c'était à moi de faire le premier pas. Pourtant en avais-je envie ?

Sa réaction m'avait blessée. Plus encore, les mots de Tomas m'avaient effrayée. Que Daniel soit excessif, j'en avais conscience. Mais que cela soit réellement maladif, j'en avais peur. Déjà si peu téméraire, que cela pouvait-il donner si c'était à moi de porter l'assurance et la confiance ? Avais-je vraiment envie de m'embarquer là-dedans ? Notre début de relation était déjà si laborieux.

Malgré la douceur de certains moments passés ensemble où le simple contact de sa main frôlant la mienne me faisait perdre pied, j'avais des doutes, peut-être trop. Après la discussion avec Julie, j'avais mis cela sur le début maladroit d'une relation qui prenait du temps à se mettre en place, parce que l'environnement n'était pas idéal. Comme elle me l'avait si bien fait remarquer : il avait une vie hors-normes ! Comment faisait-on pour sortir avec quelqu'un qui menait cette vie-là ?

Mais Tomas m'avait fait comprendre que cela n'avait pas seulement à voir avec son statut.

Que c'était lui. Sa personne.

Je repensais à son regard fuyant, à cette façon de se détourner de moi ou à ses paroles désintéressées parfois méchantes.

J'avais stupidement fait mes petites recherches sur internet et avais été alarmée par ce que l'on pouvait décrire de son trouble de la personnalité : changements d'humeurs rapides, impulsivité, hypersensibilité, peur de l'abandon, colères excessives, tendances anxieuses, suicidaires, ...

Étais-je en capacité d'endurer cela ?


Pendant plusieurs jours, je mis ces questions de côté pour me concentrer sur l'état général de mon appartement. Rien n'était simple.

Les travaux de réparations devaient commencer mais, déjà, l'entreprise contactée par notre propriétaire, prenait du retard et n'était pas encore venue constater les dégâts.

Nous avions perdu une bonne partie de nos affaires, les canapés, rideaux et autres coussins étaient incrustés de suie et nos plantes avaient toutes rendus l'âme. Même si une société de nettoyage avait été mandatée pour remettre en état le logement, les résultats furent mitigé. Nous passâmes des soirées entières après les cours à nettoyer avec vigueur les meubles, objets, livres, photos ou cadres que nous pouvions sauver.

Je pus compter sur l'attention de mes amis qui nous donnèrent chacun de quoi nous recomposer un appartement digne de ce nom, de la vaisselle, un petit fauteuil, un grille-pain ou une lampe. Mais nous étions bien conscientes que la remise en état définitive prendrait plusieurs semaines et que nous nous ne pourrions retourner dans notre appartement avant la fin de février.

Je continuai de dormir sur le canapé de Tomas qui me répétait que je ne le dérangeais pas, au contraire. Mais je me sentais tiraillée entre l'envie de retrouver mon chez-moi remis à neuf, la douceur d'avoir la compagnie d'un ami pour raconter mes malheurs, et la culpabilité de ne pas oser contacter le frère de ce dernier à qui je ne pouvais m'empêcher de penser tous les jours.


Aujourd'hui mercredi, je savais qu'il était rentré chez lui après deux semaines de déplacement. Je décidai de lui envoyer un message hypocrite pour lui dire que j'avais toujours ses clés. Qu'attendais-je comme réponse ?

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