18/35 N'y rien comprendre

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12 mai 2018


–    Sarah, putain, mais tu vas me lâcher ! C'est bon, j'me casse !

    Il se dégagea rapidement de la chaise sur laquelle il était assis. Il attrapa son sac et s'éloigna sans un mot de la terrasse où nous étions. J'étais sur le point de prendre sa suite quand Tomas intervint :

–    Sarah, laisse-le...

    Je voulus répondre. Je me ravisai quand je croisai son regard ferme. Je sentis qu'il avait raison. Je me rassis et le silence se fit.

–    C'est souvent comme ça en ce moment ?

–    Un peu...

–    De quoi vous parlez ? demanda Julie.

    Nous l'ignorâmes.

–    Il t'en parle ? continua Tomas vers moi.

    Je niai de la tête.

–    Tu as remarqué un changement ?

–    J'en sais rien.

–    Dites, vous pouvez développer ? renchérit Julie insistante.

–    Julie, laisse tomber s'il te plait, m'exclamai-je. Ça te concerne pas !

–    Quoi ? Le fait que Daniel ait des troubles de la personnalité ou le fait que vous ne vouliez pas en parler devant moi ?


    Interloqués, Tomas et moi nous tournâmes d'un même mouvement vers elle. Le vent soufflait fort et je remis mes cheveux derrière mon oreille en frissonnant.

–    Me regardez pas comme ça, les gars... Je suis quand même sur le point de devenir psychologue.

–    Comment tu l'as compris ? demanda Tomas.

–    Impulsif, colérique, instable, euphorique,... Ça va au delà de la simple excentricité qu'il dégage aux premiers abords. On passe beaucoup de temps ensemble en ce moment. J'avais déjà des doutes, mais c'est devenu évident ces deux derniers mois, continua-t-elle sûre d'elle.

–    Souvent les gens associent ça à son statut et au milieu qu'il fréquente.

–    Ce n'est pas parce que je suis quelqu'un qui parle de sujets légers avec vous que je n'analyse pas les gens, hein ! soupira Julie faussement vexée.

    Tomas la poussa en lui murmurant un petit désolé qu'elle accepta d'un haussement d'épaules. Elle reprit en se penchant sur la table :

–    Ça fait longtemps qu'il a déclaré des troubles ?

    À mon grand étonnement, Tomas décida de répondre. Malgré une conversation incertaine que nous avions eu un jour sur son canapé, le sujet n'avait plus été abordé entre nous. J'avais senti Tomas tellement réticent à me parler des troubles de son frère que je n'avais pas osé, par la suite, lui poser les questions qui me démangeaient pourtant.

–    Il a jamais été un gamin comme les autres. Mais ça a démarré à ses douze ans véritablement. Il a commencé à faire d'énormes crises d'angoisse, à devenir très irritable sans raison et à se replier énormément sur lui-même... On pensait bêtement que c'était la crise d'adolescence qui débutait. Et puis cela concordait avec le début des problèmes entre nos parents. On s'est dit que ça passerait. Mais non...

–    Ça s'est empiré ?

–    Ouais, très fortement.

–    Jusqu'à ?

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