Chapitre 11

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~Carlos~
 
 
C'est la première fois que je hais autant les vacances. J'ai toujours apprécié cette période durant ces dix dernières années, j'aimais le fait de me couper l'espace de quelques jours avec le monde du football. Ça permet de se ressourcer, se redonner l'envie quand elle nous a quittée, et la niaque.

Lorsque mon oncle était en vie, j'y allais avec plaisir, je n'attendais pas le 24 pour me rendre à la maison familiale. Maintenant, je le fais. Moins je passe de temps entre ces murs, mieux, je me porte. Je revois ma famille seulement pendant les périodes de fêtes et les rares vacances que j'ai, même si mes parents habitent dans la même ville que la mienne, je ne leur rends quasiment jamais visite sans raison. Je ne supporte pas leur vision des choses, la vision qu'ils ont de moi, ni eux, ni ma famille tout entière, à vrai dire. Ils ne connaissent qu'une image, pas le Carlos que je suis réellement.

Je roule patiemment dans ma voiture, le chauffage à fond.. Il est dix-huit heures, je suis presque arrivé. Plus que cinq minutes et je devrais être celui que je ne suis pas.

Je repense à ma dernière nuit chez Lando, c'était complètement différent des soirées qu'on avait passées tous les deux en tant qu'amis seulement.

Bon sang, j'ai du mal à réaliser qu'il est gay !

Je m'imaginais tellement devoir l'observer et seulement le caresser du regard, le toucher et pouvoir l'embrasser  — et plus évidemment et HEUREUSEMENT ! —  c'est juste un miracle.

Il est aussi doué que moi pour cacher ce qu'il ne veut pas qu'on sache, et franchement, sans cette soirée, jamais je n'aurais pu goûter au plaisir de son corps, et de la baise avec lui. Ç'aurait été regrettable, et je ne regrette rien. Pire, je veux plus maintenant que je sais que je le peux. Lando me plaît, beaucoup, trop même, et c'est là où est le danger. Mais je n'y pense pas. Je pense à autre chose, à nos retrouvailles par exemple. J'espère qu'elles seront comme notre dernière nuit... Je crois que je suis déjà accro et c'est pas bon, mais comment ne pas l'être ?

Lando est... super. Je me mets à bander en pensant à nos étreintes et ce n'est vraiment pas le moment.

Je refoule vite ces pensées en garant ma voiture derrière celle de mon père, je coupe le contact, enfile mon bonnet et sors récupérer mon sac, avant de la fermer. Je dévisage le lieu où j'ai grandi, la maison n'a pas changé, elle est toujours en ville, dans un quartier de familles riches. Je marche jusqu'à arriver sous le perron.

Je n'aime pas me retrouver ici, ça me rappelle une adolescence douloureuse, où je devais me cacher, cacher ce que je suis. Mes parents ignorent tout de mon homosexualité, et c'est mieux ainsi.

Je pose mon sac devant la porte. Il y a des guirlandes de Noël de partout et il neige. Je croise des passants dans la rue qui me saluent en me reconnaissant. Poli, je leur réponds d'un signe de la main.

J'inspire, et appuie sur la sonnette. J'ai vu la voiture de mes parents, je sais qu'ils sont là, et qu'ils m'attendent. Des bruits de pas résonnent, la porte s'ouvre et mon père m'accueille le sourire aux lèvres.
 
—  Carlos, mon fils ! Comment va le ballon ?
 
Bon sang ! Ça fait trente secondes que j'ai vu mon père et je n'en peux déjà plus, il ramène tout automatiquement au foot. Un père normal m'aurait demandé comment j'allais, moi.
 
—  Ça va.
 
Il me serre dans ses bras, nous échangeons une étreinte très masculine.

Mon père, Carlos Sainz Senior, est un grand homme d'une cinquantaine d'années, immigré espagnol, patron d'une banque, fidèle supporter du club de Manchester, il porte un bouc et ses cheveux sont grisonnants. C'est un « homme, un vrai », un qui fait des clins d'œil très suggestifs lorsqu'il trouve une femme à son goût, il regarde le sport à la télé, avec une bière à la main, et plus jeune, il allait « casser du gay » le samedi soir avec sa bande de copains. Jeune adulte, il était une icône chez les femmes avant de rencontrer ma mère, de tomber amoureux, et de se calmer pour rentrer dans le droit chemin et fonder une famille typiquement anglaise.
 
—  Il a l'air malade ton « ça va ». Oh un peu de nerfs, fiston !
 
Le paternel Sainz me claque avec force l'épaule. J'entre dans la maison, la chaleur m'envahit et c'est le pied. Dehors, il fait un froid de canard.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant