Chapitre 44

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~Carlos~
 
 
Lando...

Je fixe le vide, assis dans mon salon, ma sœur face à moi qui m'explique ce qu'elle a fait dernièrement. J'ai du mal à l'écouter faire son bilan, même s'il s'avère être plutôt positif, j'ai l'esprit ailleurs.

Lando ne quitte pas mes pensées depuis plusieurs jours, depuis mon entrevue avec les dirigeants. Si avant, il avait toujours sa place, dernièrement, il « s'étale ». C'est comme si mon subconscient voulait me rappeler que c'était au tour de mon amant, que notre séparation était le prochain problème à affronter. C'est le prochain, c'est à son tour. Si j'ai réussi peu à peu à tout sauvegarder dans ma vie, Lando reste à mes yeux, le plus important.

J'ai, certes, joué toute une carrière en avouant être gay, j'ai perdu ma famille, mais je ne pourrais pas perdre la personne qui me fait me sentir entier. Parce que c'est avec lui que je me vois faire ma vie, pas avec mes parents, et non plus avec nos supporters, mais lui. Je me demande pourquoi je n'ai pas couru chez lui. J'hésite, je réfléchis, peut-être trop, peut-être pas assez, j'en sais rien, à vrai dire... Et s'il était trop tard ? Qu'est-ce que je ferais ? Je ne rencontrerai pas un second Lando Norris, c'est impossible, le premier m'ayant volé mon cœur, je ne pourrais pas tomber aussi raide dingue d'un autre.

Me voilà, poète ! Pas de doute, je suis en manque, de tout, de son tout. Même son corps n'a pas été suffisant, peut-être que notre dernière étreinte aurait dû, au final, me faire comprendre qu'on n'a seulement su se faire du mal, et peu de bien, mais j'y crois, j'y crois tellement que c'en est douloureux de rester sur ce fauteuil, à réfléchir aux actes que je devrais accomplir.

Qu'est-ce que je fous encore ici ? Je ne devrais pas me lever et courir chez lui comme j'ai su si bien le faire, lorsque mon paternel m'a méchamment explosé le visage. Je sais pourquoi je ne fais rien en fin de compte, c'est parce que je flippe...

On ne s'en sortira jamais à ce rythme. Je ne lui ai même pas donné de nouvelles !
 
—  Carlos, tu m'écoutes ?
 
La voix de Blanca me sort de mes pensées, j'arrête de fixer le vide pour me concentrer sur elle. Elle est assise en tailleur sur le sol, elle a quitté sa fameuse tenue d'agent pour une plus décontractée, ses cheveux bruns sont attachés en queue de cheval. Ma sœur est vraiment belle, même si par sa faute ma table basse ressemble à son bureau, Blanca y a étalé tous les dossiers me concernant. Elle bosse comme une malade, et je ne prends même pas la peine de l'écouter. Navré, je passe une main mal à l'aise dans mes cheveux.
 
—  Désolé, je me suis perdu quelques instants.
 
Ma sœur me sourit, elle pose la feuille qu'elle tenait dans sa main tout en souriant.
 
—  Tu es perdu tout court, mon pauvre.
 
Sur ce point-là, elle a raison. Je suis complètement perdu c'est le cas de le dire ! Je me mets à rire, bêtement. Putain, pourquoi on n'a pas créé de mode d'emploi sur comment gérer mes problèmes ? Ç'aurait était largement plus simple. Je hausse les épaules en guise de réponse.
 
—  Tu veux que je revienne plus tard ? me demande Blanca.

—  Non, reste, je vais me montrer plus attentif, excuse-moi.
 
Blanca fronce les sourcils, je sais très bien qu'elle reviendra si je lui demandais de s'en aller. Ma sœur m'est fidèle comparé à d'autres membres de ma famille.
 
—  Sûr ?
 
—  Certain.
 
—  D'accord.

Blanca reprend un paquet de feuilles, elle les lit rapidement en silence avant de m'expliquer.

Comme je te disais, comme on a vu lors de notre réunion avec les dirigeants, le club te renouvelle ton contrat pour trois ans, et dans ses trois ans, tu entreras dans l'âge des débuts de départ en retraite, mais... j'ai réussi à négocier, trente-sept, trente-huit si tu continues à être en aussi bonne santé, Champion. De plus, tu conserves ton brassard de capitaine, ce qui est une bonne nouvelle, mais n'oublies pas que tu dois trouver un remplaçant sur le terrain, pour la fin de la saison.
 
Je souris à ma sœur. Avec toutes ces merdes qui me sont tombées dessus, j'en avais oublié le cap des trente ans. Si prendre de l'âge ne me dérange nullement, dans une carrière de sportif professionnel, ça annonce une fin de carrière.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant