The Hidden Face [Carlando]

Chapitre 4

~Lando~
 
 
Entrer dans une nouvelle équipe, c'est comme trouver sa place au sein d'une famille. Il faut savoir conjuguer avec tous les membres sans toutefois s'oublier soi-même.

Je n'ai jamais eu de mal à trouver ma place, que ce soit dans ma propre famille ou dans une équipe. Je suis quelqu'un de sociable et tant qu'on ne vient pas m'emmerder, il n'y a pas de soucis. Mais malheureusement, dans chaque équipe comme dans chaque famille, il y a cette personne, celle qui est obligée de se montrer, d'attirer l'attention sur elle et le plus souvent justement en foutant la merde.

Un coup d'œil à ma nouvelle équipe et je sais déjà qui est cette personne : Esteban.

Je n'aime pas le regard qu'il a sur moi alors que le coach fait les présentations, il a peur pour sa pseudo-gloire. Mon père m'a toujours appris à me méfier des gens qui ont peur. C'est d'eux que vient le courage. Faire des choses dangereuses sans peur, ce n'est pas du courage, c'est de les faire malgré l'horreur qu'elles nous font ressentir, qui est courageux. Mais lui, je doute qu'il soit courageux, il serait plutôt du genre à faire ses coups par-derrière.

Je détourne le regard du petit con qui va me servir de coéquipier et me concentre sur le reste de l'équipe. À chaque nom que le coach prononce, une main se lève, un sourire se dessine sur leurs lèvres, dans l'ensemble ils ont l'air sympa.

Il y en a deux, trois que je connais de réputation, mais aucun avec qui j'ai déjà joué.
 
—  Et notre capitaine, Carlos Sainz.
 
Je me tourne vers le capitaine qui se lève et me tends une main que je serre. Lui, je le connais. C'est celui dont mon père a le maillot encadré dans le salon, celui qui aurait dû être moi. Je devrais ressentir une certaine animosité envers lui, mais ce n'est pas le cas. Ses yeux n'inspirent que respect et bonté en plus d'être un joueur talentueux. Finalement, je devrais carrément le détester pour toutes ces qualités.

Impossible, quand il me sourit, de lui en vouloir. Soudain, je comprends toutes ces filles qui lui tombent dans les bras. Il faudrait être de marbre pour ne pas fondre.
 
—  Bienvenue, Lando.
 
—  Merci.
 
Carlos relâche ma main après un petit signe de tête et retourne s'installer sur le banc.
 
—  Bon, on se retrouve sur le terrain.
 
Le coach sort après avoir claqué virilement mon épaule et à mon tour, je gagne ma partie du vestiaire, à gauche entre un certain Sergio qui a tout du méxicain en plus de son prénom et le numéro 33, Max, qui lui, doit être néerlandais au vu de son accent quand il s'excuse pour me laisser de la place.

Je regarde mon maillot, il est rouge sang.

Je ne vais pas être trop aveuglé par la couleur, mon ancien maillot était rouge, les rayures noires en plus. Je porte le numéro 4, depuis toujours c'est mon numéro et par chance, on me l'a toujours accordé.

Je pose mon sac et commence à me déshabiller, je suis, contrairement aux autres, assez ordonné avec mes affaires et pour moi, chaque chose a une place. Je ne fais pas attention aux blagues pourries qui résonnent.

Parfois, être dans un vestiaire de footballeurs, c'est un peu comme être à la maternelle, la maîtresse en moins. On prend souvent les sportifs pour des crétins sans cervelle. Certains le sont, il ne faut pas se leurrer, mais pas tous. J'ai rencontré un mec à Milan avec qui je suis sorti quelques fois, Mario, qui ne connaissait rien au foot, ce qui m'arrangeait. Lorsque je lui ai dit mon métier, il a ri et m'a dit : « Ce n'est pas grave, c'est ton corps qui m'intéresse, pas ton cerveau. »

J'ai ri avec lui, je ne cherche pas à contredire les cons, à quoi bon, il pouvait bien penser de moi ce qu'il voulait. Je sais ce que je suis. Pas un crétin, c'est certain. On croit que mon métier consiste à mettre un ballon dans une cage, mais avant que ce ballon n'atteigne ce but, il faut un minimum de stratégie, celle de l'instant parce qu'il faut tenir compte de tellement de paramétres qu'un expert en probabilité en perdrait son latin.