Chapitre 28

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~Lando~


L'arbitre siffle enfin la fin du match, cette dernière mi-temps m'a paru interminable. Je ne prends pas le temps d'être fairplay en saluant les adversaires et cours en direction de C. On a perdu, après Carlos, l'équipe a beau essayer de rester concentrée, c'est dur. Pour ma part, c'est impossible. Je revois sans cesse son visage crispé par la douleur, lui qui paraît indestructible quand il est sur le terrain, le voir à terre et souffrir suffit à me rendre dingue. J'ai imaginé le pire durant toute la fin du match et maintenant, j'attends de C qu'il me rassure.

Je m'approche du coach en enlevant mon maillot collant de sueur, il parle avec le coach adverse et je n'attends pas qu'il finisse, j'ai besoin de savoir maintenant.

- Alors ? je demande.

C relève la tête vers moi et me fusille du regard avant que l'entraîneur des Blues s'en aille vers ses joueurs.

- Au vestiaire, Lando, je vais faire l'annonce pour tout le monde.

Il allait se retourner et je saisis son bras pour qu'il reste. J'ai besoin de savoir maintenant, pas dans dix minutes, non maintenant. Je suis à bout de nerfs.

- Dites-moi si c'est grave.

C soupire et se dégage de ma prise, il n'est pas en colère contre moi, mais juste étonné.

- Oui.

Rien de plus et il s'en va au vestiaire. Je reste comme un con sur la pelouse à encaisser ça. Au fond, je le savais, Carlos n'est pas du genre douillet ou à simuler. La douleur qu'il ressentait était forcément mauvais signe. Et merde, tiens ! Il n'était pas dans le match, il n'était pas prêt pour jouer. Il avait la tête du mec qui a passé ces cinq jours de suspension à faire la fête. Ce qu'il n'a pas démenti du reste. Bordel, je m'étais préparé à le voir, à ce qu'on doive jouer ensemble et communiquer, mais pas à ça. Ses yeux encore injectés de sang et les remarques débiles de ses copains sur le nombre de femmes qu'il s'est envoyées. Sa présence à côté de moi, sentir son corps proche et de savoir qu'il a passé son temps sur leurs corps à elles, me dégoûte. J'avais envie non pas de le prendre dans mes bras, mais de le secouer et de lui faire comprendre qu'il se détruit pour une image qu'il n'aime pas. Il se bousille la santé et sur le terrain, il le paye. Carlos fait n'importe quoi.

J'entre dans le tunnel et cours en direction des vestiaires où tout le monde est présent. Je n'attends pas les explications de C, je suis en colère. En ce moment, c'est une constante stable et sécurisante chez moi.

- C'est de votre faute ! je crie après Sebastian et Fernando qui de dos se retournent vers moi au milieu du vestiaire où le calme règne à présent.

- Pardon ? me demande Fernando en s'avançant les mains sur les hanches.

- Vous le faites sortir, boire et regardez ce que ça donne sur le terrain ! Il s'est blessé à cause de vous !

- Va te faire foutre, Lando ! lance Sebastian en s'approchant à son tour.

La colère bout en moi, c'est leur faute et ils sont trop cons pour le comprendre.

- Toi, va te faire foutre ! Si vous êtes trop cons pour voir que Carlos fait ça juste pour se convaincre de...

Je m'arrête à temps en voyant le regard surpris de Fernando sur moi. Je dois me calmer avant de dire des conneries qui ne feraient que plus de mal à Carlos.

- Se convaincre de quoi ? demande Esteban qui n'a pas perdu une miette de ce que je viens de dire.

J'inspire et retourne à ma place, les affaires de Carlos sont encore là, à côté des miennes.

- Qu'il n'est pas aussi con que toi, dis-je pour clore le débat alors que C entre dans les vestiaires.

J'essaye de me calmer la tête penchée en avant.

Je n'écoute pas ce que le coach raconte et je sens le regard de Fernando sur moi. Je relève la tête et croise ses yeux qui me fusillent, mais je ne sais pas si c'est parce que je m'en suis pris à lui ou pour ce que j'ai dit.

C finit son speech que je n'ai pas écouté et je fonce à la douche. Les autres ne viendront pas, même s'ils ont été plutôt discrets depuis que je suis revenu, ils ne m'intègrent plus à l'équipe en dehors du terrain. C nous a pris à part Sebastian, Esteban et moi, Carlos n'était pas encore arrivé. Je pensais qu'il allait me signaler mon transfert en Alaska, mais non, l'équipe reste telle quelle, à nous de nous conduire en êtres civilisés. Pour Sebastian, j'imagine que c'est possible, mais Esteban, c'est une autre histoire. Il n'est pas franc et ne le sera jamais, ses coups, il les fera en douce, mais pour le moment je m'en fous.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant