Chapitre 45

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~Lando~

 
Je me laisse tomber sur Carlos complètement inerte et encore pris dans les limbes du plaisir que je viens de ressentir. J'inspire dans le cou de Carlos et tente de me redresser, conscient que je dois l'écraser mais il me retient en me serrant contre lui. Son corps est en sueur comme le mien. J'y suis allé fort, je n'avais pas cette intention, bien que j'en avais besoin autant que lui. Je voulais aller doucement, lui faire comprendre que ce n'est pas que du sexe même si je ne l'ai pas dit. Mais l'entendre me dire de le prendre fort, a achevé le peu de retenue que j'avais. Son corps me rend toujours dingue, j'ai du mal à maîtriser ce que je ressens quand je suis avec lui, mais là, on en avait besoin tous les deux, de sentir qu'on est là à présent l'un pour l'autre, enfin.

Je tente à nouveau de me dégager mais Carlos en décide autrement et nous fait basculer pour qu'il se retrouve sur moi. Je le vois tressaillir quand mon corps sort du sien.
 
—  Je t'ai fait mal ? je demande, confus.
 
Carlos sourit et m'embrasse doucement, il s'en fout apparemment, mais moi non.
 
—  Carlos...
 
Sa bouche quitte la mienne et ses yeux se posent sur les miens, ce vert m'avait manqué, ses yeux comblés m'avaient manqué.
 
—  Non, ça va.
 
Carlos perd son sourire quand ma main frôle son visage. Je devrais être heureux, il est là, il m'a dit les choses que je rêvais d'entendre et pourtant quelque chose me retient. La peur de souffrir encore, que tout ça ne dure pas. Mes yeux quittent les siens où je vois trop de questions, questions auxquels je n'ai pas de réponse dans l'immédiat, parce que tout ça est bien trop confus et inattendu. Je souris en plongeant ma main dans ses cheveux en désordre.
 
—  Quoi ? me demande Carlos, amusé.
 
—  Tes cheveux, j'aime bien les voir comme ça.
 
—  C'est de ta faute, dit-il en essayant de maîtriser le foutoir que sont ses cheveux.
 
Je le fais basculer à nouveau sous moi et retiens ses mains au-dessus de sa tête pour qu'il laisse ses cheveux tranquilles.
 
—  Justement, dis-je en retrouvant son regard. Ça me rappelle à quel point tu te sers bien de ta bouche.
 
Je relâche Carlos qui essaye à nouveau de m'attirer contre lui et me lève.

—  À la douche, Champion !
 
Carlos me suit dans la salle de bain, je fais couler l'eau et attend qu'elle chauffe. Carlos s'approche de moi et m'enlace avant que je ne le sente se tendre. Je me retourne vers lui, ses bras tombent le long de son corps et son regard est perdu sur la commode où il y a du maquillage et d'autres trucs féminins dont je ne veux pas connaître l'utilité. Carlos a l'air d'imaginer tout et n'importe quoi et l'espace d'un instant, j'hésite entre le rassurer et le laisser croire. C'est cruel, mais quand je pense à lui avec cette fille au centre, j'ai envie de vengeance, qu'il ressente l'espace de quelques secondes ce que j'ai enduré.
 
—  Gina, dis-je tout de même devant son air énervé. Elle a débarqué, ce matin et bon, tu la connais elle prend de la place.
 
Carlos soupire, soulagé et amusé.
 
—  C'est pour ça que tu ne voulais pas le faire dans le salon.

J'acquiesce et aussi parce que je le voulais dans mon lit. Carlos me pousse dans la douche, rassuré que ce ne soit que ma cousine. L'eau chaude se déverse sur nous pour rincer les restes de ce qui s'est passé. J'ai du mal à regarder Carlos, pourtant je sens son regard sur moi, je sais qu'il attend que je lui parle, mais je n'y arrive pas. Je m'énerve tout seul, à être incapable de lui dire ces paroles que j'ai voulu prononcer plus d'un millier de fois. J'attrape le gel douche et en verse dans ma main avant de l'appliquer sur le corps de Carlos. Il est parfait. Mon attention est totalement accaparée par mes mains sur lui, ses muscles qui se dessinent sous mes doigts. Je m'absorbe de son corps, son torse et son tatouage que la mousse finit par recouvrir. Carlos ne dit rien et se laisse faire, sa respiration devient plus rapide quand je passe sur le V de son bas ventre sans aller plus bas. Il est excité et pourtant, il prend mes mains dans les siennes et arrête mes gestes. Je relève les yeux sur lui.
 
—  Parle-moi, Lando.
 
J'aimerais avoir des certitudes tout en sachant que c'est impossible et que lui faire confiance est tout ce que je peux faire pour le moment. Mais je n'y arrive pas.
 
—  Lando, dit-il, ses yeux incertains. On n'avancera jamais si...
 
—  Je te veux toi, entièrement, je le coupe en laissant mon cœur parler sans aucune barrière. Je ne veux pas me contenter de ce qu'on avait avant, je veux pouvoir être sûr que tu seras là demain si rien ne va et je veux avoir confiance en toi.
 
Je déglutis difficilement et baisse les yeux sur ma main dans celle de Carlos qu'il serre avant de reprendre.
 
—  Je veux pouvoir dire que j'ai quelqu'un dans ma vie et que c'est toi, je ne veux plus me cacher. Je sais que, maintenant, plus rien ne nous retient alors je veux ce que tout le monde a : le droit d'avoir une relation normale avec le mec que j'aime.
 
Je m'approche de lui et prends son visage dans mes mains.
 
—  C'est ce que je veux, Carlos. Savoir que si j'en ai envie, je peux t'embrasser à t'en couper le souffle en pleine rue, parce que rien ne me retient de le faire, je veux qu'on sache que Carlos Sainz est à moi... Carlos, j'ai besoin de ça, de savoir que tu m'appartiens et pas que...
 
Je soupire en secouant la tête avant de relâcher Carlos, quand je prends conscience de ce que je ressens vraiment pour lui. Je l'aime, mais j'ai un besoin viscéral qu'il me montre qu'il est à moi et que rien ne viendra changer ça. J'ai besoin qu'il le montre au monde entier et je sais que je ne peux pas exiger ça maintenant. Bordel ! Je deviens pathétique, juste parce que j'ai peur de le voir partir ou que pour une raison ou une autre : ses parents, l'équipe, son poste ou sa putain d'image ne me l'enlèvent encore. Je ne me relèverai pas, cette fois.

Carlos ne dit rien et me laisse le temps de finir.
 
—  Je sais que tout est de ma faute. Si je t'avais parlé, on ne serait pas là, aujourd'hui, mais toi, tu m'as laissé.
 
Je lève les yeux sur lui, à nouveau, j'y vois la douleur, je sais que je lui fais mal à lui rabâcher ses erreurs, mais il faut qu'il comprenne comme j'ai eu mal sans lui.
 
—  Les choses ont changé et nous aussi, mais...
 
—  Mais tu n'as pas confiance en moi !
 
Je ne dis rien et Carlos s'énerve. Pourtant, il devrait comprendre que ce n'est pas si facile que ça, même lui s'est rendu compte de ce qu'il a fait.
 
—  Lando, je sais que ça va prendre du temps pour que tu croies en moi, mais tout ce que je t'ai dit, c'est ce que je ressens et ce que je veux. Mais je serais patient et je te montrerai que le Carlos que tu as connu a disparu.
 
Carlos s'approche de moi et pose ses mains sur ma taille, son regard devient plus ombrageux, comment j'ai fait pour me passer de ça ? De son regard sur moi, de cette envie qu'il a de moi qui me fait tout oublier.
 
—  Je t'aime, Lando et c'est tout ce qui compte pour le moment, le reste viendra.
 
 
***
 
 
Carlos cuisine pendant que je passe en revue ses disques. Je ne sais pas ce qu'il prépare, mais ça sent bon. On est partis de chez moi avant que ma cousine ne rentre de chez mes parents et vienne chambouler le faible équilibre qu'on essaye d'installer.

C'est étrange de se retrouver là, avec lui. J'ai l'impression que ça fait un siècle que je n'ai pas mis les pieds chez lui et pourtant rien n'a changé. C'est rassurant et déroutant, parce que Carlos a changé lui, mais son univers reste pareil, son appart' et aussi sa place dans l'équipe. Je suis content qu'il ne parte pas. Manchester, c'est sa maison, sa famille, à présent qu'il n'a plus ses parents dans sa vie et un autre changement aurait été de trop. Je ne sais pas si je vais rester, Milan n'a encore rien dit et mon contrat me lie à eux pour encore un an, mais je suis sûr qu'ils se feront un plaisir de me laisser à Manchester sans exiger une somme astronomique. Un pédé dans leur équipe, jamais ! Et je ne les regretterai pas, je ne les ai jamais regrettés, ils m'ont bien assez pourri la vie comme ça. Mais ce qui s'est passé à Milan m'a permis d'être là avec Carlos alors c'est un mal pour un bien considérable. Tous nos choix, parfois stupide nous ont conduit là, ensemble, et sous notre vrai jour.

On est libres, pourtant, rien ne sera vraiment comme avant. C'était une bulle où on était que tous les deux, et les problèmes ne la brisaient pas, parce que cette bulle ne tenait qu'à ça : à l'absence de problème. Si elle a éclaté, c'était que la limite de notre relation était atteinte. On a voulu se voiler la face, penser que ça avancerait avec nous, mais les sentiments ont pris le dessus avec des problèmes de plus en plus ingérables. Maintenant, tout ça est derrière nous, mais certains problèmes seront là : l'équipe, les supporters et même le staff. Coucher avec son coéquipier sera sûrement une première pour eux. Et il faudra faire avec, avancer ensemble en essayant de résoudre toutes ces questions en équipe.

Je souris en caressant du bout des doigts les piles de disques. On arrive parfaitement à former une équipe sur le terrain, mais dans notre vie personnelle, on est minables. On s'aime, c'est certain, mais apparemment, ça ne suffit pas pour faire confiance. Carlos n'avait pas confiance en moi, il y a quelques mois et je ne lui ai pas donné tort. Maintenant, c'est moi qui ai du mal à être rassuré avec lui. Il a raison, le temps arrivera à me montrer que mon amant a décidé d'être heureux et de l'être avec moi. Je l'espère, mais une voix en moi me dit de ne pas lâcher prise, de rester sur mes gardes tout en sachant que c'est déjà trop tard, il m'a complètement et ça depuis longtemps, peut-être depuis que j'ai serré sa main dans ce vestiaire et que j'ai croisé son regard pour la première fois.
 
—  À quoi tu penses ? me demande Carlos en me surprenant tellement j'étais perdu dans mes rêveries.
 
Je me retourne vers lui, ses yeux cherchent encore des réponses dans les miens. Même s'il sourit, je sais qu'il inquiet, il ne pourra jamais rien me cacher.
 
—  Que je suis foutu, je réponds, sérieusement.
 
Carlos sourit encore plus et me pousse pour prendre un disque dans l'étagère avant d'aller le mettre sur le tourne-disque. Le bruit caractéristique du saphir qui grince sur le vinyle retentit avant qu'une voix ne s'élève dans la pièce. Une que je connais bien, ma mère est assez fan d'Etta James et cette chanson a souvent résonné chez mes parents. Il revient vers moi, ses yeux brillent tellement que c'en est indécent, d'être heureux comme ça. Il prend mon visage entre ses mains me regarde comme si j'étais parti depuis des années et que je venais de revenir, avant de poser ses lèvres sur les miennes.

Il clame son bonheur d'avoir retrouvé son amour alors que le baiser de Carlos est doux, tendre, complètement à l'inverse de tous ceux qu'on a pu échanger aujourd'hui. Avant, ils étaient débordants de passion et de désir là, c'est son cœur qui m'embrasse pour me montrer qu'il est là, enfin.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant