Chapitre 46

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~Carlos~
 
  
Je regarde fixement l'heure sur le tableau de bord, ça faisait un long moment que je ne m'étais pas senti aussi stressé. Enfin si, la dernière fois remonte à pas si longtemps que ça, le jour où je suis discrètement venu au centre pour ma rééducation et que j'ai croisé le Président du club. Sauf que tout est différent. Rencontrer des membres du staff, de la direction, c'est une chose, revoir mes coéquipiers que je n'ai pas vus depuis un bail, c'en est une autre.

J'ai eu des contacts avec Fernando, Sebastian, Sergio et ceux qui m'ont toujours été proche, mais jamais de confrontation face à face, je n'étais pas prêt. Le suis-je maintenant ? J'en doute, mais ce n'est pas en reculant cet événement que ça ira mieux, surtout depuis que Lando m'a raconté ce qui se passait au sein de l'équipe. Il n'y a plus vraiment de problèmes en ce qui concerne l'homosexualité de Lando. Apparemment, ils ont pour la plupart été sur le cul de la nouvelle que j'ai sortie.

Ce qui me gêne le plus, c'est le manque de motivation concernant le championnat, on risque gros. Leurs trois derniers matchs ont été une catastrophe, et je me doute de ce qui doit se passer à l'entraînement ; ça ne doit pas être facile du tout.

Je jette un coup d'œil à Lando, il conduit calmement mais je sens qu'il est tendu. Il sait que je vais parler à l'équipe, une vraie conversation, pas un truc bidon. Je vais être aussi sincère que lorsque j'ai sonné chez lui, il y a plusieurs jours de cela. Il faut vraiment qu'on mette tout à plat pour repartir sur de bonnes bases, sinon on est foutus, et je refuse qu'on en arrive là.
 
—  Arrête de taper du pied, Carlos.
 
—  Désolé.
 
—  Ça va bien se passer.
 
—  T'es sûr ?

Lando s'engage dans la rue qui mène au stade. J'ai prévenu C que je viendrai aujourd'hui, et il a accepté de me lever le temps que je souhaitais pour parler à mes coéquipiers.
 
—  J'en suis certain. Tu sais très bien qu'ils ne parlent que de toi, et qu'ils t'attendent. Fais-leur confiance.
 
Je sais, mais c'est dur. Quand je vois comment ils ont réagi pour Lando... Mais, je sais que c'est différent pour moi. Même si au final, c'est sur le même « sujet ». Comment vont-ils réagir face à mes explications ? Je me le demande...

Nous arrivons devant le portail du centre, je remarque qu'il y a davantage de monde que la dernière fois où je suis venu. Scott reconnaît la voiture de Lando et lui ouvre rapidement. Nous entrons, et cherchons une place pour nous garer. Je constate que nous sommes les derniers.
 
—  Je suis en retard par ta faute, t'es chiant, tu sais ? Je vais me faire engueuler par ta faute, Champion !
 
Je souris, j'étais certain qu'il dirait ça, même s'il ne pense pas un mot. Les vingt minutes qu'on a perdu ce matin valaient largement le coup de se mettre en retard. J'ai besoin de ça, de me prouver un peu chaque jour que ce qu'il se passe est bien réel, qu'on est repartis sur de bonnes bases, tous les deux.

L'autre matin, il s'est réveillé avant moi, lorsque j'ai fait pareil, et que j'ai constaté son... absence, j'ai eu la plus grosse peur de toute ma vie. C'est ce jour-là aussi que j'ai remarqué son tatouage, sur son poignet, cette date que j'ai tout de suite comprise. Je n'ai rien dit à Lando, mais je pense qu'il sait que je sais. Je n'ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie.

Mon amant coupe le moteur et se détache. Il s'apprête à sortir mais je le retiens.
 
—  Oui ?
 
—  Merci d'être celui que tu es.
 
Lando fronce les sourcils avant de comprendre pourquoi je lui dis ça. Il m'embrasse, tirant sur mes cheveux, je vais lui couper les mains, j'ai de plus en plus de mal à dompter mes cheveux à force. Que dalle, j'aime trop ses mains ! Je suis un homme perdu.
 
—  Allez, viens, ne les faisons pas attendre plus.
 
Je soupire en m'écartant de lui, je n'en avais pas envie. Je n'en ai pas envie depuis plusieurs jours. J'ai peur qu'il m'échappe. Nous sortons de sa voiture, Lando va chercher ses affaires, le ciel est gris. À mon avis, il va pleuvoir. En silence, nous marchons côte à côte, et sans réfléchir et parce que je le peux, à présent, je prends sa main dans la mienne. Lando s'arrête de marcher, il ne me lâche pas pour autant.
 
—  T'es sûr ?
 
Je hoche la tête, certain.
 
—  Ça commence par là, Lando. TOUT, on a dit, et ça, c'est tout. Maintenant que je peux le faire, je le fais.
 
Lando est surpris, je le vois dans son regard, mais il n'ajoute rien. Nous reprenons chemin en direction de l'entrée du centre comme si de rien n'était, et je ne cache pas que le sentir si proche me rassure comme jamais.
 
 
***
 
 
Deux minutes que tout le monde se dévisage. Personne n'ose dire quoi que ce soit ni parler en premier. Nous sommes arrivés, il y a dix minutes. Le coach a parlé un peu, j'ai bien vu l'étonnement de mes coéquipiers lorsqu'ils m'ont vu. Je sais qu'ils ont compris que nous allions parler. Je suis assis au centre du vestiaire sur un tabouret, eux tous autour, Lando compris. Un silence de mort occupe les lieux.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant