The Hidden Face [Carlando]

Epilogue

~Carlos~

 
 ~2024 ~ Trois ans plus tard~
 
 
Les cris provenant du stade résonnent à mes oreilles comme le son d'un tambour. Ça va être le feu ce soir, une soirée de fête dans toute la ville. La saison 2023-2024 se termine enfin, après des mois de « bataille » acharnés avec les Gunners et les Citizens pour obtenir la première place. Un derby¹ pour ce « final », les deux équipes de Manchester qui s'affrontent. Tout le monde sait d'avance qui soulèvera la coupe, on a plus de six points d'avance sur eux et quel que soit le score final, nous serons à nouveau les champions cette année.

Mais ça va être LE match !

Ce fut une saison extraordinaire et dans tous les sens du terme. Si la précédente avait été difficile sur de nombreux points — comme tester ses joueurs gays, en couple, champions et célèbres pour savoir s'ils sont à la hauteur pour porter les couleurs de la ville  — celle-ci est la confirmation que les Red Evils ont encore de beaux moments à vivre en compétition, même si l'équipe « abrite » deux joueurs homosexuels et en couple sur leur pelouse. Les mentalités ont mis une saison entière à changer : celle de mon retour de blessure. Je revenais sur une pelouse changée, avec un public changé, et je ne savais pas à quoi m'attendre. Bien sûr, nous avions gagné le championnat de cette année-là, cette dure année 2020-2021 fut celle du changement. C'est tout un public qui a changé, toute une vision des choses et des personnes qui représentent leur pays, dans un sport collectif à haut niveau. Ce sont des personnages publics et célèbres qui ont avoué être gays. Des idoles d'un monde fermé et très macho, qui ont fait bouger les choses en s'assumant ouvertement.

Le premier match de mon retour, je tremblais tellement que j'ai cru ne jamais pouvoir entrer sur le terrain pour jouer. J'appréhendais le regard des supporters, les cris, les insultes. Je sais qu'il y a toujours des mécontents, des personnes homophobes. Mais à ma grande surprise, ce jour-là, c'est un stade silencieux qui nous a accueillis sur la pelouse. Pas d'insultes, rien, ou presque pas. Un public presque éteint qui était présent seulement pour voir si cette nouvelle saison — avec tous ses changements —  leur conviendrait. Si j'ai cru avoir été complètement à côté de la plaque sur les mois qui venaient de s'écouler et sur ce qui s'était produit durant ce même laps de temps, pendant les soixante-quinze premières minutes de jeu. À ma sortie, après trois buts, dont un de Lando, de moi et du jeune nouveau  — et plus si nouveau que ça —  Yuki, le remplaçant d'Esteban. C'est un gamin de vingt ans, il est simple, voire timide, humble et sympa, une perle rare en plus d'être un bon joueur.

Le bruit assourdissant des sifflements et les applaudissements de joie à ma sortie de la pelouse m'ont confirmé une chose : on avait fait nos preuves, on allait devoir continuer durant toute la saison, mais on avait réussi à capter l'attention d'un public un peu paumé. On ne les a pas déçus depuis, et les mentalités ont changé. Certains supporters n'arrivent toujours pas à croire que je sois gay, des tonnes de nanas non plus. Certains restent cons. Beaucoup de personnes sont amusées de voir ce duo étrange que nous formons Lando et moi. On ne se cache pas, et je pense que ça aide.

Si au départ, j'ai mis du temps à comprendre que plus rien ne m'était interdit  — bon d'accord, les expositions à un début d'étreinte sur un parking ça, ça ne le fait pas trop —  je n'ai plus hésité et Lando non plus, à se comporter comme n'importe quelle personne en aimant une autre. Bien sûr, on n'est pas le genre à s'afficher comme beaucoup de footballeurs le font avec leurs mannequins de femmes, on ne fait pas exprès de s'embrasser devant une horde de journalistes. On vit comme tout le monde, et si l'envie me prend de lui tenir la main, ou de lui voler un baiser en pleine rue, je le fais, et Lando aussi.

Quand j'y repense, je me demande comment j'ai pu me passer de tout ça. De cette liberté d'être celui qu'on est, sans se soucier de ce que pensent les autres. C'est trop bon, encore plus de vivre tout ça aux côtés de Lando.