~Carlos~
L'entrée est encore bloquée.Je patiente, je suis plutôt du genre très patient avec eux. Après tout, c'est grâce à leur soutien que je suis là où j'en suis, je n'ai pas à faire le difficile.
Je souris, en voyant Scott, le gardien du centre qui tente d'écarter la foule pour que je puisse accéder au parking, mais la vingtaine de supporters lui rend la tâche plus difficile. J'avance doucement, en donnant de légers coups sur l'accélérateur de ma Maserati. Il ne manquerait plus que j'écrase un gosse.
Je jette un œil à l'horloge sur le tableau de bord. Dix heures moins vingt, je suis en retard. Mais qui ne l'est pas ? On ne commence jamais l'entraînement à l'heure de toute façon. Et puis, étant donné la place que j'occupe, mis à part une petite réflexion, je n'aurai pas droit à un gros sermon, ça ne servirait à rien, je continuerai à être en retard. C'est un fait. J'ai du mal avec les horaires.
Je suis un peu lessivé. La nuit a été courte, j'aurais dû dormir davantage, j'étais... un peu occupé. Mais ça, personne n'a à savoir pourquoi.
Dix minutes plus tard, j'accède enfin au parking du club. Je me gare au bout, à côté de la Porche grise et neuve d'Esteban. Je vois qu'il a profité de la prime de début de saison. Qu'est-ce qu'il peut en jeter du fric par les fenêtres, c'est impressionnant.
Je coupe le moteur, éteins la radio, saisis ma sacoche et glisse mes lunettes de soleil sur le nez. C'est idiot. J'ai l'air d'un idiot, comme les trois quarts de notre équipe, surtout qu'en Angleterre, le soleil ce n'est pas notre principale marque de fabrique. Mais ça « donne un genre » alors puisque l'image compte plus que tout dans mon milieu, je me donne un « genre ». Et quel genre ! Un grand brun, les yeux marrons – qu'on ne voit pas à travers les verres teintés, logique – le teint naturellement bronzé des méditérranéens, au look « jeune sportif qui a du goût et qui ne met pratiquement jamais de survêtement ». J'ai abandonné les casquettes il y a six mois, lorsque j'ai commencé à faire mon « relevé de cheveux ». J'ai dû lancer une mode chez les fans, car je croise beaucoup de jeunes qui ont la même coupe. Non, franchement, si je devais me reconvertir, je tenterais la coiffure, j'aurais un avenir, c'est certain !
Je sors de la voiture, sourire aux lèvres, sous les cris des fans. Scott, à l'entrée, tente d'ouvrir à nouveau le portail pour laisser entrer un autre retardataire, qui lui, se fera forcément engueuler. Je prends mon temps en allant chercher mon sac de sport. Il commence à faire frais en ce mois d'octobre. J'enfile ma veste à capuche, et mes affaires sur l'épaule avant de fermer la voiture et me diriger vers le grillage.
Je garde mon sourire « photographie » en arrivant devant les supporters. On est lundi, il n'y a pas foule, je peux me permettre de prendre un quart d'heure supplémentaire.
Je connais beaucoup de mecs qui sont présents presque tous les jours au centre d'entraînement. Ce sont des fidèles depuis des années, la plupart m'ont vu évolué, ils sont mes premiers fans.
C'est important de prendre du temps pour eux, parce que sans leur soutien et leur adoration, je ne serais pas Carlos Sainz, image du club de Manchester depuis plus de dix ans. Ma tête est partout, tout le monde me connaît, je participe à de nombreuses actions dans le pays. Je ne passe plus inaperçu dans la rue depuis longtemps.
— Sainz !
— Carlos ! Un autographe !
Je saisis à travers le grillage un maillot de Manchester à mon nom qu'on me tend, je porte le numéro 55. Comme toujours, j'ai ce petit truc au cœur lorsque je le vois. Je suis fier de ce que j'ai réussi à faire.
— À quel nom ? je demande au type qui m'a tendu son maillot.
J'entends une ou deux filles pousser un long soupir. Ça m'amuse de les voir toutes porter mon maillot, je sais qu'elles n'en ont rien à faire du football, qu'elles doivent à peine comprendre les règles et font juste ça pour plaire, à moi, ou au voisin de classe. C'est mignon, ça m'amuse, ça rapporte au club, et le principal est que tout le monde y trouve son compte.
— Pour Brian.
J'étale le maillot sur mon avant-bras et signe au dos, sur le 55, là où l'autographe ressortira le mieux. Je viens de faire un heureux.
— Merci ! Super match, samedi, au fait.
— Merci.
Je leur fais un signe de la tête. Ouais, samedi, c'était un super match, une victoire à l'extérieur contre les Scousers¹, trois points, trois buts, dont un du pied gauche, je suis content. On est deuxième dans le classement, c'est parfait.
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The Hidden Face [Carlando]
FanfictionCarlos Sainz est un joueur de football très célèbre en Angleterre. Il est aimé, adulé. C'est une star dans son club. Au sommet de sa carrière et dans un milieu où l'image compte plus que son talent, il cache son homosexualité aux yeux de tous. S'il...