The Hidden Face [Carlando]

Chapitre 33

~Carlos~
 
 
~Trois semaines plus tard~
 
 
Je dévisage d'un regard mauvais la pièce d'auscultation, tout est blanc, aseptisé, j'en ai la nausée, tant j'ai la boule au ventre. J'attends le médecin qui n'a pas l'air pressé de venir me rendre les résultats. J'ai l'impression que les quatre murs blancs se rapprochent, le stress me rend parano, je flippe d'entendre la triste vérité.

Je suis à l'hôpital depuis deux bonnes heures. Après un mois passé avec un plâtre et des putains de béquilles, le moment tant attendu est enfin arrivé, on m'a retiré cette horreur. Le problème étant que je m'étais préparé à pouvoir bouger comme avant sans rien ressentir, puisque plus de trente jours ont passé depuis ma chute.

Ce que je n'avais pas prévu, et qui m'a déjà mis une claque, c'est la douleur que j'ai ressentie lorsqu'on m'a manipulé. Ce pincement au niveau des articulations, des os, et ces décharges électriques au niveau des tendons. Au fond de moi, j'espère que cette gêne est due au temps de repos imposé à ma jambe, qu'elle a dû s'engourdir.

Je soupire, je suis tellement à cran que j'épie chaque réaction des médecins. Ces derniers sont loin d'être de grands bavards, mis à part me demander de remplir des dossiers, ainsi que répondre à leur stupide question comme « Vous n'avez pas mis le pied par terre ? Vous en êtes bien sûr ». J'en serais devenu violent face à cette infirmière qui me prenait pour le mec le plus débile de la terre, non, mais elle a réalisé ce qu'elle me demandait ? Comment est-ce possible de foutre le pied au sol avec un plâtre qui vous empêche de faire quoi que ce soit ?

J'ai eu une batterie d'examens, tous plus chiants et douloureux les uns que les autres, je ne suis pas le genre de mec à avoir mal pour rien. La douleur, je supporte plutôt bien, mais cette maudite jambe m'en fait voir de toutes les couleurs.

Ce que je crains, à présent, c'est qu'on franchisse cette porte pour me dire que je suis out pour de bon, voire même que je dois subir une opération, Lance, celui que Lando remplace, c'est ce qu'il a subi, il a été blessé aux ligaments près du genou, opération, immobilisation, neuf mois minimums sans sport.

Il est sous antidépresseurs, d'après ce que racontent certains membres du staff. Je ne veux pas devenir comme ça, je veux qu'on franchisse cette porte en me disant, c'est encore fragile, mais avec de la rééducation, et en faisant attention, vous pourrez terminer cette saison.

Je ne veux pas être sur la touche, j'ai besoin de jouer, j'ai l'impression de devenir fou, assis sur mon canapé, je me sens inutile. Non, en fait, je veux retourner sur le terrain pour me redonner une raison de me lever le matin, c'est idiot de penser ça, mais je le vis de cette façon. Sans le foot, en n'ayant plus... Lando, je serai...

Je chasse ses idées de mon esprit, même si mon ancien amant me manque, il hante mes pensées, c'est affreux. Notre situation est affreuse, mais on n'a plus le choix. J'ai réfléchi, longuement, à vrai dire. Ce n'est pas le temps qui me manque, j'ai envisagé ce qu'il faudrait faire pour que ces histoires à la con s'arrangent. Ce serait simple ! Je connais l'adresse de son appartement, je n'aurais qu'à m'y rendre, et lui parler, en lui disant que je regrette. Sauf que désormais, faire machine arrière est impossible, si je retourne vers Lando, je serai dans l'obligation de dévoiler aux yeux du monde que je suis homo, et ça...

Bordel, je remarque que mes mains tremblent, je divague totalement lorsque je suis stressé, je me mets à penser à tout, à tout le monde tout en même temps.

Mon portable vibre dans ma poche, ça doit être ma sœur, on est un peu en froid depuis qu'elle a aidé Lando à sortir du placard, je sais, c'est idiot, mais je lui en veux. Je sors mon téléphone et envoie l'appel sur ma boite vocale.

Je n'ai pas envie de parler, même si parler à quelqu'un me ferait le plus grand bien. Je savais que me rendre à mon rendez-vous seul allait me déprimer, mais je ne voulais avoir personne à mes côtés au cas où je devais m'effondrer pour de bon, si les résultats que j'attends ne sont pas concluants.