The Hidden Face [Carlando]

Chapitre 21

~Carlos~
 
 
Voilà, nous y sommes.

Je dévisage Lando à l'autre bout du vestiaire, il n'a pas changé d'attitude, il est ailleurs, et ça même lorsque l'on se retrouve tous les deux à l'abri des regards. Il ne parle pas, ne fait que penser, et son « absence » éveille de l'inquiétude chez tout le monde.

Moi aussi, ça m'inquiète, en plus de m'énerver parce que je sens la merde arriver et ça ne me plaît pas. J'ai hâte qu'on rentre chez nous pour oublier Milan, parce que celui-ci a l'air de vachement perturber mon coéquipier et j'ignore pourquoi.

Je ne suis pas quelqu'un qui demande sans arrêt des explications, loin de là, même lorsqu'il est arrivé et que ma curiosité malsaine voulait savoir pourquoi, je n'ai pas cherché. Aujourd'hui, avec son silence et le regard stressé qu'il lance, je me dis que j'aurais dû.

Gary entre avec le sac des maillots. Le vestiaire est comme d'habitude, un bourdonnement de cris, de rires et de blagues salaces.

Ce sera comme ça jusqu'à ce que le coach entre nous donner les dernières directives. On est déjà allé s'entraîner, l'ambiance du stade est chaude, les supporters italiens encore plus, j'ai vu dans la tribune visiteurs que quelques « fidèles » nous ont suivis, j'espère qu'on va gagner, pour eux et puis pour ces putains de dirigeants qui ont encore mis un coup de pression sur C.

On a parlé tous les deux, ce matin, je lui ai dit que je refusais qu'on discute de ça avec les gars. Je refuse de les mettre au courant, on se met assez la pression nous, pour nos carrières et nos exploits personnels pour se rajouter celle de mecs en costume cravate, qui désirent pomper plus de fric. Mais en faisant ça, c'est moi qui ai tout sur le dos, ça me rend nerveux et à cran. Surtout lorsque je les vois faire. Ils se foutent de tout, trop sûrs d'eux depuis le tirage au sort de la Ligue et qu'on a découvert notre poule. De plus, la première place leur monte à la tête, avec huit points d'avance sur le deuxième, tout le monde se pense à l'abri, mais trois matchs, ça se perd facilement.

J'ai rapidement expliqué ma soirée au club à Lando, il n'a rien dit, il s'est juste contenté de hocher la tête, et le voir lui aussi inerte à tout et perdu dans ses pensées m'énerve.

Je n'ai toujours pas digéré ma discussion avec Sebastian, je l'ai de travers ses reproches, leurs reproches à tous. Si ça ne tenait qu'à moi et parce que tout nous tombe dessus, je rêverais de me tirer loin pour souffler.
 
—  Tiens, Carlos !
 
J'attrape le maillot qu'on me lance.
 
—  Merci.
 
À côté de moi, j'entends Sebastian se racler la gorge. Depuis notre altercation, il tente de me parler, mais je l'évite. Je n'ai pas envie d'entendre de nouveaux reproches.

Fernando aussi tente depuis ce matin d'engager la conversation, tout comme Max et Sergio, ils n'ont pas compris que leurs pensées m'ont profondément déçu. Et qu'il va me falloir quelques jours pour les encaisser.

Je finis d'enfiler ma tenue de match, tout en tentant d'ignorer volontairement les tentatives de mon coéquipier.

C entre, il est en costume cravate, ça ne lui ressemble pas tellement, il déteste ça même. Mais vu qu'on passe à la télé dans plusieurs pays d'Europe, sur la chaîne principale et qu'on joue les derniers matchs de Ligue des Champions, il faut sauver les « apparences ». De plus, si on gagne, on va attaquer les choses sérieuses, les quarts, les demis et si on reste au top, on a toutes nos chances, face aux monstres que sont les équipes espagnoles.

J'écoute attentivement ce que nous dit le coach, les tactiques qu'on a étudiées avant de partir, l'attaque et le rôle offensif qu'on va jouer. Pas de surprises, le duo que je partage avec Lando sera à l'honneur, ce soir, C a l'air ravi de pouvoir montrer aux anciens dirigeants du club milanais ce qu'ils ont « perdu » en leur « donnant » Lando en début de saison. Parce que oui, mon coéquipier, a du ballon et ensemble  — ça, c'est très prétentieux —  on marche très bien, et ça tous ceux qui nous suivent, le savent.