~Carlos~
— Non, mais putain, Blanca ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ?
Je foudroie du regard ma sœur, elle est assise sur mon canapé, je me suis levé pour prendre deux bières, après nous être disputés durant dix minutes sur le fait que si elle se levait elle, je passais pour un assisté.En sautillant, je la rejoins, je suis très énervé après ma sœur. Je n'en reviens pas de ce qu'elle a osé faire dans mon dos, sans m'en parler. Il s'agit de...
De que dalle, maintenant, parce que Lando n'est plus à moi.
Blanca prend sa bière en soupirant, elle retire ses talons aiguilles et pose ses pieds sur la table basse.
— Carlos, je sais ce que je fais.
Je manque d'avaler de travers. Bordel, non, elle ne sait pas ce qu'elle fait ! Ni Lando ! Qu'est-ce qu'il lui a pris, bon sang !
— Tu l'as mis dans la merde en l'aidant à sortir du placard.
Ma sœur se met à rire, amèrement. Elle boit à son tour avant de poser la bouteille sur la table en verre. Blanca a fait exprès de filtrer mes appels depuis trois jours, comme si elle voulait me punir. Mais putain, elle imagine comment je l'ai pris lorsque je les ai vus à la télé ?Que j'ai entendu mon amant — ex-amant, merde — révélé à la presse des plus grands journaux sportifs qu'il était... gay.
— Tu n'as pas à me dire ce que j'ai à faire, je l'ai fait pour aider Lando.Son regard devient méchant.
— Parce que lui en a assez de faire croire à tout le monde qu'il est quelqu'un qu'il n'est pas en réalité.
Ça, c'est dit.Je vois très bien où elle veut en venir. Ça fait des années qu'elle me répète de sortir du placard pour être enfin heureux, qu'elle ne me lâchera pas, et sera mon soutien. J'ai confiance en Blanca, je suis certain après ce qu'elle vient de faire pour Lando, qu'en étant son frère, elle ne me laissera pas. Mais je ne peux pas, j'y ai pensé, les premiers jours après ma séparation avec Lando, je me disais que je perdais gros, je perdais le seul mec dont j'étais fou amoureux pour un sport !
Je sacrifiais mon bonheur, pour une carrière qui s'arrêterait à quarante ans. Puis, mes vieux démons sont ressortis, toutes ces craintes et ces peurs, les mots de mes parents lorsque les actualités parlent des « homos », ces personnes qui sont comme tout le monde en apparence, mais qui d'après, mes parents sont des individus malades.
J'ai longtemps voulu leur demander : Qui a dit qu'aimer un mec quand on est un homme est une maladie ? Qu'est-ce qu'ils trouvent de malsain là-dedans ? Tant qu'il y a de l'amour, il n'y a rien de mal. L'amour, ce n'est pas mal. Tant que deux êtres s'aiment d'un amour inconditionnel, passionnel, foudroyant à s'en torde les tripes, renversant tellement les sentiments sont forts et possessifs, qu'une minute passée sans l'autre est une déchirure, tant on a l'impression de perdre un bout de soi.
On s'en fout de savoir s'ils portent tous deux des slips ou des caleçons ! Qu'est-ce qu'il y a de mal ? Où serait le mal ?
Est-ce ma main dans la sienne quand nous étions l'un à côté de l'autre ? Ses lèvres sur les miennes pour m'exprimer ce qu'il n'arrivait pas à me faire comprendre avec des mots ? Son corps contre mon corps pour n'en former plus qu'un et connaître la joie d'une communion saine et sincère ? C'est ça le mal ? S'aimer, se toucher et montrer à l'autre qu'il nous bouleverse.
C'est ça ? C'est tellement dérangeant de voir le bonheur chez les autres quand nous ne le sommes pas, nous ? C'est tellement dégoûtant pour vous deux hommes heureux ?
Qu'à vos yeux, on ne peut connaître l'amour uniquement si un homme aime une femme, et seulement une femme. Le problème étant que la différence dérange, et alors que nous entendons qu'il faut s'aimer les uns et les autres, on n'aimerait pas son prochain parce qu'il aime un homme et pas une femme ? Elle est où la tolérance, Papá ? Il est où le problème, Mamá ?
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The Hidden Face [Carlando]
FanfictionCarlos Sainz est un joueur de football très célèbre en Angleterre. Il est aimé, adulé. C'est une star dans son club. Au sommet de sa carrière et dans un milieu où l'image compte plus que son talent, il cache son homosexualité aux yeux de tous. S'il...