Chapitre 32

756 38 15
                                    

~Lando~
 
 
Bon sang, ils vont se bouger ?

Impossible d'avancer, même Scott est dépassé par la horde de journalistes. Ils ont campé devant chez moi, espérant plus que ce que j'ai déjà dit, mais ils n'auront rien d'autre, tout a été dit, je ne vois pas ce qu'ils veulent de plus.

Blanca m'avait prévenue, mais je pensais qu'elle exagérait. Je dois reconnaître qu'elle sait de quoi elle parle avec Carlos et ses déboires, mais je ne suis pas le champion. Ma vie n'a rien d'intéressant, je ne sors pas tous les soirs pour ramener une nouvelle femme dans mon lit.

Je serre le volant en attendant que tout le monde se bouge, je déteste être le centre de l'attention, qu'on parle de moi et sûrement qu'on raconte des conneries. Enfin, je me demande ce qu'on pourrait dire de plus, aujourd'hui. Je crois que j'ai explosé le compteur des ragots qu'on pourrait raconter. Au moins, la vérité est dite.

Enfin, Scott réussit à déplacer le troupeau de journalistes et j'entre sur le parking du centre d'entraînement. Je me gare et inspire en fermant les yeux, le plus dur reste à faire. Parler au monde entier n'est rien comparé à ce que va me dire l'équipe. Ils savent, mais ils n'ont pas forcément envie que les autres sachent, surtout certains que je ne vais pas regretter de remettre en place, je le sens.

Pour le club, Blanca a assuré, cette femme est étonnante et paré à toutes les éventualités. Un instant, j'ai pensé qu'elle avait déjà envisagé cette possibilité pour Carlos, mais si elle connaît bien son frère, elle doit savoir que ce jour n'arrivera pas. Toutefois, les dirigeants du club n'ont rien dit, enfin tant que je fais mon boulot et que l'équipe n'en pâtit pas, ça ne les regarde pas. Ils ont quand même rechigné sur l'image du club, l'image familiale, quand j'y repense, ça me fait sourire... L'image encore et toujours, sauver la face.

Pendant la conférence, je n'ai pas parlé de l'équipe justement pour éviter de les impliquer et toutes les questions qui s'y rapportent ont été évincées par Blanca. Elle a aussi promis qu'en cas de transfert abusif, mon avocat serait heureux de plaider la discrimination, ce qui a largement rebuté les dirigeants en pensant à l'argent perdu et à leur foutue image.

Je lâche le volant alors que mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors pour voir encore ma mère qui essaye de m'appeler. Je sais qu'elle s'inquiète sûrement pour moi de savoir comment je vais, mais pour l'instant, je n'ai pas envie d'affronter mon père. Lui ne va sûrement pas bien le prendre.

Je suis sur les nerfs encore, mais je vais bien. Ce n'est pas la déclaration la plus dure que j'ai eu à faire, celle à ma famille a été la plus pesante et celle qui comptait le plus.

Si eux m'avaient rejeté ou jugé, j'aurais eu du mal, peut-être que j'aurais été comme Carlos et que je me serais caché jusqu'à la fin de ma vie. Mais grâce à eux, j'ai compris que je ne devais pas avoir honte de ce que je suis, c'est moi, c'est comme ça et ça ne m'empêche pas de bien jouer. Au contraire, maintenant que le voile est levé, j'irai plus sereinement sur le terrain.

Je me sens libre à présent et rien que pour ça, le jeu en valait la chandelle.

Je sors de ma voiture et enfile mes écouteurs, quand j'entends jusqu'ici les réactions de certains supporters homophobes. Les insultes ne me touchent plus depuis longtemps, même si ça fait toujours quelque chose quand on se fait insulter « d'erreur de la nature », j'ai, depuis que l'équipe sait, appris à encaisser sinon je passerais ma vie à me battre et pour des cons pareils, ça n'en vaut vraiment pas la peine.

Pourtant, il y a quelque temps, ils clamaient mon nom dans le stade, alors que je marquais un but pour l'équipe qu'ils supportent. Les fans croient, à tort, qu'on leur appartient, que notre vie les regarde et que chaque acte que l'ont fait a une conséquence sur la leur. Alors qu'on est juste des hommes qui souhaitent comme eux pouvoir vivre leurs vies comme ils l'entendent.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant