Chapitre 47

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~Lando~
 
 
Je prends une dernière inspiration et frappe à la porte plus durement que j'aurais voulue. Je ne sais pas trop ce que j'espère, Blanca m'a bien dit qu'il n'avait rien à espérer d'eux, mais pour Carlos, je me dois d'essayer. Une fois les choses dites, je ne pourrais pas me reprocher d'avoir essayé. Je serre l'enveloppe dans mes mains, alors que la lourde porte s'ouvre sur la mère de Carlos. Je dévisage la femme tirée à quatre épingles devant moi, les mêmes yeux que Carlos, mais plus froids et hautains qui me jaugent.
 
—  Bonjour, madame Sainz, je suis...
 
—  Je sais qui vous êtes, me coupe-t-elle en croisant ses bras fins sur sa poitrine. Qu'est-ce que vous voulez ?
 
J'inspire et baisse les yeux sur le carton d'invitation auquel je me raccroche, ne sachant pas trop par où commencer.
 
—  Je voulais vous parler de Carlos.
 
Elle soupire, mais je note dans son regard une note d'inquiétude. Ce qui me laisse de l'espoir pour la suite.
 
—  Il va bien, dis-je pour la rassurer. Enfin, aussi bien que possible vu la situation.
 
—  Alors, qu'est-ce que vous voulez ?
 
Si je lui disais clairement ce que je veux, je crois qu'elle me claquerait la porte au nez, sans que je ne puisse finir. Je suis conscient que rien ne s'arrangera grâce à ma démarche, mais si je peux au moins lui faire ouvrir les yeux alors ce sera déjà un pas en avant. C'est une mère, les mères ont cet instinct envers leurs enfants, que parfois, comme celle de Carlos, elles essayent de cacher, mais c'est plus fort qu'elles, elles ont besoin de savoir leurs enfants heureux. Enfin, c'est ce que j'espère, c'est ce que je ressens en voyant ma mère, mais celle de Carlos est probablement différente.
 
—  Carlos ne dit rien, mais je sais qu'au fond, il est malheureux de cette situation entre vous. S'il s'est caché toute sa vie, c'est pour vous, c'est donc que vous êtes importants pour lui et...
 
—  Carlos sait ce qu'il a à faire s'il veut refaire partie de cette famille.
 
Je reste un moment à dévisager la mère de mon amant. Pourquoi s'est-il donné tant de peine pour elle ? Je ne comprends pas, quand je vois avec quel dégoût elle parle de son fils.
 
—  Tout ça, reprend-elle avec un regard de mépris à mon encontre, c'est de votre faute. C'est à cause de vous qu'il est comme ça. Vous devriez avoir honte de ce que vous lui faites faire !
 
Je reste calme et essaye de ne pas répondre aux conneries qu'elle débite, je me suis préparé à ça. À ce que ça soit de ma faute.
 
—  Et vous ? Vous n'avez pas honte de traiter votre propre fils comme un paria ? Carlos s'est démené toute sa vie pour vous faire plaisir, pour être le fils que vous vouliez qu'il soit tout en oubliant d'être heureux. Il l'a fait pour vous, il s'est mis de côté toute sa vie, pour votre amour. Mais ça ne marche pas comme ça, c'est votre fils, vous devriez vouloir son bonheur et tout ce que vous faites, c'est l'enfoncer.
 
J'inspire et refrène mon envie de lui dire cruellement ses quatre vérités alors qu'elle me dévisage outrée que je puisse lui dire ça à elle !
 
—  Posez-vous les bonnes questions, madame Sainz. C'est votre fils, c'est vous et votre dieu qui l'avez fait comme il est. Ne lui demandez pas d'être ce qu'il n'est pas, juste pour vous faire plaisir, parce que c'est lui qui en sera malheureux et ça croyez-moi, ça n'arrivera plus. Mais il reste Carlos, il reste votre fils, il reste le joueur talentueux qu'il est et l'homme bon et loyal qu'il a toujours été. Il n'est pas un meurtrier, un violeur ou un terroriste, il ne fait de mal à personne, il aime juste les hommes. Acceptez-le et vous retrouverez votre fils.
 
Madame Sainz me dévisage les yeux brillants, je ne sais pas si mon discours a eu un impact sur elle, mais il serait temps qu'elle se rende compte qu'elle va juste perdre son fils et je doute que ce soit ce qu'elle veuille.

Je lui tends le carton d'invitation.
 
—  Ce soir, on fête la fin de la saison. Blanca m'a dit qu'habituellement vous veniez. Et ce soir, vous êtes les bienvenus si vous venez pour Carlos, le véritable Carlos, sinon pas la peine de vous déplacer.
 
Elle prend doucement l'enveloppe. Je lui jette un dernier regard rempli du mépris qu'elle m'inspire, parce qu'à cause d'elle et de son mari, Carlos ne sera jamais vraiment comblé. Je la salue et fais demi-tour pour aller m'engouffrer dans ma voiture. Je frappe le volant, c'est tellement inhumain ce genre de comportement que ça m'enrage !

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant