Chapitre 22

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~Lando~
 
 
Qu'est-ce qu'il fout, bordel !

Il va être en retard et sincèrement, ce n'est pas forcément le moment d'en rajouter après ce match. Je serre le volant en soupirant, j'essaye de ne pas regarder l'heure toutes les trente secondes, mais je ne fais que ça.

Carlos n'a pas répondu à mes appels ni à mes SMS et quand je me suis pointé chez lui, il n'a pas ouvert, ou bien, il n'était pas là, je ne sais pas. À vrai dire, je ne sais plus rien du tout mis à part que la situation va de plus en plus mal. Il n'aurait jamais dû intervenir, c'est tout ce que cherchait Gianni et Carlos est rentré dans son jeu. Le coach nous a passé un savon mémorable et je pressens que ce matin, on va y avoir le droit encore une fois, surtout après une défaite.

Je regarde ma montre à nouveau, et toujours pas de Carlos en vue. J'aurais dû lui dire, mais je ne pouvais pas, je ne peux toujours pas. Les mots ne sortent pas. J'ai essayé à l'hôtel quand il est sorti de la salle de bain, mais non, impossible parce que je sais que ce sera fini à la minute où il l'apprendra.

Je connais Carlos, il m'en voudra de ne pas lui avoir dit plus tôt et de l'avoir mis en danger et ça, c'est juste impensable à l'heure actuelle.

Maintenant, il reste à espérer que rien d'autre n'est sorti de la bouche de ce crétin de Gianni. Je savais que les joueurs allaient être au courant et qu'ils allaient m'en faire baver. Et sur le terrain, ils ne se sont pas gênés pour me sortir toutes leurs insultes homophobes.

C'est le genre de chose qui ne m'atteint pas, je ne relève pas, ils n'en valent pas la peine, mais pour Carlos, si. Lui, il n'a pas à subir les attaques d'une bande d'imbéciles.

Je ne sais pas quoi faire avec lui. Je ne l'avais jamais vu comme ça avec cette rage, à tel point qu'il en tremblait. Carlos peut être le plus adorable des hommes, il est patient, mais quand ça part, c'est tout autre chose. Une fureur telle qu'on n'a pas envie qu'elle soit contre nous. Et pour l'instant, elle est contre moi.

La voiture de Carlos fait enfin son entrée sur le parking, en trombe. Carlos se gare alors que j'essaye de décoller mes doigts du volant pour aller le voir. J'ai l'impression que mon corps ne me répond plus, il reste tétanisé à l'idée qu'il pourrait avoir des paroles blessantes ou encore pire, m'ignorer. Carlos descend de sa voiture et je fais pareil, j'attends qu'il entre dans le bâtiment et le suis.
 
—  Carlos !
 
La porte claque derrière moi, le couloir est vide et Carlos s'arrête, mais ne se retourne pas. J'inspire et essaye de puiser le peu de force qu'il me reste après deux nuits sans sommeil, il ne reste rien que les nerfs qui me tiennent éveillés.

Je ne fais que penser à lui, à ce qu'il est en droit d'espérer de moi, tout en sachant que je n'arriverai pas à lui dire, qu'il faut qu'il ait confiance en moi, même si c'est énorme ce que je lui demande, je voudrais juste qu'il oublie ça.

J'avance jusqu'à lui, il se retourne, je sens encore sa colère, même derrière ses lunettes et quand il les enlève, ses yeux me renvoient sa rage comme une rafale de vent qui me frappe en plein visage. J'ai envie de le toucher, il me manque, j'ai l'impression d'être à demi moi quand il n'est pas là.
 
—  J'espère que t'es décidé à me dire la vérité.
 
Sa voix est aussi froide que ses yeux. Je baisse les miens sur son torse recouvert de son blouson en cuir, incapable de prononcer un mot.
 
—  Okay, dit-il avant de se détourner.
 
J'attrape son bras pour qu'il reste, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment faire pour que tout redevienne comme avant ce putain de match.
 
—  Qu'est-ce que tu veux, Lando ?!
 
Il commence à crier avant de se reprendre et de baisser le ton.
 
—  Si tu n'as rien à me dire, je ne vois pas ce qu'on fait là.
 
—  Carlos, écoute, je... Ne fais pas ça, dis-je en soufflant. Ne porte pas attention à des conneries débitées par un connard.
 
Il ricane, sarcastique avant de remettre ses lunettes.
 
—  Ça, c'était avant. Quand j'avais confiance en toi. Maintenant, je veux la vérité et rien d'autre, si tu n'es pas capable de me la dire, c'est peut-être qu'on n'a rien à faire ensemble toi et moi.
 
Je reste comme un con alors qu'il s'en va avec la douleur que je ressens à ses dernières paroles.
 
 
***
 
 
On est dans la salle de vidéo, le coach discute avec le reste du staff, l'équipe n'est pas au top, il y a comme de l'électricité dans l'air parce que chacun sait ce qui va se passer. C va nous faire un sermon bien mérité. Carlos est à deux rangées devant moi sur ma gauche et je n'arrive pas à détourner mes yeux de lui. Ces mots résonnent en moi comme un écho qui ne s'éteint pas. Il ne peut pas faire ça. Je donnerais tout à cet instant pour revenir deux jours en arrière, j'aurais moi-même cassé la gueule de l'autre con et l'aurais fait taire par la même occasion.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant